Caractéristiques
- Titre : Belle Enfant
- Réalisateur(s) : Jim
- Scénariste(s) : Jim
- Avec : Baptiste Lecaplain, Marine Bohin, Marisa Berenson, Albert Delpy, Caroline Bourg, Cybèle Villemagne, Haydee Borelli et Michael Cohen.
- Distributeur : Octopolis
- Genre : Comédie, Drame
- Pays : France
- Durée : 102 minutes
- Date de sortie : 24 juillet 2024
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- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Premier film écrit e réalisé par dessinateur de BD Jim, Belle Enfant raconte l’histoire d’une famille atomisée. Une fratrie de 3 jeunes femmes est forcée de se rejoindre en Italie à la suite de la tentative de suicide de leur mère. Mais Lorsque Emily, la benjamine, apprend qu’il n’y a eu en vérité aucun problème, cette alerte étant juste un prétexte de leur maman pour les rassembler, elle décide de parcourir seule le pays, où elle fera la rencontre de Gabin, jeune homme mystérieux, qui l’aidera à affronter sa famille.
Une sous-intrigue qui brise le rythme
Ce projet est, comme la famille dont il raconte l’histoire, au bord de l’explosion. Nous avons l’impression que beaucoup de thématiques sont traitées en même temps, mais que la ligne directrice n’est pas claire durant la première partie du film. L’introduction est engageante et les premiers signes de caractérisation des personnages donnent une idée de la relation et des différences entre chaque sœur. Mais dès que celles-ci se séparent, nous partons dans une sous-intrigue qui va s’étirer sur beaucoup trop de temps. Cette partie est dédiée à l’introduction de Gabin et au développement de sa relation avec Emily… Mais cela n’a rien à voir avec ce que nous avons vu auparavant et casse le rythme instauré jusque-là.
Le réalisateur aurait pu couper quarante minutes de film et réorganiser le scénario de manière à nous investir dans l’histoire. En effet Gabin joue un rôle dans le film plus tard, mais leur relation n’est pas si importante que cela rétrospectivement. L’intérêt du film réside dans sa deuxième partie : les relations intra-familiales et la reconstruction de ces liens brisés. Quand le film s’y attarde, le tout est plutôt bien traité, malgré un jeu d’acteurs parfois en demi-teinte. Le dialogue, façon BD, n’est pas toujours naturel. C’est le même problème avec la durée et la trame narrative secondaire : cela peut fonctionner dans une BD ou un livre, où nous avons le temps. Mais, dans un format cinématographique, si les relations ou le thème développé n’ont pas d’intérêt pour l’histoire principale, il vaut mieux les couper. L’impression renvoyée par certaines scènes est un trop plein. Nous avons la sensation que le scénariste essaye d’appuyer certaines émotions par le dialogue plutôt qu’en laissant les acteurs jouer.
Des moments d’émotion coincés entre des scènes vides
L’écriture de la seconde partie du film est plus aboutie. Les scènes fonctionnent et touchent les bonnes cordes. Malheureusement, le vide des dialogues entre deux bonnes scènes va en dérégler la dynamique. C’est en particulier le cas avec les notes d’humour, qui empêchent de prendre une partie du drame au sérieux. Nous pouvons même dire que le drame ne traite pas suffisamment le sujet de la dépression ou le point de vue de la mère.
Le scénario aurait pu s’attarder beaucoup plus sur les sensations de la maman. Nous n’avons jamais vraiment de point de vue interne. Cela peut être un choix conscient, les autres personnages n’ayant aucune idée de ce qui se passe dans la tête de leur génitrice. Mais cela nous empêche de ressentir de l’empathie pour elle.
Des décors italiens superbes
Même si les dernières scènes essayent de palier à ce manque, nous avons perdu tellement de temps sur d’autres choses que le récit manque d’impact au final. C’est trop peu, trop tard. Le manque de double point de vue rend parfois les personnages principaux antipathiques Nous ne voyons ni leur vraie souffrance face à la maladie de leur mère, ni la vulnérabilité de celle-ci, forcée de cacher sa condition. L’intention et les thèmes sont intéressants. Mais la qualité globale du film est ternie par des développements inopportuns ou mal placés.
Malgré cela, on ne peut que saluer l’attention qui a été placée dans les décors, l’Italie s’y prêtant à merveille. Ce qui permet des plans intéressants même si, en termes de mise en scène, nous n’avons là rien de bien inventif. C’est bien cadré, sans plus-value réelle. Belle Enfant est donc un petit acte manqué. Le film aurait bénéficié, à la fois d’une réduction de sa durée, et d’un développement plus approfondi de certains thèmes.