[Critique] Hot Milk : entre douleur enfouie et désir de liberté

Caractéristiques

  • Titre : Hot Milk
  • Réalisateur(s) : Rebecca Lenkiewicz
  • Avec : Emma Mackey, Vicky Krieps, Fiona Shaw, Vincent Perez, Patsy Ferran...
  • Distributeur : Metropolitan FilmExport
  • Genre : drame
  • Pays : Grande-Bretagne
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : 28 mai 2025
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  • Note du critique : 5/10

Premier long-métrage écrit et réalisé par Rebecca Lenkiewicz et tiré du roman éponyme de Déborah Ley, Hot Milk se déroule par un été étouffant. Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria une station balnéaire du sud de l’Espagne. Elles viennent consulter l’énigmatique docteur Gómez, qui pourrait soigner la maladie de Rose, clouée à un fauteuil roulant. Sofia, jusque-là entravée par une mère possessive, s’abandonne au charme magnétique d’Ingrid, baroudeuse qui vit selon ses propres règles. Tandis que Sofia s’émancipe, Rose ne supporte pas de voir sa fille lui échapper – et les vieilles rancœurs qui pèsent sur leur relation vont éclater au grand jour…

Une relation mère-fille bien explorée

Hot Milk se découpe en trois grandes parties. Dans la première, nous apprenons à connaître Rose (Fiona Shaw, toujours au sommet en termes d’interprétation) et sa fille Sofia (Emma Mackey, capable d’une grande subtilité, mais aussi de quelques excès de jeu). Rose est clouée dans un fauteuil roulant depuis des années. Il semblerait que ce soit à cause d’une maladie… mais peut-être pas uniquement. C’est dans ce contexte que mère et fille partent en Espagne, dans l’espoir de trouver des réponses dans une clinique. On comprend vite que Sofia a mis sa vie entre parenthèses : à 25 ans, elle consacre tout son temps à s’occuper de sa mère, répondant à ses moindres besoins. On sent qu’elle est au bord de l’explosion, mais qu’elle parvient encore à se contenir. Une première partie efficace, qui pose bien les bases.

La seconde partie alterne entre les soins de Rose à la clinique où le Dr Gomez (Vincent Perez, impeccable dans son rôle) tente de la traiter et l’évolution de Sofia. Au-delà du simple traitement physique, le médecin s’intéresse aussi au passé de Rose. On comprend alors que son état n’est peut-être pas uniquement dû à une pathologie médicale, mais également à un traumatisme dont seul le corps se souviendrait. De son côté, Sofia entame une relation avec Ingrid (Vicky Krieps, toute en douceur), une jeune femme allemande elle aussi en pleine errance. Leur relation est chaotique, mais elle permet à Sofia d’explorer ses désirs et de se reconnecter à elle-même. Cette deuxième partie souffre cependant de quelques longueurs. Si les relations entre les personnages sont bien développées et que certaines révélations viennent relancer l’intrigue, la transition entre les différentes storylines manque de fluidité.

image fiona shaw hot milk
Copyright Metropolitan FilmExport

Une explosion, une libération

La troisième et dernière partie marque l’explosion de Sofia : les tensions éclatent, que ce soit avec Ingrid ou avec sa mère. Elle ose enfin s’affirmer, se libérer. Cette transformation passe notamment par une métaphore claire, lorsqu’elle relâche un chien. Elle prend les choses en main, aussi bien dans sa relation amoureuse qui survivra ou non que face à sa mère. Cette dernière, de son côté, fait un choix radical, et seule Sofia pourrait l’empêcher d’aller jusqu’au bout. Mais plus encore, elle cherche à ouvrir les yeux de sa mère, quitte à prendre elle-même une décision difficile. Hot Milk ose alors une fin ouverte, laissant au spectateur la liberté d’imaginer la suite. Un choix cohérent, en phase avec le propos du film, et qui fonctionne.

image emma mackey hot milk
Copyright Metropolitan FilmExport

Une mise en scène sobre et un rythme fragile

Sur le plan technique, Rebecca Lenkiewicz s’en sort plutôt bien. Sa réalisation reste sobre, classique, et suit au plus près ses acteurs, qu’elle dirige dans l’ensemble efficacement. On peut toutefois regretter qu’Emma Mackey surjoue parfois sa frustration, en particulier dans la première partie. La réalisatrice tire un bon parti des décors d’Almería. Que ce soit la maison de Rose et Sofia, la ville ou les plages, on sent un véritable attachement à cette région espagnole, même si cela aurait aussi pu être encore un peu plus fouillé, comme une utilisation de couchers de soleil, auraient mérité d’être davantage exploités visuellement et thématiquement.

Lors des scènes à la clinique, Lenkiewicz parvient à restituer une atmosphère d’abord froide, qui s’humanise peu à peu au fil des interactions. Le principal bémol reste le rythme, un peu chancelant. Un long-métrage lent n’est pas un problème en soi, mais ici, c’est davantage la gestion des différentes intrigues qui manque de maîtrise. Enfin, la musique de Matthew Herbert, discrète mais subtile, accompagne avec justesse les émotions des personnages lorsqu’elle se fait entendre.

Avec Hot Milk, Rebecca Lenkiewicz signe un premier long-métrage imparfait, mais sincère et habité. Si le film souffre de quelques déséquilibres narratifs et de passages un peu étirés, il n’en reste pas moins une belle exploration de la dépendance, de l’émancipation et des liens complexes entre une mère et sa fille.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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