Caractéristiques
- Titre : Lamb
- Réalisateur(s) : Valdimar Jóhannsson
- Avec : Noomi Rapace, Hilmir Snær Guðnason, Björn Hlynur Haraldsson et Ingvar Sigurðsson.
- Distributeur : The Jokers
- Genre : Drame, Epouvante-horreur
- Pays : Islandais
- Durée : 106 minutes
- Date de sortie : 29 décembre 2021
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Minimaliste et contemplatif
Lamb raconte le quotidien d’un couple d’éleveurs de moutons, Maria et Ingvar, qui habitent reclus dans les montagnes islandaises. Lorsqu’ils découvrent un matin dans leur étable un nouveau-né au physique étrange et d’origine inconnue, ils décident contre toute attente de l’élever comme leur propre enfant.
Dès le début de Lamb, il est clair que nous allons assister à un spectacle atypique. Son ambiance oppressante ainsi que la quasi-absence de dialogue pendant toute la première partie du métrage donnent le ton pour mieux proposer par la suite une dérive étrange sur le thème de la parentalité.
Le réalisateur Valdimar Jóhannsson (dont Lamb est le premier film) se sert des fantomatiques paysages d’Islande comme écrin à ce drame en devenir.
Une histoire intime et glaçante
Malgré le fait que Lamb fasse clairement partie du genre fantastique, le réalisateur propose une approche minimaliste de son sujet et évite soigneusement de le faire verser dans l’horreur pure, alors que certaines thématiques auraient pu parfaitement s’y prêter.
Cette volonté de « simplifier » son sujet en décrivant de manière répétitive le quotidien morne de son couple d’éleveurs ou de montrer tardivement « le nouveau-né » pourra rebuter certains spectateurs qui considèreront qu’il se passe finalement peu de choses dans Lamb.
Néanmoins, le métrage conserve en permanence une identité inquiétante et son rythme lent permet de mesurer la place que prend l’enfant au sein de ce couple auquel il ramène le sourire après la perte manifeste d’un précédent enfant.
Des compositions solides
Délaissant provisoirement les fastes hollywoodiennes pour les contrées glacées de son enfance, Noomi Rapace incarne dans Lamb une mère brisée par la perte de sa progéniture qui erre tel un spectre dans un quotidien triste. Son mari, incarné par l’acteur islandais Hilmir Snær Guõnason, lui-même en proie à une lassitude palpable, lui donne la réplique par le biais de silences pesants. Les deux acteurs composent des personnages solides, dont l’interprétation illustre parfaitement la progression psychologique avant et après l’arrivée du « bébé ».
On s’attache à ce couple isolé de tout et à la limite de la folie, qui fait fi de l’étrangeté de cette situation pour se laisser une chance de retrouver le bonheur. On peut par ailleurs regretter l’arrivée d’un troisième personnage, le frère instable du mari, dont la présence vient perturber la nouvelle cellule familiale. Non que l’acteur Björn Hlynur Haraldsson ne soit pas crédible, mais son personnage ne sert finalement pas à grand-chose, si ce n’est étendre artificiellement la durée d’un métrage qui n’en avait pas besoin.
Une réalisation et un univers sobres
Afin de rester cohérent vis-à-vis de son parti pris narratif, Valdimar Jóhannsson ne tombe jamais dans la surenchère visuelle et propose une mise en scène simple. Se reposant principalement sur des plans fixes ou des hors-champ, il laisse ensuite la beauté des décors naturels ainsi que ses acteurs faire le reste pour entretenir son ambiance.
Le réalisateur de Lamb en profite également pour jouer sur des thématiques telles que l’enfance, l’éducation et l’héritage. Sans oublier pour autant sa « créature », un étrange hybride dont le design esthétique oscille en permanence entre le touchant et le grotesque, parachevant ce sentiment indéfinissable que l’on ressent à la vision de Lamb.
Une curiosité à voir
Il est évident que Lamb ne plaira pas à tout le monde, mais il est clair que ce métrage possède sa propre identité et une liberté narrative comme on en voit peu de nos jours. Bien sûr, il n’est pas exempt de maladresses, mais ses qualités indéniables tiendront le spectateur le plus patient en haleine jusqu’à un dénouement aussi logique que glaçant. Un métrage à conseiller aux amateurs de curiosité et un cinéaste à surveiller à l’avenir.