Caractéristiques
- Titre : Comment je suis devenu super-héros
- Réalisateur(s) : Douglas Attal
- Avec : Pio Marmai, Vimala Pons, Benoît Poelvoorde, Leïla Bekhti et Swann Arlaud.
- Distributeur : Netflix
- Genre : Fantastique, Action, Aventure, Drame, Science fiction
- Pays : Français
- Durée : 97 minutes
- Date de sortie : 9 juillet 2021 sur Netflix
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Des Super-Héros français
Douglas Attal, surtout connu jusqu’à présent pour ses rôles devant la caméra, passe ici à la réalisation. Évitant les sempiternels drames et comédies souvent sans intérêt qui peuplent le cinéma français depuis 30 ans, il décide de prendre un risque et de marcher sur les plates-bandes d’Hollywood en adaptant un comic-book Comment je suis devenu Super-Héros. Cette seule initiative mérite qu’on s’intéresse au film, mais le travail de Douglas Attal va s’avérer être davantage qu’un simple plaisir coupable. Le réalisateur connaît son sujet et sait raconter une histoire intéressante.
En 2020, dans un Paris parallèle, les surhommes sont devenus monnaie courante dans la société, au point d’être totalement banalisés et intégrés. Lorsqu’une mystérieuse substance procure des pouvoirs à ceux qui n’en ont pas, le lieutenant Moreau, spécialiste des Super-Héros, mène l’enquête. Épaulé par sa nouvelle collègue, le lieutenant Schaltzmann et deux anciens justiciers, Monte Carlo et Callista, il va devoir faire face à son passé pour vaincre ses adversaires.
Un scénario au service des personnages
Comprenant d’emblée que le scénario de ce genre de film n’a pas besoin d’être complexe pour être efficace, Douglas Attal se contente d’un prétexte (une drogue créant des surhommes) pour nous dépeindre une série de personnages dont ce sont les petites histoires qui forgent le cœur du récit. Alors certes, il y a également des péripéties et des affrontements, mais ils sont réduits au nécessaire. D’abord parce que Comment je suis devenu Super-Héros n’a pas le budget d’un Marvel, mais aussi parce que cela aurait dénaturé l’aspect émotionnel qui fait tout le sel de ce métrage. Conscient de ses limites budgétaires, le réalisateur opte donc pour une plongée intime dans l’univers de ces « Super-Héros » aux profils de losers plutôt que pour le sensationnel.
On regrettera seulement que, malgré un rythme soutenu et efficace, nous n’ayons pas droit à plus de diversité dans les « pouvoirs » montrés à l’écran.
Un casting super sympathique
Comme nous l’avons déjà mentionné, ce sont les personnages qui représentent l’intérêt principal de Comment je suis devenu Super-Héros. Cela est bien sûr dû à un casting très concerné, en commençant par Pio Marmai, excellent dans le rôle du lieutenant Gary Moreau. D’abord présenté comme un « je m’en foutiste » complet, il opère une transition psychologique dans le film qui se fait naturellement sans que l’on ait un instant perdu son attachement à l’égard du personnage.
Il en va de même pour Leïla Bekhti et surtout Benoît Poelvoorde, qui campent respectivement les « vieux » Super-Héros Callista et Monte Carlo. Si Leïla Bekhti s’en sort bien en combattante au grand cœur, Poelvoorde surprend en incarnant cet ex-justicier désireux de bien faire, mais dont la maladie l’oblige à rester en retrait, du moins au début du film.
Vimala Pons, incarnant le lieutenant Cécile Schaltzmann, s’avère agaçante au début du film car trop clichée et l’interprétation mollassonne laisse planer un doute. Néanmoins plus l’intrigue du film avance et plus son personnage gagne notre sympathie – sa composition devient également plus naturelle.
Enfin Swann Arlaud campe l’antagoniste Naja et apporte une noirceur bienvenue à un récit qui aurait peut-être semblé trop léger sinon. Cependant, malgré sa composition honorable, l’acteur manque de charisme et ne parvient pas à iconiser son personnage.
Une réalisation énergique
Si Comment je suis devenu Super-Héros privilégie l’émotion à l’action, il n’en reste pas moins que le réalisateur sait manier sa caméra lorsqu’il s’agit de durcir le rythme. En utilisant le concept des « pouvoirs », il se permet des séquences visuellement crédibles et même parfois poétiques, comme durant le sauvetage du commissariat. Il est seulement dommage que ces moments soient peut-être trop rares et que l’ensemble reste consensuel. A l’image de l’univers dépeint et de l’ambiance globale du métrage, peut-être pas assez « super » pour séduire des jeunes habitués à des bases sous-marines et à des surhommes qui se balancent des immeubles à la face. Le repaire du « méchant » est d’ailleurs assez représentatif de ce manque de moyens, pas inquiétant pour un sou et très laid visuellement (un immeuble désaffecté).
En fait, le métrage souffre du déséquilibre inverse d’un film Marvel : là où Disney impose un spectacle son et lumière pour de l’émotion carton pâte, le film de Douglas Attal, lui, touche notre fibre sensible mais déçoit du point de vue de la grandiloquence nécessaire à l’univers des Super-Héros.
Comment j’ai été convaincu
Comment je suis devenu Super-Héros est un film à voir car il propose une variante française à l’univers des comics américains. Certes le métrage n’est pas parfait et accuse certaines carences, en partie à cause d’un budget plus étriqué que chez Disney, mais il compense par l’émotion et la volonté de bien faire. Ce bon état d’esprit se ressent à travers les personnages et le rythme du film et il serait bien dommage de ne pas en profiter en famille ou entre amis.