Caractéristiques
- Titre : Le Voyeur
- Titre original : Peeping Tom
- Réalisateur(s) : Michael Powell
- Avec : Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley, Brenda Bruce, Miles Malleson, Esmond Knight...
- Editeur : Studiocanal
- Date de sortie Blu-Ray : 31 Janvier 2024
- Date de sortie originale en salles : 21 septembre 1960
- Durée : 101 minutes
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- Note : 8/10 par 1 critique
Image 4K : 5/5
Le Voyeur a été tourné en pellicule 35MM (pas plus d’infos) et le film fait peau neuve avec une restauration 4K à partir du négatif original 35 mm supervisé par Martin Scorsese. Les scans 4K ont été réalisés par Silver Salt Restoration à Londres. La restauration et l’étalonnage ont été faits à Cinéric à New-York. Le film est donc issu d’un master 4K, au format respecté 1.66:1, avec une compression HEVC/H.265, une image BT.2020, et une présentation en Dolby Vision (HDR10).
C’est une superbe restauration que nous avons là. Pour un long-métrage sorti en 1960, nous avons été surpris par la qualité visuelle. Le grain est bien présent, assez fin pour un long-métrage de cette période, homogène et non figé. Il se fait un peu plus important sur 2-3 plans, mais rien de bien grave. Toutes les imperfections de la pellicule (craquelures, points blancs, etc.) ont bien été nettoyés, sauf concernant les scènes de Marc enfant qu’il projette – sûrement pour garder leur aspect authentique. Du côté de la définition, c’est donc très bon. Il y a clairement un voile de netteté supplémentaire par rapport au Blu-ray sorti en 2010. Les détails sur les visages (le gros plan sur le maquillage du bec de lièvre), costumes et décors sont fantastiques. Le tout avec une excellente profondeur de champ, et la stabilité de l’image est parfaite.
En ce qui concerne l’étalonnage en Dolby Vision, les couleurs sont sublimes. Elles ressortent mieux qu’avant. Le rouge de la chambre noire ressort parfaitement. Les autres couleurs primaires aussi, mais le rouge y est particulièrement présent. De façon générale, elles sont bien saturées. Les teintes de peau sont naturelles comme il faut. Du côté des contrastes, c’est aussi beaucoup plus précis. On retiendra les scènes sombres (dans la chambre noire) ou de nuit, qui gagnent grandement en visibilité. On notera aussi que les noirs, dans ces scènes, sont profonds et non bouchés. Aucun problème de compression n’a été détecté. Une magnifique et minutieuse restauration de la part de l’éditeur. Elle nous a surpris, ce qui n’arrive pas souvent. On vous la recommande donc chaudement.
Son : 3/5
Le son a été restauré par BFI National Archive. Studiocanal (Love Actually, Les Autres) nous offre les pistes française et anglaise en LPCM 2.0. Il faut préciser que le mixage original était en stéréo, il est donc logique d’avoir des pistes en 2.0. Celles-ci sont puissantes comme il faut, biens réparties sur les deux canaux, avec la musique et les effets correctement mixés. Il y a quelques effets qui passent bien, comme lors des tournages ou encore la scène finale avec les différents déclenchements de flash. Les dialogues sont clairs pour la version originale. Pour la version française, le doublage est bon. Le volume de ce dernier s’incorpore bien au mixage original. Deux bonnes pistes en 2.0. (NB : le système de notation pour le son est aussi basé sur les différents formats de pistes qui existent actuellement et donc, malgré que ce soit deux bonnes pistes, nous ne pouvons pas mettre plus que la note indiquée).
Bonus : 3,5/5
Nouveau bonus:
- Un livret de 30 pages
- « Le Voyeur » par Sir Christopher Frayling, inédit (27′)
- L’héritage du Voyeur, inédit (37′)
- La restauration du Voyeur, inédit (14′)
Nous commenterons les bonus inédits. Le livret de 30 pages contient une introduction de Martin Scorsese, une analyse du film par Jane Crowther, rédactrice en chef à Total Film et une analyse du scandale autour du film par David Parkinson, critique et historien du cinéma. Un livret passionnant pour bien comprendre le long-métrage, mais aussi et surtout son impact 60 ans plus tard. Le Voyeur par Sir Christopher Frayling, écrivain, analyse le film par rapport au cinéma anglais des années 60 qu’il critiquait, la sortie compliquée du film, l’interview qu’a fait Bertrand Tavernier du réalisateur et l’analyse que le cinéaste avait faite, ainsi que le côté culte du film, qui naquit d’abord en France. Il cite aussi l’article de Laura Mulvey sur le regard des hommes sur les femmes au cinéma et comment Martin Scorsese a fait connaitre le film aux USA. Une bonne featurette et analyse du film qui le replace dans son contexte de création.
Dans L’héritage du Voyeur, Anna Bogutskaya, auteur et critique, et Rhianna Dhillon, critique, discutent de la manière dont elles ont découvert le film, de ses thèmes, des personnages, de la fin du long-métrage et de la manière dont le film était en avance sur son époque. Une discussion sympathique et différente de l’analyse précédente, tout en étant assez complémentaire. Enfin, la restauration du Voyeur nous montre les différentes étapes d’une restauration entre la numérisation, l’étalonnage et la restauration du son. Si vous voulez comprendre les étapes, mais aussi les difficultés de restaurer un film qui a plus de 60 ans, ce bonus est fait pour vous.
Ancien bonus :
- L’œil du spectateur (19′)
- Introduction de Martin Scorsese (2′)
- Entretien avec Thelma Schoonmaker (10′)
- Commentaire audio du Professeur Ian Christie
Conditions du test
- TV 4K UHD Sony Bravia KD49XF7077SAEP
- Lecteur Blu-ray Samsung 4K UHD UBD-M8500
- Ampli Yamaha 4K UHD YHT-1840
Synopsis
Mark Lewis est un jeune homme énigmatique et solitaire, passionné d’image jusqu’à l’obsession. Opérateur-caméra dans un studio de cinéma, il fait aussi des extras comme photographe de charme dans la boutique d’un marchand de journaux. Son appartement est un immense laboratoire rempli de matériels, d’appareils, de chimie. Là, il développe et visionne seul ses propres films à longueur de temps. La caméra toujours à portée de main, Mark Lewis dit tourner un documentaire mais il s’emploie en réalité à une démarche bien plus morbide: il traque la peur de la mort dans le visage de jeunes femmes…
Le Film
Conspué à sa sortie par la critique, au point d’être retiré des cinémas et presque tombé dans l’oubli jusqu’à ce qu’il ressurgisse et soit réévalué, Le Voyeur est considéré comme le slasher originel, juste avant le Psychose d’Hitchcock. Le scandale et le non succès du film aura ostracisé son réalisateur, Michael Powell. Au delà du film d’horreur, qui prend le point de vue du tueur au point d’avoir de l’empathie pour lui à mesure qu’on découvre son passé, le long-métrage est une satire du cinéma britannique de l’époque.
Le Voyeur était clairement en avance sur son époque et heureusement que ce petit chef d’œuvre a pu être redécouvert. Powell adopte une réalisation très stylisée et très inspirée avec les scènes filmées du point de vue du tueur qui filme, ce qui place le spectateur en à sa place, à sa hauteur. Cela peut paraître simple mais l’idée est, à l’époque encore, révolutionnaire. Un film culte qui mérite clairement son aura.