Caractéristiques
- Titre : Ad Vitam
- Réalisateur(s) : Rodolphe Lauga
- Scénariste(s) : Guillaume Canet et Rodolphe Lauga
- Avec : Guillaume Canet, Stéphane Caillard, Nassim Lyes, Zita Hanrot, Alexis Manenti, Johan Heldenbergh, Etienne Guillou-Kervern...
- Genre : Thriller
- Pays : France
- Durée : 1h36
- Date de sortie : 10 janvier 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Frank Lazareff, un ancien membre du GIGN, vit désormais avec sa femme Léonore et se prépare à être père. Mais un groupe armée lié à son passé fait irruption chez lui et kidnappe sa femme. À présent il n’a plus que quatre heures pour leur apporter ce qu’ils veulent…
La forme au service du fond
Ad Vitam de Rodolphe Lauga s’impose comme un thriller dramatique d’une grande maturité, porté par une mise en scène élégante et un scénario qui prend le temps de développer ses enjeux émotionnels. Loin des artifices ou des excès visuels auxquels le genre cède parfois, le film choisit une approche centrée sur l’humain, la mémoire et les dilemmes moraux. Cette sobriété assumée permet à chaque scène de gagner en intensité, tout en installant un rythme maîtrisé qui laisse le spectateur s’immerger progressivement dans l’univers du récit.
Guillaume Canet, dans le rôle principal, livre une prestation remarquable, toute en nuances et en retenue. Il incarne un homme rattrapé par des fragments de son passé, cherchant à trouver un sens à ce qui lui arrive et à tracer une ligne claire dans un monde qui lui glisse entre les doigts. Là où beaucoup d’acteurs auraient joué l’excès ou la tension permanente, Canet choisit l’intériorité : un regard qui fuit, une respiration qui s’accélère, une hésitation à peine perceptible suffisent à exprimer la tourmente intérieure de son personnage. Cette sensibilité fait du protagoniste non pas un héros traditionnel, mais un homme profondément humain, vulnérable et crédible dans ses contradictions.
Une histoire classique mais prenante
La réalisation, de son côté, met en valeur son casting et son histoire grâce à des plans souvent épurés, construits autour de lignes simples, laissant la lumière et les ombres faire le travail. Les séquences, qui laissent la place au silence, sont souvent les plus marquantes et permettent à l’image de raconter ce que les mots ne pourraient pas exprimer aussi bien. C’est en insistant sur ces choix que le réalisateur Rodolphe Lauga parvient à instaurer une tension sourde mais jamais forcée.
Le scénario se distingue également par sa capacité à aborder des thèmes complexes sans les simplifier : la place du souvenir dans la construction de l’identité, la fidélité à soi-même, le poids des secrets et la difficulté de tourner la page. L’histoire prend son temps pour dévoiler ses enjeux, et ce choix narratif fonctionne grâce à l’écriture soignée des personnages secondaires, qui enrichissent la trajectoire du héros. Chaque rencontre, chaque échange sert à creuser un peu plus la psychologie du protagoniste et à installer une progression dramatique cohérente.
Bien sûr l’histoire de Ad Vitam n’en reste pas moins classique voire banale, mais c’est dans son traitement qu’elle trouve sa force.
Pas Ad vitam, mais presque
Dans son ensemble, Ad Vitam n’est pas un film qui cherche à impressionner par des effets spectaculaires, mais plutôt à toucher par la justesse de son ton et la force de son interprétation. Guillaume Canet y trouve l’un de ses rôles les plus intimes et les plus maîtrisés, donnant corps à une histoire où le suspense n’est jamais dissocié de l’humanité.
Bien que manquant de la richesse narrative et de la flamboyance d’autres références du genre comme 36 quai des orfèvres, Ad Vitam s’avère une œuvre parfaitement calibrée, qui prouve qu’un thriller dramatique peut être captivant tout en laissant une grande place à la sensibilité et au non-dit.





