Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Xbox série X
- Xbox One
- Nintendo Switch
- PlayStation 4
- PC
- Xbox Series X/S
- PlayStation 5
- Titre : Children of Silentown
- Développeur : Elf Games
- Editeur : Daedalic Entertainment
- Date de sortie : 11/01/2023
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- Note : 6/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Un point’n’click pour bien démarrer l’année
Que ce soit pour faire revivre de vieilles légendes avec Return to Monkey Island, regarder les interstices de notre société à travers un miroir (pas si) déformant avec Norco, ou dynamiter le jeu d’enquête avec The Case of the Golden Idol, le genre du point’n’click nous a offert de beaux moments en 2022. Le studio Elf Games, épaulé par Daedalic, éditeur spécialiste du genre, nous livre un des premiers titres en la matière pour 2023. On va en parler, mais pas trop fort…
Car dans la petite ville de Silentown, il est dangereux de faire du bruit. Des monstres rôdent dans les bois environnants et des gens disparaissent mystérieusement dès que le soleil se couche. Dans cette ambiance pesante, ce sont les enfants qui souffrent le plus. Les adultes semblent leur cacher un lourd secret sur l’origine de ce mal. Lucie, l’adolescente que le joueur va incarner, décide de mener son enquête. Mystères et non-dits vont bouleverser le destin de la jeune fille.
Un jeu d’enfant
Histoire classique pour un jeu qui l’est tout autant. Le titre reprend les ficelles du genre à base de dialogues avec des personnages, de collecte – assemblage – utilisation d’objets, et de résolutions de casse têtes. Cependant, le petit studio italien, qui a su garder le meilleur des systèmes de jeu de ses prédécesseurs, propose une interface des plus efficaces : que ce soit à la souris ou à la manette, c’est vraiment un plaisir de diriger Lucie et de la faire interagir avec son environnement. La gestion de l’inventaire, des déplacements ou des actions contextuelles est naturelle, et pas besoin de recourir au pixel hunting, la recherche d’éléments interactifs sur les écrans de jeu est facilitée par l’apparition d’icônes contextuelles lorsqu’on les approche.
Tout ceci permet au joueur de se concentrer pleinement sur l’histoire et les énigmes. L’immersion est renforcée par des dessins bucoliques qui tranchent avec ces personnages aux grands yeux vides que l’on croirait issus d’un monde cauchemardesque. Elf Games s’est également autorisé une incursion dans l’univers horrifique à travers des séquences de cauchemars, courtes mais très réussies. Un sans-faute côté ambiance et interface, que même des boucles musicales un peu redondantes ne sauront gâcher.
En ce qui concerne les énigmes, s’il n’existe qu’une seule solution pour les résoudre, elles ont l’avantage de rester logiques, l’absence de système d’aide n’est ainsi pas handicapant. Le jeu arrive à procurer de nouveaux défis tout au long de l’aventure en proposant une série de casse têtes dont la difficulté est croissante. Il s’agit de jeux de logique assez inégaux, dont la difficulté n’est pas insurmontable, mais qui auraient peut-être mérité un système d’indices pour qui est allergique à ce genre d’épreuve.
Une intrigue passée sous silence
L’intrigue est terriblement actuelle, portée par une adaptation française très réussie, et surtout des dialogues qui ont le bon goût de ne pas s’éterniser, restant toujours agréables à lire. Elle nous rappellera une période pas si lointaine, où une population confinée dans un petit espace voyait doucement décliner sa santé mentale et sa joie de vivre. Le récit développe cette thématique à travers des personnages d’enfants, fait la part belle à leurs états d’âme et interrogations face à un monde où le fossé s’est creusé entre eux et les adultes. Bien que simple, il sonne plutôt juste, et le jeu prend son temps pour développer son sujet. Un peu trop peut être, car c’est seulement après la première moitié du jeu que le l’on va enfin sortir de la petite dizaine d’écrans qui constituent le village.
La deuxième moitié du jeu, où l’héroïne va se retrouver seule, va alors s’orienter quasi-exclusivement sur la résolution d’énigmes (plutôt réussies) au détriment du scénario, qui va malheureusement passer à l’arrière-plan. Après une petite dizaine d’heures, le jeu apporte une conclusion partielle et assez décevante à l’histoire par rapport aux attentes qu’il avait engendrées. Il faudra relancer 3 nouvelles parties et ainsi débloquer autant de fins supplémentaires qui permettront d’appréhender l’histoire dans son ensemble. C’est malheureusement la fausse bonne idée du jeu, car peu de nouveautés sont proposées lors de ces nouveaux runs, tout au plus la récupération d’autocollants à collectionner ou le déblocage de succès supplémentaires. La rejouabilité étant quasi nulle, il sera assurément plus intéressant de visionner les différentes conclusions sur YouTube que manette en main.
En conclusion, Children of Silentown est un jeu d’aventure poin’t and click très agréable à jouer. Extrêmement classique mais jamais frustrant ou ennuyeux, on lui reprochera juste une trame qui se perd en chemin après avoir été brillamment initiée. Il devrait certainement ravir les amoureux du genre et les curieux qui veulent le découvrir avec un titre accessible. Le jeu a été développé par une minuscule équipe dont le travail transpire l’amour et le respect du genre. A ce titre, il mérite d’être soutenu, et on a hâte de les voir à l’œuvre sur un titre plus ambitieux et, on l’espère, plus marquant.