Caractéristiques
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- PC
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- Nintendo Switch
- Développeur : Polyslash
- Editeur : Polyslash
- Date de sortie : Printemps 2019
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira
Souvent fantasmée, notamment par un Jean-Luc Mélenchon pas très clairvoyant, la Révolution française n’a pas été uniquement un mouvement positif. Après la très soutenable parole du peuple, poussé à bout, celle de ses représentants a occupé tous les débats, et c’est ainsi, en résumant très largement, qu’est née la Terreur. Cette période très sombre n’avait rien à envier, en terme de cruauté, à ce que les populations ont enduré, pendant les années de Monarchie de droit divin. Et c’est justement cette séquence, finalement très méconnue du grand public, qui nous est offerte dans We. The Revolution.
Découvert lors de la Paris Games Week 2018, We. The Revolution est l’oeuvre de Polyslash, studio indépendant situé en Pologne, que nous découvrons à cette occasion. Auparavant, ils ont signé un certain Phantaruk, survival horror qui, d’après les retours, a plutôt partagé les gamers. Rien ne nous poussait à un optimisme prodigieux, et pourtant on a vite compris que le soft ici traité a tout le potentiel pour attirer l’attention de ces joueurs amateurs de jeux d’aventure textuels.
Une écriture qui s’annonce très fine
We. The Revolution nous plonge dans la peau d’un juge, qui doit exercer en pleine Révolution française. Répondons de suite à une question qui peut vous assaillir : non, il ne s’agit pas d’enchaîner les procès, et oui on trouve bel et bien un fil rouge. On n’en dira pas plus ici, notre découverte fut surtout axée sur le gameplay, mais l’intention de Polyslash est de nous plonger au cœur d’une situation pour le moins mouvementée, pas de l’utiliser comme simple toile de fond. L’écriture figure, d’ailleurs, parmi les points forts de ce qu’on a pu voir du titre. Entièrement sous-titré en français, le jeu met un point d’honneur à demeurer précis dans les expression, les caractères. Oui, on s’y croirait.
We. The Revolution installe trois piliers : les procès, la vie privée, et l’avancée stratégique des révolutionnaires sur le terrain. Le premier cité est celui qui nous a le plus convaincu. On lit des documents, on recueille des témoignages, on recoupe les informations afin d’en tirer des questions. Puis vient le temps du face-à-face avec l’accusé, pour terminer par le verdict. Celui-ci ne devra surtout pas être pris à la légère car, contrairement à d’autres softs du genre, votre action provoquera des réactions. Non seulement du peuple, mais aussi du camp des révolutionnaires, et du jury. Sachez aussi qu’il sera possible de proposer une « compensation financière » à ce dernier, mais à vos risques et périls… Cela ajoute clairement à la tension ressentie, et surtout cela traduit bien les problématiques de cette époque troublée. Polyslash est sur la bonne route : le studio a capté tout l’intérêt de placer un jeu d’enquête dans cette période.
La toute puissance a un prix
We. The Revolution cherche à nous faire incarner un juge, pas une peau morte. Dès lors, l’importance de sa vie privée s’avère primordiale. De retour au doux foyer, notre avatar n’en a pourtant pas terminé avec ses journées épuisantes. En effet, et c’est tout naturel, nous devons faire face à l’avis de la famille, qui s’exprime sur nos agissements. Là aussi, on est très agréablement surpris par l’intention de Polyslash : il va falloir faire face à ce que nos décisions construisent. Si vous avez été trop dur avec un cas de remise en cause de l’esprit révolutionnaire, cela pourra créer des tensions. Et accentuez nos propres démons, dont l’alcoolisme.
Le dernier pilier de We. The Revolution est celui qui nous a laissé le plus d’interrogations. Il faudra juger définitivement avec le soft terminé. Le joueur fait face à une carte stratégique de Paris, et doit déplacer des troupes afin de garder le contrôle sur la Capitale. Pour le moment, nous ne pouvons pas juger des réelles répercussions sur les autres phases, mais Polyslash nous a assuré que le but est de créer une véritable alchimie entre ces trois phases. Tout cela a clairement creusé notre curiosité, et nous fait écrire que les amateurs d’Histoire y trouveront beaucoup d’intérêt. Ajoutons une direction artistique très charmante, mais relevons tout de même une ergonomie pas encore tout à fait prête. Cela tombe bien, le studio a encore le temps pour polir son bébé, pour le moment prévu pour le printemps 2019.