[Critique] A.P.E.X. : de la SF stupide et bordélique

Caractéristiques

  • Titre : A.P.E.X.
  • Réalisateur(s) : Phillip J. Roth
  • Avec : Richard Keats, Mitchell Cox, Lisa Ann Russiell, Marcus Aurelius, Adam Lawson
  • Distributeur : Green Communications
  • Genre : Science-fiction
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 98 minutes
  • Date de sortie : 4 mars 1994 (Etats-Unis)
  • Note du critique : 2/10

Une production SF qui ne connaît pas ses limites

image critique apex
Des costumes mémorables, mais pas pour de bonnes raisons…

Alors, comme ça vous pensiez qu’on avait déniché une adaptation cinématographique d’Apex Legends, le battle royale d’Electronic Arts qui est entrain de repousser Anthem dans les tréfonds de l’oubli ? Eh bien non, mais restez quand même, il se peut que ce qui suit vous intéresse, du moins si vous êtes du genre amateurs monomaniaques de bobines décadentes. Car nous allons aborder un film assez représentatif de ce qu’était la production de science fiction ultra-bis venue des États-Unis, pendant la décennie 1990. Et, clairement, ce n’était pas joli à voir.

Le scénario d’A.P.E.X. tente de faire oublier les grandes limites de son budget, mais maladroitement. Quand on ne peut pas se payer une Ferrari, on cherche surtout à se dénicher une Dacia qui claque. Et pas l’inverse. Pourtant, les histoires de voyages temporels et de paradoxes ont la particularité de pouvoir s’imager d’une manière plutôt convaincante, quand le projet est dirigé par un grand malin tout du moins. Rappelez-vous le très bon Timecrimes qui, avec deux ou trois bouts de ficelles et un bandage, a su faire grande impression. Ici, ça part aussi plutôt bien : la situation prend place en 2073, et l’on s’intéresse à un scientifique, Nicholas Sinclair, qui travaille sur un projet de voyage dans le temps. Car l’humanité va bien mal depuis 1973, et la naissance d’un virus mortel assez puissant pour ravager l’humanité. Des robots d’assaut, nommés A.P.E.X. (pour Advanced Prototype Exploration), sont envoyés à cette époque, mais leur contrôle échappe aux scientifiques. C’est la cata, et Sinclair est envoyé par accident en 1973. Il trouve le moyen de revenir en 2073, mais découvre un futur totalement changé à cause d’un paradoxe. Le virus a décimé l’humanité, et les robots se chargent de liquider les rares survivants.

Vous l’aurez compris, la problématique d’A.P.E.X. va pousser son personnage principal, interprété par le très insipide Richard Keats (aperçu en pilote d’hélicoptère dans Le Jour où la Terre s’arrêta, l’horrible version de 2008), à prendre les armes. Seulement, dans ce futur modifié, et post-apocalyptique, il n’est plus le scientifique marié qu’on connaissait. D’ailleurs, sa femme (Lisa Ann Russell, dont le plus hauts faits est d’être apparue dans un épisode de Sauvé par le Gong : au lycée) ne l’est plus : elle est est un soldat sans espoir, rendue kamikaze par le virus mortel qui la ronge. Tout cela aurait pu accoucher d’une tonalité entre action et tragédie, plutôt alléchante sur le papier. On était même prêt à pardonner les effets spéciaux péraves de cette minuscule production. On a bien quelques décors sympathiques, c’est pas totalement naze et le spectateur peut même croire un minimum à cet univers. Le problème vient du grand foutoir qui envahit l’écran.

Des robots tout droit sortis de chez Bruno Mattei

L’équipe que rejoint Sinclair doit atteindre un poste stratégique, où se situe le laboratoire d’où tout est parti en vrille. Les soldats qui l’accompagnent, menés par le vindicatif Sheperd (Mitchell Cox, inconnu au bataillon et l’on comprend vite pourquoi), rencontrent deux ou trois survivants, combattent quelques robots. Mais la réalisation d’A.P.E.X., assurée par Phillip J. Roth, est malheureusement à la hauteur de sa réputation. Le bonhomme est surtout connu pour ses productions, des navets comme Lake Placid 3, Détour Mortel 5 ou Sniper 5. Côté mise en scène, sa carrière n’a pas meilleur goût, d’ailleurs elle s’est terminée en 2003. Alors oui, le montage reste lisible, mais le réalisateur ne semble pas conscient des limites de son matériel. Il passe son temps à filmé ses robots, qui n’ont rien à envier au Robowar de Bruno Mattei, comme s’ils étaient imposants et effrayants. Même à l’époque, ce n’était pas le cas, donc imaginez aujourd’hui ! Quelques explosion viennent donner un peu de peps à leurs attaques, mais on est tellement abasourdi par le rendu de ces antagonistes qu’on sort presque immédiatement du trip.

Pourtant, on trouve aussi un peu de plaisir dans cet A.P.E.X.. La musique n’est pas horrible, elle a même ce petit charme désuet de la composition qui cherche à dépasser ses conditions d’enregistrement. Aussi, on l’a dit, ça explose de temps en temps, assurant un petit spectacle divertissant pour celles et ceux qui ont envie de totalement oublier leur cerveau l’espace d’une heure et demie. Seulement voilà, la promesse de l’œuvre se situait tout de même au-delà d’un long métrage uniquement régressif, et l’on n’y trouve jamais notre compte. Du coup, le final intervient sans aucun impact puisque, finalement, on se fiche pas mal de la problématique de départ. Dommage donc, et l’on se demande ce qu’aurait pu donner le résultat si, tout comme pas mal de bobines du genre nées dans les années 1990 (on abordera, un jour, des choses comme Dark Planet), il ne pétait pas plus haut que son cul côté réalisation et effets spéciaux.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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