L’exposition L’art de James Cameron présentée à la Cinémathèque Française à Paris jusqu’au 12 janvier 2025 plonge au cœur du processus créatif du cinéaste en retraçant son parcours, de ses débuts d’amateur de comics et de science-fiction remplissant de ses dessins des carnets d’illustration entiers jusqu’aux deux premiers films de sa saga Avatar. Dessins, concept arts, maquettes, accessoires de tournage et documents de travail issus des archives privées du cinéaste sont présentés au sein d’une scénographie ludique et immersive à souhait.
De rares et impressionnantes œuvres de jeunesse
La première partie de l’exposition est consacrée aux œuvres de jeunesse du cinéaste : des dessins, peintures et croquis inspirés de la littérature et du cinéma de genre, mais aussi des comics. Parmi eux, un croquis préparatoire présenté dans le cadre d’un concours artistique d’Halloween qu’il remporta en 1969 à l’âge de 15 ans : un homme à tête de citrouille en costard sur fond de pleine lune, que l’on imaginerait bien en couverture d’un des comics que le futur réalisateur d’Aliens et Titanic dévorait adolescent.
Pour le reste de ces œuvres présentées, ce sont particulièrement celles inspirées par la science-fiction et certains de ses thèmes de prédilection qu’il explorera par la suite à travers ses films (fusion de l’homme et de la machine, l’autodestruction de l’humanité…) qui sont mises en avant. On peut ainsi admirer une peinture manifestement inspirée de 2001 : l’odyssée de l’espace (le roman d’Arthur C. Clarke, avant la sortie du film de Kubrick), des couvertures imaginaires de romans pulp d’horreur… On trouve également quelques peintures et planches de bande dessinée tournant autour de l’aviation et inspirées du Baron Rouge.
Vient ensuite une section consacrée aux débuts du jeune James Cameron, fraîchement diplômé de l’université de Fullerton, dans le monde du cinéma, où, après avoir peint des affiches et travaillé sur un projet de film de science-fiction dont beaucoup de dessins au stylo bille et concept arts assez saisissants sont présentés ici, il débute au sein de l’atelier de maquettes de la New World Pictures dirigé par Roger Corman, le célèbre réalisateur et producteur hollywoodien pour lequel il sera maquettiste, matte painter, directeur artistique et chef décorateur avant, enfin, de pouvoir accéder au Graal : un premier poste de réalisateur sur la série B Piranha II en 1981 dont le tournage fut quelque peu mouvementé, pour ne pas dire catastrophique. Les illustrations et concept arts réalisés pour Corman sont là encore de toute beauté et d’autant plus intéressants à découvrir qu’il s’agit de pièces rares et qui, si elles sont fidèles à l’univers du réalisateur de films de séries B, dévoilent déjà tout un pan de l’imaginaire de Cameron qui s’épanouira pleinement à l’écran par la suiteune fois qu’il sera passé derrière la caméra.
Une exposition immersive, au coeur des films cultes du réalisateur
Les salles consacrées aux films cultes du cinéaste sont évidemment les plus ludiques du point de vue de la scénographie, et les fans de ces blockbusters auront le plaisir d’admirer certains artefacts de tournage, comme le célèbre T-800 de Terminator 2 ou encore une tête en métal de xénomorphe issue d’Aliens : Le retour (1986). Les deux premières salles consacrées aux films de science-fiction font, de manière intéressante, le choix de ne pas faire une présentation film par film, mais par thématique. Nous avons ainsi « Corps augmentés » (Terminator et Terminator 2, Aliens) et « Vers le cosmos », qui est en réalité une présentation d’un projet de film de science-fiction, Xenogenesis, sur lequel Cameron travailla avec des copains de fac avant de faire ses premiers pas de réalisateur pour les studios. On découvre dans cette courte section de splendides peintures de paysages, personnages et scènes de science-fiction très inspirées des univers SF des années 50 à 70. Tristement en revanche, les fans d’Abyss et True Lies (dont l’auteure de ces lignes fait partie) n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Évidemment, Titanic est joliment mis en valeur (mais pas plus que de raison) : on retrouve les fameuses portes ajourées du paquebot que pousse Rose lors du final onirique et une salle circulaire aux allures d’épave remplie des croquis réalisés par Cameron pour le film aux onze Oscars, dont le fameux portrait de Kate Winslet nue, dont nous pouvons aussi découvrir deux variantes, belles mais moins marquantes. Les autres croquis présentés sont principalement des croquis des autres passagers ou des passants représentés dans les peintures que Jack a emmenées avec lui.
Actualité oblige, les deux premiers Avatar sont évidemment pas mal mis en avant : bustes conceptuels de Na’vi, character design et concept arts, maquettes de personnages…
En fin d’exposition, on retourne sur les traces d’Aliens avec, là encore, toute une série de dessins assez impressionnants, un Xénomorphe grandeur nature ou encore un œuf d’alien, issu d’une scène iconique, avant de conclure sur la thématique de l’apocalypse, où l’on revient à des dessins, illustrations et concept arts de jeunesse afin de boucler la boucle. Un petit espace de pause dans la forêt d’Avatar au pied de l’arbre qui accueille l’âme du personnage de Sigourney Weaver dans le premier film, et nous voilà prêts à repartir vers la terre ferme une fois passé le rideau lumineux…
Au final, L’art de James Cameron est une véritable réussite, et l’une des plus belles expositions que la Cinémathèque Française ait présentées ces dernières années. Le parti pris de faire la part belle aux œuvres graphiques de jeunesse du cinéaste américain, et de faire une présentation par thématique plutôt que par film, est également une excellente idée, qui permet de mettre l’accent sur l’imaginaire de l’artiste, le présentant comme un auteur à part entière et non comme un simple artisan de l’industrie hollywoodienne comme on a trop souvent voulu le présenter.
Exposition L’art de James Cameron à la Cinémathèque Française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris (M°14 et 6, Bercy). Jusqu’au 12 janvier 2025. Ouvert de midi à 19h en semaine (fermeture le mardi) et de 11h à 20h le week-end. L’exposition sera fermée le 25 décembre. Infos pratiques et réservations sur le site de la Cinémathèque.