Caractéristiques
- Titre : Tu choisiras la vie
- Réalisateur(s) : Stéphane Freiss
- Scénariste(s) : Stéphane Freiss, Audrey Gordon, Caroline Deruas-Garrel et Laure Deschenes
- Avec : Lou de Laâge, Riccardo Scamarcio, Pierre-Henry Salfati, Sasson Gabai et Liv Del Estal.
- Distributeur : JHR Films
- Genre : Drame
- Pays : France/ Italie
- Durée : 101 minutes
- Date de sortie : 25 janvier 2023
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Deux solitudes
Premier long-métrage écrit et réalisé par Stéphane Freiss, Tu choisiras la vie raconte l’histoire d’une famille juive ultra-orthodoxe qui se rend chaque année dans une ferme du sud de l’Italie afin d’accomplir une mission sacrée : la récolte des cédrats. Esther, en pleine remise en cause des contraintes imposées par sa religion, fait la connaissance d’Elio, le propriétaire de la ferme. Et si le face à face entre ces mondes était la genèse d’une autre histoire ?
Le scénario de Stéphane Freiss, Audrey Gordon, Caroline Deruas-Garrel et Laure Deschenes nous plonge dans deux univers bien distincts. En premier lieu, celui d’Esther, dont la famille, très croyante, est très stricte. La jeune fille n’est pas mariée, au grand désespoir de ses parents, mais surtout, elle a perdu la foi etse sent opprimée par sa religion. Elle voudrait vivre sa vie comme elle l’entend, mais cela ne semble pas possible du coup, un mélange de sentiments bouillonnent en elle : la colère, la tristesse, mais surtout un sentiment de solitude. Ensuite, nous avons Elio, un propriétaire de ferme, séparé de sa femme qui, lui aussi, se sent seul, pour évidemment différentes raisons. La gestion de la ferme et ses problèmes font qu’il ne s’ouvre pas aux autres. Cette partie de l’intrigue est très bien développée. On s’intéresse à ces deux personnages qui sont attachants chacun à leur manière et on passe d’un point de vue à l’autre sans trop de difficulté.
Une histoire d’amour ?
C’est alors que les deux personnages vont se rencontrer et tout le long-métrage tourne évidemment autour de cette relation naissante. Ils vont se comprendre, mais est-ce que leurs problèmes et leurs différences vont permettre à leur relation d’évoluer vers une histoire d’amour ? On vous laisse le découvrir… Tout ce que nous pouvons dire, c’est que la relation entre les deux personnages est bien développée et témoigne d’une tendresse particulière. Clairement, le scénariste-réalisateur invite à la réflexion sur le poids de la religion, ici assez lourd, surtout pour des jeunes d’aujourd’hui. Comment se détacher de celle-ci ou bien retrouver la foi si c’est possible ? La réponse suggérée en fin de métrage est plus subtile qu’il n’y parait au premier abord. Le film aborde aussi, au travers du personnage d’Elio, une solitude différente, celui-ci étant plus âgé qu’Esther. D’ailleurs, s’il y a sûrement moins de réflexion sur sa solitude que sur celle d’Esther, c’est surtout que celle de cette dernière lui offre un reflet de ce que lui-même ressent. Elio montre moins ses sentiments mais on les comprend néanmoins grâce au jeu subtil de l’acteur. Au final, cette relation est assez émouvante.
Une réalisation subtile
Comme pour le scénario, Stéphane Freiss nous offre une réalisation subtile, centrée sur la direction d’acteurs, avec de petits gestes ou regards qui en disent long. Surtout, il utilise parfaitement les décors naturels de l’Italie (la région des Pouilles) et sa lumière, qui sont mis au service de sa mise en scène, mais plus particulièrement des personnages. On pourra seulement reprocher au réalisateur une baisse de rythme en milieu de métrage. Alors oui, le rythme de l’intrigue est volontairement lent, mais un tout petit peu plus de dynamisme n’aurait pas fait de mal, même si c’est pour s’attacher à des détails qui ont leur importance. La musique du pianiste de jazz Giovanni Mirabassi est discrète quand il le fau, mais elle sait également bien appuyer les sentiments respectifs des deux protagonistes.
Lou de Laâge à fleur de peau
Du côté des acteurs, Lou de Laâge offre une belle performance, que ce soit quand elle explose de colère ou de tristesse, ou quand son personnage garde tout ses sentiments en elle. Elle offre une variété assez large de son jeu et on croit au personnage d’Esther. Riccardo Scamarcio est lui plus sur la retenue du côté des émotions, même si elles transparaissent au niveau de ses gestes ou encore au travers des yeux de l’acteur, qui en disent long. Ils sont soutenus par des performances correctes des seconds rôles, avec Pierre-Henry Salfati, Sasson Gabai et Liv Del Estal qui n’ont que peu de scènes pour s’exprimer.
Tu Choisiras la Vie est un petit film bien réalisé et bien joué aux thèmes intéressants, touchants et émouvants, mais qui manque parfois de rythme. Cela reste un très bon premier long-métrage et un premier essai réussi pour Stéphane Freiss.