Caractéristiques
- Titre : Freaks Out
- Réalisateur(s) : Gabriele Mainetti
- Scénariste(s) : Nicola Guaglianone et Gabriele Mainetti
- Avec : Franz Rogowski, Claudio Santamaria, Pietro Castellitto, Aurora Giovinazzo et Giancarlo Martini
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Aventure, Drame, Fantastique
- Pays : Italien, Belge
- Durée : 141 minutes
- Date de sortie : 30 mars 2022
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Des Freaks vs des Nazis
Nouveau long-métrage de Gabriele Mainetti (On l’appelle Jeeg Robot), qui a été en sélection à la Mostra de Venise 2021, Freaks Out se déroule à Rome, en 1943, sous l’occupation nazie. La Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire. Israel, le propriétaire du cirque et figure paternelle de cette petite famille, tente d’organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre « monstres » vont tenter de survivre dans un monde en guerre…
Le scénario de Nicola Guaglianone et Gabriele Mainetti est des plus entraînants. Dés la première scène, nous sommes conquis par son ingéniosité. Celle-ci nous présente nos quatre « monstres » et leurs pouvoir au travers d’une scène de cirque coupée par l’arrivée d’un bombardement nazi. La poésie est coupée abruptement par l’horreur. Le reste du long-métrage est tout autant intelligent du point de vue scénaristique. Certes, c’est une origin story assez classique que nous avons là, mais les personnages, leurs relations et l’univers sont parfaitement travaillés. Les quatre personnages principaux sont tous différents, que ce soit au niveau des pouvoirs que de leurs caractères. On n’a pas besoin de beaucoup de scènes pour comprendre qui ils sont et leurs motivations. Le méchant – un Nazi qui veut faire ses preuves et peut voir l’avenir – est également bien travaillé, ce qui amène des situations assez amusantes comme une reprise de « Creep » de Radiohead au piano ou encore l’utilisation d’un téléphone portable lors d’une vision. Malin.
Une réalisation aussi poétique qu’horrifique
L’univers du film est également vraiment intéressant. Outre le fait de dénoncer la guerre et le génocide des juifs, ce qui est plutôt logique dans un long-métrage qui se déroule à cette période, c’est surtout l’univers du cirque qui intrigue. Tous les personnages principaux, même le méchant, travaillent dans un cirque. Evidemment, il y a une différence notable entre le cirque ambulant de nos héros et celui de Berlin, mais tout cet univers, que ne renierait par Guillermo Del Toro, est parfaitement décrit et on plonge volontiers dans celui-ci. Outre tout cela, le thème prédominant est d’assumer qui l’on est pour les quatre « monstres ». Cela passe évidemment par l’histoire et les péripéties qu’ils vont vivre, mais aussi par la rencontre de personnages comme, par exemple, le bossu résistant. Là encore, tout est très bien amené et s’inscrit dans la logique narrative. Alors oui, sur le papier, une origin story de super-héros en pleine seconde guerre mondiale peut passer comme du déjà vu, mais le scénario possède assez de qualités pour que l’on passe outre cela.
Côté réalisation, Gabriele Mainetti se fait plaisir sur le plan technique. Il arrive à nous émerveiller quand il le faut, mais aussi à nous montrer l’horreur. Ces deux facettes de la réalisation se retrouvent dans la scène d’ouverture que nous citions plus haut entre la beauté des « freaks » et leur cirque qui est interrompu par un bombardement. A partir de là, le réalisateur fait un faux plan-séquence ingénieux pour nous montrer des corps qui explosent, des personnes dont il manque un bras ou une jambe… Il gère très bien ces deux facettes tout au long du film, avec un final combinant le merveilleux et l’horreur à la perfection. La direction photo donne clairement le ton. On louera aussi la reconstitution des décors et des costumes des années 40. Le montage est dynamique et on ne s’ennuie pas une seconde. Les effets spéciaux sont de qualité, sauf pour une ou deux scènes. On pense surtout à une scène où des abeilles sont impliquées. La musique de Michele Braga et Gabriele Mainetti est aussi vraiment intéressante, mêlant musique d’époque à celle d’aujourd’hui.
La révélation Aurora Giovinazzo
En ce qui concerne les acteurs, Franz Rogowski fait un parfait méchant. On sent le conflit dans son personnage assez haut en couleur. Il est aussi méchant qu’attachant. Claudio Santamaria est aussi très bon dans le rôle de Fulvio/ $l’homme loup. On comprend son désir de ne pas s’impliquer dans la guerre vu son allure. Une prestation solide. Pietro Castellitto est aussi bon dans le rôle de Gencio/l’homme insecte. Il apporte autant de magie qu’il peut être attachant ou agaçant. Giancarlo Martini est génial dans le rôle de Mario/l’homme aimant. C’est lui qui apporte l’humour qu’il faut dans Freaks Out et il le fait parfaitement. Enfin, la jeune Aurora Giovinazzo est très clairement la révélation du film dans le rôle de Matilde/la fille électrique. Son interprétation est vraiment touchante et elle est un lead parfait. il est clair qu’elle a un bel avenir devant elle.
Freaks Out est donc un coup de cœur autant sur le fond que sur la forme. Un long-métrage de « super-héros » différent de ce que l’ont voit habituellement. Effectivement, comme il est dit sur l’affiche, c’est un mélange entre Dupontel et Del Toro que nous avons là. Des acteurs impliqués, une excellente réalisation, une histoire prenante et tantôt amusante, horrifique et poétique sont les ingrédients pour vous conseiller ce film.