Caractéristiques
- Titre : The Killer
- Réalisateur(s) : David Fincher
- Avec : Michael Fassbender, Tilda Swinton, Arliss Howard, Charles Parnell, Kerry O'malley et Sophie Charlotte.
- Distributeur : Netflix
- Genre : Thriller, Drame, Policier
- Pays : Etats-unis
- Durée : 119 minutes
- Date de sortie : 10 novembre 2023 sur Netflix
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
La psychologie d’un tueur
Nouveau long-métrage réalisé par David Fincher et adaptation de la série de bande dessinée Le Tueur, écrite par Matz et dessinée par Luc Jacamon, The Killer raconte l’histoire d’un tueur à gages, solitaire et froid, qui tue ses victimes méthodiquement, sans scrupules ni remords. Un jour, il va cependant remettre toute son existence en question. Après une catastrophe évitée de justesse, le tueur va se battre contre ses employeurs (et lui-même) dans une chasse à l’homme à travers le monde qui, dit-il, n’a rien de personnel. Un nouveau coup de maître de la part de David Fincher ?
Scénaristiquement, c’est sûrement l’un de ses films les plus simples, mais on comprend aisément l’attrait qu’il a eu à adapter la BD en film tant certains thèmes renvoient directement à sa filmographie. David Fincher a clairement une passion pour les tueurs, ce n’est pas nouveau. Que ce soit dans Se7en, Zodiac ou encore la série Mindhunter (que l’on vous recommande chaudement), il a toujours essayé de les comprendre. Certes, ici, ce n’est pas un tueur en série que nous suivons, mais le parallèle entre les tueurs en série et les tueurs à gages est complètement approprié. La première demi-heure de The Killer est là pour nous le montrer. Le tueur sans nom doit abattre une cible et durant tout ce premier segment, on découvre la mentalité, voire le mantra, du tueur par le biais de la voix-off, qui sera omniprésente. On voit sa préparation, son professionnalisme, sa méticulosité voire ses obsessions (un autre thème récurrent chez Fincher). Le « travail » qu’il doit faire, il l’a fait des centaines de fois mais, cette fois-ci, cela va mal tourner…
Un tournant intéressant
Et c’est là que le long-métrage prend un tournant vraiment intéressant. Après avoir échoué, le tueur sait ce qu’il va se passer et le film se transforme alors en revenge movie tout en continuant de s’immiscer dans la tête du tueur. Celui-ci a beau se dire que tout ça n’est qu’une affaire de business, on comprend clairement que ce n’est pas le cas. La voix-off du tueur, toujours omniprésente, est là pour nous faire comprendre comment les événements vont le changer. Le doute nous sera laissé jusqu’au dernier plan, car peut-il sortir d’une mentalité qu’il a mis des années à construire ? C’est l’une des problématiques du film. Les seuls vrais dialogues du métrage ne seront qu’avec des ennemis, surtout avec l’Experte, qui est le versant féminin du Tueur. La conversation est cruciale pour comprendre la psyché du Tueur. Etant comme lui, elle lui fait prendre conscience de certaines choses et, évidemment, aussi, au spectateur.
Le découpage en chapitres, à la manière d’une bande dessinée, permet autant de donner du rythme que de nous faire passer, assez facilement, d’un cadre à l’autre, car le film est assez globe-trotteur, avec des environnements très différents. Nous ne sommes pas perdus dans l’intrigue ou dans les lieux, loin de là. Par contre, ne vous attendez pas à un film d’action. Le rythme du long-métrage est lent et il n’y a que quelques scènes d’action. Là dessus, la bande-annonce ment sur le produit que vous allez voir. Mais le vrai problème que peut poser The Killer, du moins pour certaines personnes, c’est que le personnage du Tueur étant froid, méticuleux et qu’il n’en a rien à foutre (ce sont ses mots), quand il arrive quelques chose à l’un de ses proches ou à lui, cela manque clairement d’émotion. On ne peut pas s’attacher à ce personnage. Cela pourra sortir certains spectateurs du film.
Une réalisation au millimètre
Est-ce que cela est fait exprès ? Nous le pensons, car la réalisation de David Fincher est le compagnon parfait de son personnage. Toujours le cadre au millimètre près, avec surtout des plans fixes d’une droiture parfaite, il ne s’accorde que très peu de mouvement. Cela arrive lorsqu’un danger intervient ou lorsque, au cours d’une scène, on comprend que le Tueur panique, et là, on a droit à une caméra portée. La caméra suit la psychologie du tueur et son point de vue, autant que le scénario.
La direction photo d’Erik Messerschmidt (qui a reçu l’Oscar de la meilleure photographie pour Mank) est toujours aussi belle que dans ses précédents longs-métrages. On passe de Paris à Saint Domingue aux USA (Floride et New-York) de façon assez fluide, avec des couleurs différentes même si, comme toujours, David Fincher met le jaune à l’honneur. La musique de Trent Reznor et Atticus Ross est moins percutante que d’habitude. Elle est assez peu présente, mais accompagne parfaitement le film.
Fassbender aussi froid que son personnage
Côté casting, il y a peu à dire. Michael Fassbender joue parfaitement le Tueur froid et sans émotion. Il reste stoïque la plupart du temps, ce qu’il fait très bien. Sa voix est aussi bien utilisée pour la voix-off. Elle est aussi froide que son personnage. Le reste du casting n’a que peu de scènes(parfois une seule), mais ils sont tous parfaits dans leurs rôles avec, en tête, Tilda Swinton (Asteroid City) qui, en une scène, nous offre les clés de la psychologie du Tueur, mais nous fait croire aussi à la dangerosité de son personnage. Arliss Howard, Charles Parnell, Kerry O’malley et Sophie Charlotte apportent donc leur savoir faire, même pour un court temps, à l’écran.
Si, sur le plan technique, il n’y a rien à dire, la voix off omniprésente et un rythme lent pourront en déconcerter plus d’un, surtout pour qui s’attend à un déluge d’action. On retrouve tout de même certains thèmes, toujours bien développés, de la filmographie du réalisateur. Pas le meilleur long-métrage de David Fincher, mais The Killer reste une plongée passionnante dans la psychologie, les méthodes et la vie d’un tueur à gages pour qui tout déraille.