Caractéristiques
- Titre : Empire of Light
- Réalisateur(s) : Sam Mendes
- Scénariste(s) : Sam Mendes
- Avec : Olivia Colman, Micheal Ward, Tom Brooke, Toby Jones, Monica Dolan, Sara Stewart et Colin Firth.
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Romance, Drame
- Pays : Grande-Bretagne/ Etats-Unis
- Durée : 119 minutes
- Date de sortie : 1er mars 2023
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
De bons thèmes, mais un scénario un peu fourre-tout
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Sam Mendes (1917, SPECTRE, Skyfall), Empire of Light raconte l’histoire d’Hilary, la responsable d’un cinéma dans une ville balnéaire anglaise qui tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n’aspire qu’à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l’un de l’autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d’appartenance à un groupe…
Nous avions quitté Sam Mendes en 2019 avec le très bon 1917. Il nous revient aujourd’hui avec un long-métrage qu’il a lui-même écrit. Si son précédent film était bien écrit, c’est moins le cas ici, même si le résultat est tout de même convaincant. Le film s’ouvre sur le point de vue d’Hilary (Olivia Colman, fabuleuse et en état de grâce). Elle travaille au cinéma Empire d’une petite ville côtière en Angleterre au début de l’année 1981. Son quotidien n’a rien de bien passionnant et elle n’a ni mari, amis ou famille. La solitude est, ici, de mise. Tout va changer quand Stephen arrive. Leur relation va-t-elle améliorer le quotidien d’Hilary ou va-t-elle plonger ?
Olivia Colman toujours au sommet
Et c’est là que nous changeons de point de vue en prenant, en milieu de métrage, pour adopter celui de Stephen (la révélation Micheal Ward, très bon). Un jeune homme pétillant qui voudrait aller à l’université pour étudier l’architecture. Ce changement de point de vue pourra désorienter le spectateur qui pourra se demander, très logiquement, où veut en venir Sam Mendes. Le scénariste/réalisateur veut juste montrer le destin de deux personnes qui ont des cicatrices et qui peuvent avoir besoin l’une de l’autre pour guérir autant mentalement que physiquement. Par cette histoire, il dresse aussi le portrait de la société anglaise du début des années 80 avec la montée du racisme et du mouvement Skinheads. Il parle aussi de solitude et de dépression et comment celles-ci pouvaient être gérées à l’époque.
Alors oui, c’est un peu fourre-tout et certains thèmes sont plus ou moins bien développés, voire à peine effleurés, et il en va de même de certains personnages secondaires. Par exemple, dans le cinéma Empire, il y a plusieurs personnes qui travaillent et on aurait pu s’intéresser aussi à celles-ci car elles sont aussi toutes différentes et intéressantes, comme Janine, une punk au grand cœur (Hannah Onslow, amusante), Neil (Tom Brooke, excellent), un jeune qui fait sans cesse des des blagues ou encore le patron (le toujours aussi classe Colin Firth) qui trompe sa femme. Sam Mendes ne se penche pas suffisamment sur ces protagonistes qui possédaient pourtant un joli potentiel. Mais le plus gros gâchis est clairement le personnage de Norman (Toby Jones, très juste), le projectionniste, sacrifié. On sent que quelques scènes avec lui ont été coupées alors que l’on ressentait pourtant de l’empathie pour le personnage lorsqu’il est présent à l’écran.
Un humour anglais qui fait mouche
Pour le reste, tout est bien maîtrisé. L’humour est présent et fait mouche à chaque fois. C’est un humour assez british, basé sur les répliques ou les réactions des personnages. On a ainsi de vrais moments humoristiques tout au long du film, par ailleurs centré sur des thématiques assez dures. Cela apporte une respiration plus que bienvenue et permet de ne pas faire d’Empire of Light un film trop sombre.
Enfin, toujours en ce qui concerne les thématiques, Sam Mendes, comme nous le disions dans le résumé plus haut, utilise la musique, le cinéma et l’appartenance à un groupe comme facteurs de guérison. Cette dimension est trop peu explorée, et trop tardivement puisque cela arrive vraiment dans les vingt dernières minutes du métrage. Là encore, c’est dommage car il y avait matière à davantage creuser cette dimension.
Une réalisation sublime
Concernant la réalisation, c’est un sans faute de la part de Sam Mendes. Que ce soit la direction d’acteurs ou la direction photo de Roger Deakins, qui fait encore là un superbe travail avec les lumières, notamment avec la couleur jaune, qui est bien mise en avant. Dés la scène d’ouverture, nous avons été conquis. Les décors et les costumes nous plongent bien au début des années 80. Le rythme d’Empire of Light est assez lent et il y a un petit ventre mou en milieu de métrage, mais les quasi deux heures de durée passent assez bien. Enfin, la musique de Trent Reznor et Atticus Ross est intéressante et assez subtile. Elle s’intègre bien au long-métrage. Elle est discrète quand il faut et accompagne bien les sentiments des personnages. Cela change assez de ce qu’ils font habituellement.
Empire of Light nous a donc plus convaincus sur la forme, avec une superbe réalisation et une Olivia Colman au sommet, que sur le fond, un peu fourre tout, mais qui reste tout de même intéressant par ses thématiques. Un film qui, sans être le meilleur de Sam Mendes, est tout de même à placer dans le haut du panier du réalisateur.