Caractéristiques

- Titre : Doux Jésus
- Réalisateur(s) : Frédéric Quiring
- Scénariste(s) : Frédéric Quiring
- Avec : Marilou Berry, Isabelle Nanty, Barbara Bolotner, Néva Kéhouane, Marc Ruchmann...
- Distributeur : UGC Distribution
- Genre : Comédie
- Pays : France
- Durée : 86 minutes
- Date de sortie : 9 avril 2025
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- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Frédéric Quiring (Notre tout petit mariage, La très très grande classe) Doux Jésus raconte l’histoire de Sœur Lucie. Une religieuse dévouée, qui décide de fuir son couvent très strict au bout de 20 ans pour retrouver son amour de jeunesse. C’est pour elle le début d’une aventure extraordinaire dans un nouveau monde plein de surprises et de tentations.
Deux premières parties rythmées et amusantes
On suit donc Sœur Lucie (la très amusante Marilou Berry). Depuis vingt ans, elle vit dans un couvent. Sœur Lucie et les autres sœurs ne savent rien de ce qui se déroule à l’extérieur. Elles ne se basent que sur des ouï-dire et inventent des nouvelles technologies qui pourraient être inventées. Leur seule sortie a lieu tous les deux ans, lors de la visite médicale. C’est à cette occasion que Sœur Lucie commence à recevoir des signes lui indiquant qu’elle doit aider son amour de jeunesse. Elle décide alors de s’enfuir.
Doux Jésus se construit en trois grandes parties. La première nous plonge dans la vie du couvent et met en scène les signes que perçoit Sœur Lucie lors de sa sortie. L’humour y est particulièrement réussi. Le décalage entre la vision du monde des sœurs et la réalité extérieure est source de nombreuses situations comiques. Notamment grâce à Mère Henriette (la toujours hilarante Isabelle Nanty), qui surveille chaque geste des religieuses.
La première partie est très rythmée, tout comme la seconde, dans laquelle Sœur Lucie se retrouve livrée à elle-même dans le monde d’aujourd’hui. L’humour repose toujours sur son décalage face aux réalités modernes : technologies, vêtements, et même les événements marquants des deux dernières décennies qu’elle découvre avec stupéfaction. Deux gags récurrents se démarquent : l’un autour du téléphone portable et de son assistant vocal, que Sœur Lucie interprète comme une voix divine répondant à ses interrogations. L’autre avec les portes automatiques. D’autres moments comiques fonctionnent bien, notamment lorsqu’elle doit malencontreusement changer de vêtements et se retrouve habillée comme les prostituées qui l’aident.

Un troisième partie qui casse tout
Le problème vient de la troisième partie, où le rythme s’essouffle considérablement. L’enquête pour sauver l’amour de jeunesse de Sœur Lucie, jusque-là en arrière-plan, devient le cœur du récit dans la dernière demi-heure. Elle est alors rejointe par Sœur Constance et Sœur Marthe. Celles-ci sont interprétées respectivement par Barbara Bolotner et Néva Kéhouane, qui s’amusent visiblement dans leurs rôles. Leur périple à pied, évoquant un pèlerinage façon Saint-Jacques-de-Compostelle, les conduit à rechercher la vérité. Et, peut-être, à sauver Sébastien (Marc Ruchmann, convaincant bien que peu présent à l’écran).
Le problème de cette dernière partie est qu’elle est trop attendue dans son développement. On sait d’emblée comment le film va se terminer, et cette partie est aussi la moins drôle. Les gags et répliques se font plus rares, ce qui accentue la perte de rythme. En outre, les flashbacks sur la jeunesse de Sœur Lucie et Sébastien tentent d’expliquer pourquoi elle est entrée au couvent, mais ralentissent encore le récit. Enfin, la fin de Doux Jésus, rattachée au prologue, semble artificielle, comme si elle avait été ajoutée pour atteindre une durée de 1h30. Cela trahit un problème d’écriture dans cette dernière partie.

Un réalisation classique mais efficace
Pourtant, malgré ces faiblesses, le film bénéficie d’un casting efficace, notamment au niveau comique, et d’une réalisation plutôt réussie. Frédéric Quiring reste dans une mise en scène classique, avec un budget visiblement limité qui l’a contraint à quelques astuces de montage, notamment pour les chutes et cascades. La direction artistique est soignée. Les décors du couvent sont austères à souhait, et les décors naturels des villes sont bien choisis. Les costumes, notamment ceux des sœurs, renforcent l’authenticité du film. Enfin, la musique de Matei Bratescot accompagne bien l’ensemble, avec des compositions qui rappellent naturellement les chants catholiques.
Doux Jésus est donc une comédie modeste mais efficace dans ses deux premières parties, portée par un humour qui fait mouche et un rythme enlevé. Malheureusement, cet élan s’effondre dans une troisième partie plus faible. Dommage.