Caractéristiques

- Titre : Eternal
- Titre original : For Evigt
- Réalisateur(s) : Ulaa Salim
- Scénariste(s) : Ulaa Salim
- Avec : Simon Sears, Nanna Øland Fabricius, Viktor Hjelmsø, Anna Søgaard Frandsen, Magnus Krepper....
- Distributeur : KMBO
- Genre : Drame, Science-Fiction, Romance
- Pays : Danemark, Islande, Norvège
- Durée : 99 minutes
- Date de sortie : 30 juillet 2025
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Second long-métrage écrit et réalisé par Ulaa Salim (Sons of Denmark), Eternal raconte l’histoire d’Elias et Anita qui sont jeunes et amoureux. Elias a un jour l’opportunité de réaliser son rêve en devenant scientifique, mais il doit partir et quitter Anita. Des années plus tard, il rejoint une mission périlleuse autour d’une fracture sous-marine. À son contact, d’étranges visions le bouleversent et lui révèlent une autre réalité. Quelle aurait été sa vie s’il avait fait des choix différents ?
L’Amour ou la Carrière
Dans la vie, nous devons faire des choix. Parfois, nous les regrettons. C’est précisément ce que raconte Eternal. Deux jeunes se rencontrent en soirée : Elias (Viktor Hjelmsø, parfait de sensibilité) et Anita (Anna Søgaard Frandsen, la révélation du film grâce à une prestation bouleversante) vivent une histoire d’amour intense. Mais le jeune homme se voit offrir l’opportunité de réaliser son rêve et doit quitter son pays pour les États-Unis. Un rêve qu’Anita ne peut pas suivre. Cette première partie, d’une grosse demi-heure, raconte donc cette romance. Elle est remarquablement bien construite, et surtout crédible grâce à l’écriture et aux réactions justes des personnages. Le dilemme cornélien entre l’amour et la carrière est bien amené, avec une charge émotionnelle sincère. Un léger message écologique se dessine déjà en arrière-plan, pour prendre plus d’ampleur par la suite.
Dans la seconde partie, nous retrouvons Elias (désormais interprété par Simon Sears, émouvant). Il a accompli son rêve : il pilote un sous-marin chargé de colmater une faille sous-marine menaçant la planète. Le message écologique devient ici central, alors que nous suivons de près cette mission décisive. En cas d’échec, la Terre en subirait de lourdes conséquences. Lors de l’une de ses plongées, Elias perd un coéquipier et se retrouve assailli de visions de ce qu’aurait pu être sa vie s’il était resté avec Anita. La science-fiction s’invite alors doucement dans le récit. Une sorte de « Et si ? » qui pousse le personnage à réfléchir à ses choix. Là encore, c’est bien amené et plutôt maîtrisé.

Une belle histoire d’amour, mais…
C’est dans la troisième et dernière partie que le film déçoit. Elias recroise par hasard Anita (désormais incarnée par Nanna Øland Fabricius, qui chante avec une belle voix mais surjoue légèrement). Elle a fait sa vie de son côté. Les deux anciens amants évoquent leurs parcours respectifs, et quelques révélations, prévisibles, viennent ponctuer leurs retrouvailles. C’est ici que le scénario se perd : en tentant de conjuguer message écologique, science-fiction et réflexion sur la thématique des choix de vie, il finit par vouloir trop en faire. Les différentes thématiques ne sont pas suffisamment développées et les longueurs finissent par se faire sentir. Un comble pour un film d’à peine plus d’1h30 !
De plus, le scénariste/réalisateur reprend des idées déjà vues dans Interstellar… sans que le film assume pleinement cette orientation. Le final, visiblement inspiré du film de Nolan, effleure un concept fort sans jamais l’explorer jusqu’au bout.

…un film qui n’assume pas sa dimension SF
C’est d’autant plus regrettable que la réalisation d’Ulaa Salim est globalement convaincante. Tout en restant classique et sans être forcément inspirée, celle-ci se révèle solide. Le réalisateur opte pour un style réaliste pour les scènes tenant de la chronique amoureuse et se révèle à l’aise dans les séquences à effets spéciaux — notamment les scènes sous-marines. Le film bénéficie par ailleurs d’une direction artistique soignée, avec des décors et costumes de qualité. Les effets visuels, bien que loin de la qualité ou de la complexité de ceux des blockbusters, sont très honorables, en particulier lors de la scène d’ouverture ou pour les plans sous l’eau. La musique de Valgeir Sigurdsson, minimaliste, accompagne efficacement les émotions convoquées au sein du récit. Quant au rythme, s’il est lent, on ne s’ennuie pas pendant une bonne heure et demie.
Au final, Eternal laisse un goût d’inachevé. Si la romance est touchante et bien écrite, la dimension science-fiction peine à convaincre, ce qui est dommage. On en vient à se poser cette question : quels choix Elias aurait-il faits s’il avait pu revenir en arrière ? Une interrogation légitime, inscrite au cœur du récit, à laquelle Eternal ne daigne finalement pas répondre. Le film, quoique imparfait, n’en demeure pas moins sincère.