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[Test] Edna & Harvey – Harvey’s New Eyes : un bon jeu méconnu

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Daedalic Entertainment
  • Editeur : Daedalic Entertainment
  • Date de sortie : 14 oût 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

De l’humour noir qui fonctionne idéalement

image test harvey's new eyes
Ne vous fiez pas à l’apparence presque angélique de Lili…

Après avoir récemment testé la licence Deponia, on continue de découvrir le travail étonnant de Daedalic Entertainment, éditeur et développeur allemand. Sa spécificité ? S’être spécialisé dans un genre particulier, qui a connu son heure de gloire dans les années 1990 : le point and click. À la relance au courant des années 2010, notamment grâce à des jeux qui ont développé le côté narratif (on pensera aux jeux de Telltale), ce style est désormais de retour au premier plan, et l’on s’en rend compte avec quelques récentes sorties cherchant à titiller les gamers nostalgiques. Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes, tout  d’abord sorti en 2011, est de ceux-là, du moins en partie.

Précisons d’emblée que Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes est en fait une suite. Le premier jeu, intitulé Harvey et Edna s’évadent, a rencontré un certain succès (plus populaire que chez la critique), d’où cette sortie. Et nous devons vous l’avouer : on n’a pas joué à ce précédent soft. On pensait que ce serait un handicap, du coup il a fallu potasser encore plus profondément le sujet, et bien vite on a compris que le titre qui nous intéresse ici peut très bien se vivre sans avoir parcouru le grand frère. Bien entendu, certains personnages sont désormais bien installés, ne font pas l’objet d’une introduction. Et l’ambiance, très atypique, ne prend pas de pincette car le joueur est sensé la connaître. Mais on ne peut que vous pousser à ne pas vous arrêter à cela, tant le reste peut tout à fait être savouré dans l’ignorance des événements passés.

Une fois cette précision effectuée, il est grand temps d’aborder l’histoire de Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes. On n’ira pas trop loin, car les scénaristes ont pris un malin plaisir à nous réserver pas mal de surprises. Sachez simplement que, désormais, on incarne une petite fille nommée Lili. Elle est du genre timide, a du mal à se confier. Et, pour couronner le tout, elle doit remplir différents travaux dans un couvent, sous l’œil plus qu’attentif de Mère Ignatz. Dans ce lieu se trouve une autre enfant, la fameuse Edna. C’est là que les événements vont se précipiter, car la religieuse va vite vouloir remettre les deux filles dans le droit chemin, en faisant appel aux services du docteur Marcel, dont les méthodes thérapeutiques sont carrément douteuses. Il n’en fallait pas plus, pour Lili et Edna : il est temps de prendre la poudre d’escampette. Mais le plan va se révéler plus violent que ce que le joueur imaginait…

Les énigmes évitent la prise de tête

image gameplay harvey's new eyes
Les personnages secondaires sont tous bien écrits.

L’ambiance de Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes est, sans  nul doute, sa grande force. L’humour très noir de certaines situations, les plans machiavéliques des deux jeunes filles pour s’en sortir, le tout dans des environnements dont la fadeur est en partie maitrisée afin de créer du contraste, tout cela fonctionne du tonnerre. On a particulièrement aimé la prestation du narrateur, dont les commentaires sacrément acerbes sont parvenus à nous faire rire aux éclats. Cet humour, noir au possible, ne doit cependant pas nous faire oublier que l’écriture s’avère plus fine que ce qu’on espérait. On pense surtout au dernier quart de l’histoire, qui voit se multiplier les moments mémorables. Seul problème, le titre est sous-titré en anglais, mais pas en français. Frustrant, même s’il faudra seulement un niveau intermédiaire pour s’en sortir convenablement.

Heureusement, Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes n’est pas trop tordu dans ses énigmes, et l’absence de traduction en français ne vous gênera pas dans ce domaine. Le gameplay est tout ce qu’il y a de plus conventionnel, il ne faut pas s’attendre à de l’originalité dans ce domaine. On a un inventaire, dans lequel on stocke les objets dénichés (on peut aussi en fusionner certains), puis on les utilise au bon endroit. Simple, basique, surtout que les commandes répondent au doigt et à l’oeil. Précisons ici que, contrairement à ce que les fans de Monkey Island ont pu connaître, on ne croisera jamais d’énigmes qui ne facilitent pas la solution par de bons indices visuels. Tout est logique, et l’on est de ceux qui s’en réjouissent. Parfois, on aura aussi droit à un casse-tête, histoire de varier les plaisirs. Dans ces épreuves, le niveau est un peu plus élevé, mais une option permet de les zapper, ce qui plaira aux joueurs les plus fainéants.

La technique de Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes est plus sujette à discussion. La direction artistique est, effectivement, du genre à cliver : certains la trouveront fade, d’autres penseront que les couleurs, plutôt douces, fonctionnent bien avec l’ambiance du récit. Entre les deux, on pourra penser que certains décors auraient pu aller plus loin dans le délire, on a tout de même l’impression que les artistes ne sont pas allés au bout de leurs idées. Le character design, par contre, ne souffre d’aucune retenue : il s’en dégage beaucoup de personnalité, et la simplicité du résultat contribue à la tonalité décalée de l’ensemble. Quant aux musiques, elles ne nous ont pas spécialement marqué, sans pour autant nous gêner, bien loin de là.

Note : 15/20

Edna & Harvey : Harvey’s new Eyes est le genre de belle découverte qu’on aime vivre. Si vous appréciez les Point & click sans trop de prise de tête dans les énigmes, mais passionnants dans le récit, alors vous êtes à la bonne adresse. Il est seulement dommage que le titre n’embarque pas de sous-titre en français. Il vous faudra lire l’anglais, et le comprendre, et c’est à ce prix que vous pourrez hurler de rire en entendant les remarques éhontées du narrateur. Ajoutons à cela une fin d’aventure très réussie, un character design séduisant, et vous obtenez l’exemple type du soft sympathique.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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