Caractéristiques
- Titre : Victor Crowley
- Réalisateur(s) : Adam Green
- Avec : Kane Hodder, Parry Shen, Laura Ortiz, Dave Sheridan, Krystal Joy Brown, Felissa Rose
- Distributeur : ArieScope Pictures
- Genre : Horreur, Comédie
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 83 minutes
- Date de sortie : 6 février 2018 (Etats-Unis)
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Un croquemitaine en petite forme
Victor Crowley, ça vous dit quelque chose ? Non ? Alors on ne peut que vous conseiller de découvrir les trois précédents films de la licence, intitulés Butcher 1, 2 et 3. Pourquoi donc ? Parce qu’il s’agit de slashers complètement frappadingues, hantés par un croquemitaine particulièrement réussit, même si peu original, qui donne son nom au film ici critiqué. Véritable montagne de muscles surmontée d’une boule déformée qui lui fait office de visage, cet antagoniste est pensé pour une seule chose : faire des dégâts. Et le plus gore sera le mieux. Mais trêve de blabla : foncez sur les précédents opus, notamment la complètement barge troisième itération, qui oppose au légendaire boucher toute une armada de policiers et de soldats. Dix ans après le premier film, le réalisateur Adam Green, qui s’occupe de la franchise depuis ses débuts, est bien décidé à revenir dans le bayou putride de son vilain protégé. Problème, ce n’est pas vraiment pour le meilleur.
L’histoire de Victor Crowley n’est pas des plus intéressantes. Mais, soyons honnêtes, voilà qui n’est pas spécialement surprenant, ce croquemitaine n’a pas spécialement besoin d’une écriture soignée dans tous les recoins, mais d’une situation efficace, qui puisse le mettre en valeur. Cela ne signifie pas non plus qu’on se fiche des personnages, au contraire même, et Adam Green, qui signe aussi le script, l’a très bien compris. La première partie du film, beaucoup trop longue dans sa mise en place, vise à bien placer les protagonistes, par le biais de séquences comiques qui font parfois mouche. La plupart du temps, tout du moins. C’est surtout l’absence de l’antagoniste, pendant près d’une demie heure, qui nous travaille. On trouve le temps un peu étiré dans cette installation prolixe, ce qui est une première pour la licence.
Après une poignée de premières minutes tout de même prometteuses, tant elles replacent la barbarie du vilain, on découvre un trio qui désire tourner un film à petit budget sur Crowley. Pour ce faire, il leur faut deux choses : la présence d’Andrew, le seul survivant du troisième film et, bien entendu, l’authenticité de la Louisianne. Seulement, le rescapé est bien plus attiré par le million de dollars promis pour tourner une interview, sur les lieux du massacre. Ainsi, il se joint à une équipe de télévision, à bord d’un jet privé. Pendant ce temps, la petite équipe de tournage n’a pas dit son dernier mot, et se rend dans la même région. Tout ce petit monde sera réunit à l’occasion du crash de l’avion, en plein dans le territoire d’un Victor Crowley revenu à la vie grâce à une incantation dénichée sur Youtube…
Beaucoup d’humour, peu d’imagination
Bon, Victor Crowley est mieux écrit que la dernière daube de Xavier Dolan, on est bien d’accord, mais ça ne vole pas très haut non plus. Adam Green se laisse, aussi, un peu trop aller dans l’humour très grassouillet, même si cela provoque des rires coupables. On pensera notamment à la séance de dédicace du livre du survivant Andrew, qui voit des demandes de fans quelque peu gênantes. Mais ce n’est pas sur ce genre de raillerie qu’on attend le film, plutôt sur sa propension à l’inventivité de son croquemitaine. Et là, on est un peu déçu. Une fois l’avion écrasé, on se rend compte que l’action se déroulera dans la carcasse. Une sorte de huis-clos, même si les personnages vont évidemment tenter des échappées, histoire de donner un peu de chair fraiche à l’affreux pas beau. Le monstre fait évidemment preuve d’un impact parfois croquignolesque : les têtes sont explosés, les yeux arrachés à coups de marteau, on a même droit à une sorte d’auto-fist fucking bien gratiné. Seulement, la barre était placée bien plus haut par les précédents opus et, au final, un petit goût de « pas assez » domine.
Victor Crowley étonne tout de même, va un peu là où on ne l’attendait pas. C’est surtout l’apparition d’un petit suspens qui nous surprend : un personnage est coincé au sol, par un siège, pendant que, dans l’épave, le niveau de l’eau monte dangereusement. On sent bien qu’Adam Green, réalisateur des plus angoissants Grace et Frozen, a envie de démontrer d’autres de ses qualités. Elles sont bien réelles, mais un peu hors sujet dans le contexte qui nous intéresse ici. On a donc un peu de mal à savourer ce retour un peu inespéré, et ce même si le casting est globalement bien dans le ton, dans une outrance maitrisée. On ne peut qu’espérer que ce come back en demi-teinte ne sifflera pas la fin de la récréation, en freinant un hypothétique cinquième film.