Caractéristiques
- Titre : Vivarium
- Réalisateur(s) : Lorcan Finnegan
- Avec : Imogen Poots, Jesse Eisenberg, Eanna Hardwicke, Jonathan Aris et Olga Wehrly
- Distributeur : Les Bookmakers / The Jokers
- Genre : Thriller, Science-fiction
- Pays : Irlande, Belgique, Etats-Unis
- Durée : 98 minutes
- Date de sortie : 11 Mars 2020
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
En visionnant le métrage Vivarium, la première référence cinématographique qui nous vient à l’esprit est la Quatrième Dimension, célèbre série fantastique des années 50-60 créée par Rod Serling.
Dès le début, l’approche est identique : une mise en place rapide servant à présenter les (rares) personnages, puis le basculement du réel vers un univers étrange dont il va falloir découvrir les tenants et aboutissants. C’est ce voyage que le spectateur va entamer en suivant les péripéties d’un jeune couple de trentenaires à la recherche de la maison idéale. D’abord intéressés par la proposition d’un mystérieux agent immobilier, Emma et Tom vont se retrouver piégés dans un lotissement de maisons identiques baptisé « Vauvert ».
Malgré d’évidentes qualités plastiques, le film de Lorcan Finnegan va hélas révéler progressivement ses faiblesses narratives…
Une histoire qui tourne en rond
Si, dans un premier temps, la mise en place est bien amenée et intrigante, Vivarium se heurte rapidement à deux écueils. Le premier c’est que, justement, la Quatrième Dimension (ainsi que ses dérivés) est déjà passée par là et que le déroulement de l’intrigue s’avère souvent sans surprise. Le second relève du format choisi car, si un épisode de 25 minutes voire de 45 minutes aurait permis de ramasser efficacement ‘intrigue, le choix d’en faire un long métrage étiole progressivement notre intérêt à force de répétition et de situations convenues.
Si, en toile de fond, les critiques sociales sur le conformisme consumériste de la classe moyenne américaine ou la responsabilité parentale (à mettre en parallèle avec la question de l’enfant-roi) font mouche, elles ne servent au final qu’à boucher les trous d’une intrigue cousue de fil blanc.
Des interprétations convaincantes, mais…
Bien qu’Imogen Poots et Jesse Eisenberg (toujours aussi charismatique qu’une endive) interprètent les personnages d’Emma et Tom avec conviction, leurs réactions psychologiques face aux événements finissent par les desservir et museler l’empathie qu’on devrait ressentir à leur égard.
Là encore, on sent bien que le réalisateur Lorcan Finnegan, très inspiré par son envie de faire de Vivarium une sorte de satire sociale horrifique, étire ses personnages en dépit du bon sens, les rendant au final beaucoup trop apathiques ou illogiques pour que le spectateur s’identifie pleinement à eux.
Mention spéciale tout de même à l’acteur Jonathan Aris qui campe (brièvement) un agent immobilier tellement décalé qu’il parvient à être à la fois drôle et inquiétant en peu de temps.
Un univers surréaliste
Ici, nous abordons sans conteste le point fort de Vivarium qui, grâce à un environnement aseptisé et des décors épurés, rappelle souvent les œuvres du peintre surréaliste René Magritte.
Le titre du film s’avère d’ailleurs judicieusement choisi car, dans ce monde étrange où tout semble parfait mais sans saveur, on se rappelle qu’un « vivarium » est à l’origine un milieu clos et artificiel dans lequel on élève de petits animaux vivants dans une reconstitution de leur milieu naturel ou biotope.
Que ce soit ces maisons identiques à perte de vue ou ces nuages ronds possédant tous la même forme, tout l’univers de Vivarium participe à créer un malaise et un sentiment anxiogène qui fonctionne efficacement. Cependant, on finit là aussi par s’y habituer et, une fois les premières angoisses passées, on se lasse de ces mêmes décors et ce jusqu’à une conclusion qui nous permet (enfin !) d’en sortir, mais de manière si tardive et brève que cela ne change plus grand chose.
Un film séduisant mais imparfait
Au final, Vivarium ressemble aux maisons de Vauvert au sens où le film laisse une impression plus favorable dans la forme que dans le fond. Le récit commence par nous accrocher, puis s’étiole au fur et à mesure d’une intrigue trop longue par rapport à son sujet. Une conclusion prévisible achève de démontrer que jamais le réalisateur n’a eu l’intention de nous donner ne serait-ce qu’une seule piste de compréhension sur les événements auxquels nous avons assisté.
C’est pénible et scénaristiquement feignant car, même si bon nombre d’intrigues gagnent à maintenir des questions en suspens, il est tout de même judicieux de ne pas exclure toute explication, sinon on finit par aboutir à un métrage correct, mais aussi artificiel qu’un vivarium.