La Tête dans les Nuages, célèbre enseigne d’arcade fondée à l’origine en 1992 par le publicitaire Philippe Gimond avec plusieurs associés (dont Alain Prost, ex pilote de F1), a connu des débuts prometteurs, atteignant son apogée avec une trentaine de salles dont 3 à l’étranger mais , hélas, sans jamais être bénéficiaire. Ainsi, le groupe est placé en redressement judiciaire en 1999.
Néanmoins, en 2014, l’enseigne renaît de ses cendres avec un nouveau propriétaire, Michael Aknin et la réouverture de la salle d’arcade à Paris Opéra. A partir de là, l’enseigne se ressaisit et entérine un concept qu’elle ne cessera de pérenniser par la suite, orienté vers un public familial avec des jeux pour petits et grands. Malgré un marché en constante évolution, elle a su prouver au fil du temps sa résilience, ainsi que sa capacité à rester tournée vers l’avenir et son public.
Adoptant une politique de diversité en termes de propositions (entre autres en fonction de l’âge), on y retrouve autant des jeux dynamiques (bowling, air hockey, basket), des jeux VR (Godzilla Kaiju Wars VR) que des attractions interactives (Le Cinéma dynamique ou le nouveau Hurricane). Tout au plus pouvons-nous déplorer l’absence de jeux « vintage » mais, même sur ce point, un effort a été fourni par la modernisation de certains « dinosaures » du gaming comme Space Invaders ou encore Pac Man.
A l’occasion de l’ouverture récente de leur nouveau centre à La Défense (le huitième en France), nous avons interrogé, sous forme d’interview téléphonique, M. Philippe Sauze, actuellement directeur Général de La Tête dans les Nuages et possédant une solide expérience du monde du jeu vidéo (avec entre autres, 15 ans chez Electronic Arts, dont une partie comme Directeur Général, puis chez Blizzard Entertainment à la Direction Générale Européenne) afin de mieux comprendre les raisons de ce succès.
Culturellement Vôtre : Bonjour M. Sauze et merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Pour commencer, pouvez-vous nous dire depuis quand l’enseigne existe ?
Philippe Sauze : L’enseigne La Tête dans les Nuages existe depuis 1992 en collaboration avec Alain Prost (qui en fut l’un des cinq fondateurs), mais notre première antenne, celle de Paris Opéra, date de 2014. Viennent ensuite les centres de Lyon Confluence en 2018, Aéroville, Nice Cap 3000, Carré Sénart, Evry et Lyon Part Dieu en 2021. La Défense, qui est notre dernier centre, a ouvert en 2024.
C.V. : En moyenne, combien de visiteurs comptez-vous dans votre établissement, que ce soit en termes de jour, semaine, mois, ou année ?
Philippe Sauze : Nous oscillons entre 600k € et 1,2 million de visiteurs (pour notre antenne de Paris Opéra, actuellement la plus performante). Le concept est le même partout : luminosité, clarté sont ce que nous recherchons avant tout à mettre en avant auprès de notre clientèle.
C.V. : Pouvez-vous nous décrire le profil de vos clients ?
Philippe Sauze : Tout dépend du moment de la journée, nous avons une certaine mixité pour les jeux arcades, mais je dirais que ce sont davantage les familles qui viennent en journée et les adolescents avec les transgénérationnels en fin de journée/soirée.
C.V. : Quelles formules proposez-vous à vos clients ?
Philippe Sauze : La formule phare la plus consommée par nos clients est celle à 20-30 €, qui représente 75 % de notre chiffre. J’ajoute que les modes de paiement sont à base d’un système de paiement par carte magnétique pour sécuriser les familles et consommateurs. Cela permet d’atteindre plus aisément une fidélisation de notre clientèle.
C.V. : Quel budget dépensent les clients en moyenne ?
Philippe Sauze : Je répondrais encore le forfait 20-30 €, où je rappelle que le taux de recharge est le plus important.
C.V. : Pouvez-vous nous désigner vos 3 meilleures arcades ?
Philippe Sauze : Nos 3 arcades les plus populaires sont le jeu de Boxe, suivi du Basket et, en dernier, le Air Hockey. Pour ce qui est de nos jeux, le premier sera Need for Speed, un jeu de simulation de courses de voitures, suivi de Fast N Furious, encore un jeu de voitures et, en dernier, les jeux de motos. Après, nous essayons de développer un attrait de la clientèle vers le Cinéma dynamique, le bowling, le Rodéo et le Hurricane, qui est une attraction de Réalité Virtuelle. Jusqu’ici, la clientèle semble y répondre favorablement.
C.V. : Quelles sont vos dernières nouveautés ?
Philippe Sauze : Nos dernières nouveautés sont l’attraction 4 places en Réalité Virtuelle, les motos blizz, les jeux à licences tels Need for Speed et Fast N Furious et le Sniper Elite, pour lequel la clientèle semble montrer moins d’intérêt ou de curiosité pour le moment malgré un niveau de réalisme assez saisissant.
C.V. : Quels sont vos projets futurs ?
Philippe Sauze : Je ne peux pas répondre avec précision à cette question, mais nos 3 prochains projets seront encore en région parisienne, dont l’un à Noisy Le Grand au sein du centre commercial.
C.V. : Comment expliquez-vous le regain de fréquentation des salles d’arcades ?
Philippe Sauze : Je pense que c’est davantage lié au Covid dans un premier temps, où les gens ont été contraints de rester enfermés chez eux, puis par la suite ont eu besoin de se défouler, de renouer avec une vie sociale et, comme nous présentons une activité communautaire, cela répond à la demande de la clientèle. De plus, nous créons de la fidélité avec les soirées Freeplay un lundi de chaque mois pendant 3h. Ces soirées consistent à disposer de toutes nos arcades et jeux gratuitement pendant 3h après réservation de 30 €.
C.V. : Pouvez-vous nous parler de vos perspectives financières pour cette année et les suivantes ?
Philippe Sauze : Nous restons optimistes quant au marché, que nous savons en essor d’activité. De plus, notre rendement fluctue souvent selon des éléments extérieurs, comme les périodes scolaires et les conditions climatiques – la pluie notamment.
C.V. : Quelle est la part commerciale de la VR ? Son avenir selon vous ?
Philippe Sauze : Il faut déjà dissocier les VR Arcades des animations VR. Pour ce qui est des VR Arcades, la tendance est plutôt plate, mais nous sommes obligés d’en avoir dans une optique de variété. Toutefois, l’effort est modéré. Pour ce qui des animations VR (cinéma dynamique, par exemple), nous renforçons les équipes, mais les coûts d’entretien sont très importants quoi qu’il en soit.
C.V. : Avez-vous quelque chose que vous souhaitez ajouter et dont nous n’avons pas parlé ?
Philippe Sauze : Oui, je souhaiterais préciser que nous présentons également un produit anniversaire à base de réservation de m² avec la privatisation d’une table pendant 1h30. Ces réservations peuvent aller jusqu’à 200 personnes à Opéra ou 300 personnes à la Défense pour les familles qui auraient des idées surprises à offrir à leurs proches.
Après l’interview avec M. SAUZE, que je remercie à nouveau pour le temps qu’il m’a consacré, je souhaite conclure avec mon sentiment personnel suite à ma visite des locaux de La Tête dans les Nuages Opéra et son homologue de La Défense.
Si le premier séduit par une ambiance plus chaleureuse, le second site impressionne par la grandeur de ses locaux – 3900 m², soit plus du double qu’à Opéra voire des autres sites. Après avoir testé une partie des attractions, je suis également d’accord avec le fait que les plus impressionnantes ne sont pas toujours les plus ludiques au final – à quelques exceptions près, mais chacun se fera sa propre opinion.
Néanmoins, la diversité des propositions suffit à emporter l’adhésion, du moins au bout d’un moment, car il faudra faire un peu chauffer la carte au début, le temps d’en essayer plusieurs et de trouver ceux qui nous procurent le plus de plaisir. Après – et selon les finances de chacun – on finit vite par se prendre au jeu.