Caractéristiques
- Titre : The Son
- Réalisateur(s) : Florian Zeller
- Scénariste(s) : Florian Zeller, Christopher Hampton
- Avec : Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath et Anthony Hopkins.
- Distributeur : Orange Studio Distribution / UGC Distribution
- Genre : Drame
- Pays : France/Grande-Bretagne
- Durée : 123 minutes
- Date de sortie : 1er Mars 2023
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un drame familial implacable sur le mal-être d’un adolescent
Deuxième long-métrage du Français Florian Zeller en tant que réalisateur et deuxième adaptation de l’une de ses pièces de théâtre, The Son est un drame familial d’une grande sobriété autour de la dépression d’un adolescent et du désarroi de ses parents face à ce mal-être qui semble inexplicable.
Film entièrement porté par la performance de son trio d’acteurs (Hugh Jackman et Laura Dern, très impliqués et crédibles en parents divorcés, et le jeune Zen McGrath, juste d’un bout à l’autre), The Son est une œuvre formellement académique (trop ?), proposant un récit linéaire.
L’histoire commence le jour où la mère de Nicholas s’aperçoit que celui-ci ne se rend plus au lycée depuis 1 mois et va voir son père afin qu’ils puissent tous deux prendre la situation en main malgré leurs différents. A partir de là, le drame déroule les suites de cette découverte, les parents prenant peu à peu conscience que quelque chose ne va pas chez leur fils qui, lui-même, est bien en mal d’expliquer ce qu’il lui arrive, si ce n’est en confiant qu’il a l’impression de « devenir fou ». Pas de grandes révélations ou secret inavouable ici, le film de Florian Zeller ne repose sur aucun twist et se veut anti-démonstratif.
Une œuvre sobre entièrement portée par ses acteurs
Le ton est sobre d’un bout à l’autre, les tonalités de l’image ternes et assez réalistes. La réalisation de Florian Zeller, classique et élégante, sait se faire oublier. De manière générale, la caméra reste au plus près des personnages, dont elle ausculte les moindres oscillations, saisissant regards décontenancés et silences pesants. Rien ne vient nous distraire de ce qui se passe entre les membres de cette famille éclatée où le mal-être du fils agit comme un révélateur, les fêlures du divorce n’étant pas refermées pour les personnages. Mais, même de ce côté-là, le réalisateur n’en fait jamais trop. Quand bien même on pourrait qualifier The Son de « drame psychologique familial », le scénario ne cherche pas à « psychologiser » la situation plus que de raison. Un face à face avec Anthony Hopkins (personnage central du premier long de Zeller, The Father, lui aussi adapté de l’une de ses pièces) et une scène d’introspection du père tiendront lieu de miroir, le père voyant dans les tensions avec son fils celles qui l’opposaient à son propre paternel.
L’évolution de la situation jusqu’à la fin du récit suit, elle, une évolution implacable, où le sentiment d’impuissance de chacun des protagonistes ne fait que s’accentuer et grandir. Le sentiment d’isolement et d’enfermement est d’autant plus grand que la quasi-totalité de l’action se déroule en intérieur, entre l’appartement de la mère et celui du père et de sa nouvelle femme, avec laquelle il vient d’avoir un bébé. Les plans en extérieur sont quasiment absents, comme s’il n’y avait aucune échappatoire. Bien écrit et développé de manière psychologiquement juste, le film touche sans jamais verser dans le pathos, et la fin reste en tête longtemps après le générique.
Un film juste… mais qui manque d’impact
Pourquoi alors a-t-on malgré tout l’impression qu’il manque quelque chose à ce Son pour véritablement nous convaincre ? Peut-être cela tient-il, finalement, aux nombreux dialogues qui renforcent son aspect de « théâtre réaliste » sans que l’image nous apporte grand chose en plus. Le drame de Zeller est un film d’acteurs, ce qui n’est pas nécessairement un défaut et se justifie ici par la volonté du scénario de rester en assez grande partie opaque sur les raisons du mal-être de l’adolescent et d’adopter le point de vue des parents tout en nous faisant ressentir le mal-être teinté d’apathie du jeune homme.
On reste donc sur le « plancher des vaches », prisonniers d’un quotidien morne et, comme on ne peut se raccrocher à rien d’autre si ce n’est au visage des acteurs qui évoluent dans des décors quelconques auxquels la mise en scène s’attache d’ailleurs bien peu, les dialogues prévalent. Des dialogues justes, mais là aussi assez quotidiens. Le film sonne juste et l’issue de l’histoire, la justesse du casting, restent en tête… mais pas les images, ni l’impact émotionnel. Reste néanmoins un film tout à fait recommandable, où point une détresse sourde et un sentiment d’impuissance face auquel Florian Zeller n’apporte aucune réponse, aucune solution ni réconfort.