Caractéristiques

- Titre : Innocents : The Dreamers
- Titre original : The Dreamers
- Réalisateur(s) : Bernardo Bertolucci
- Avec : Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel...
- Editeur : Metropolitan FilmExport
- Date de sortie Blu-Ray : 16 mai 2025
- Date de sortie originale en salles : 10 décembre 2003
- Durée : 116 minutes
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- Note : 8/10 par 1 critique
Image 4K : 4,5/5
&
Innocents : The Dreamers a été tourné en pellicule 35MM (Panavision Cameras) et le Blu-ray 4K, au format respecté 1.85:1, est issu d’un master 4K avec une compression HEVC/H.265, une image BT.2020, WCG et une présentation en HDR10 et Dolby Vision. Le film a été restauré par la Fondazione Cineteca di Bologna, en collaboration avec Recorded Picture Company, à partir du négatif original préservé CSC – Cineteca Nazionale. La restauration a été supervisée par Fabio Cianchetti, le directeur de la photographie du film.
Dire que le film avait besoin d’une restauration serait exagéré, vu qu’il date de 2003. Mais c’est tout de même une bonne chose que cela ait été fait. Pour commencer, le grain de la pellicule est bien présent. Il est assez fin, tout en étant homogène et non figé. Il n’augmente pas, même lors des scènes sombres, de nuit ou à basse luminosité. Il augmente lors des extraits d’autres films utilisés. Étant plus anciens, c’est normal. Les défauts de la pellicule ont été bien nettoyés et il n’y a pas de problème de stabilité.
La définition est excellente tout au long du visionnage, ce qui est rare pour un long-métrage datant du début des années 2000. Il y a un très gros bond en avant en termes de netteté par rapport à l’ancienne édition de 2004, qui était uniquement disponible en DVD. Le film n’avait jusqu’ici jamais connu de sortie Blu-ray, donc pas de version HD ou UHD avant cette édition. Les détails sur les visages sont impeccables, avec un rendu très naturel. Les textures des costumes et des décors (notamment celui de l’appartement) sont plus palpables, et on remarque même certains détails que l’on n’avait pas perçus auparavant.
Côté étalonnage, c’est fidèle à ce que l’on avait pu découvrir en salle et avec le DVD. C’est clairement une mise à jour visuelle. Les couleurs restent naturelles, sans vraie prédominance, même si les teintes brunes sont assez présentes. Elles sont bien saturées, sans excès. Les scènes extérieures dans Paris bénéficient d’une belle luminosité, tandis que l’intérieur de l’appartement, plus sombre, gagne en lisibilité. Les couleurs primaires ressortent bien également. Les contrastes sont plus précis grâce au HDR et au Dolby Vision. Les scènes nocturnes (notamment la séquence finale) y gagnent en profondeur, avec des noirs travaillés, profonds et non bouchés.
Les blancs sont, eux aussi, bien gérés, comme on peut le voir sur certains vêtements d’Eva Green. Les couleurs chair, très fréquentes étant donné la grande présence de nudité à l’écran, sont parfaitement respectées. La profondeur de l’image est également au rendez-vous. En revanche, on a tout de même détecté pas mal de problèmes de compression, avec plusieurs saccades, tout au long du film. Cela a pu nous sortir du visionnage par moments. Cela reste néanmoins une très belle restauration, fidèle au matériel original, qui nous permet de redécouvrir le film, notamment dans ses séquences les plus sombres.
Son : 4/5
Metropolitan FilmExport (Criminal Squad : Pantera, Azrael) nous propose ici deux nouvelles pistes restaurées en DTS-HD Master Audio 5.1. Deux pistes similaires, que ce soit au niveau de la puissance ou du mixage sonore. Elles se révèlent précises, bien réparties, mais peu amples. L’ensemble reste assez frontal, ce qui est logique étant donné le type de film que nous avons là. Innocents : The Dreamers repose avant tout sur ses dialogues, même si quelques effets viennent ponctuellement enrichir l’ambiance.
On notera, notamment dans l’appartement, les cris de révolte de Mai 68 que l’on entend dehors. Les scènes en extérieur dans Paris sont clairement les plus dynamiques, avec une bonne gestion des effets urbains, de la pluie, des cris, ou encore des explosions (surtout en fin de film). Les canaux arrières sont alors bien exploités, tout comme lors de la diffusion des musiques de films et des chansons utilisées durant tout le long-métrage.
Le caisson de basse reste discret, n’intervenant que lors des morceaux musicaux ou des séquences explosives de la fin. Les dialogues sont parfaitement clairs en version originale, qui intègre d’ailleurs une bonne dose de français. Le doublage français est de bonne qualité, bien intégré au mixage d’ensemble. Au final, deux belles petites pistes, sans prétention, mais largement suffisantes pour le film.
Une seconde piste anglaise est également disponible en DTS-HD Master Audio 2.0. Elle est parfaitement répartie sur les deux canaux, que ce soit pour la musique, les chansons, les quelques effets ou encore les dialogues, clairs et bien mixés. Une piste alternative efficace, qui fait le travail sans en faire trop.
Bonus : 4/5
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- Un livret de 56 pages
- Documentaire « Cinéma, Sexe, Politique » (50′)
- Making of (5′)
- Entretiens avec l’équipe (25′)
- Images du tournage (11′)
- Commentaire audio
Le livret de 56 pages s’ouvre sur Non Coupables, une analyse du film signée Nicolas Rioult. Celle-ci s’avère pertinente, même si elle s’égare parfois dans des apartés, qui restent toutefois justes et intéressants. Langlois sous trois angles permet de mieux comprendre le contexte de l’époque où se déroule l’intrigue du film. Innocents vu par Gilbert Adair est un texte du romancier dans lequel il revient sur l’adaptation de son propre roman au cinéma : un témoignage passionnant. Balade dans Paris nous fait visiter les lieux emblématiques de la capitale ainsi que l’appartement qui servent de décor au film. Enfin, Les films du film recense les extraits cinématographiques utilisés, tout en expliquant ce qu’ils apportent à la narration et à la caractérisation des personnages.
Le documentaire Cinéma, Sexe, Politique, produit par la BBC en 2004, constitue le véritable making-of du film. Long et complet, il revient, en compagnie de l’équipe du film, sur le tournage dans son ensemble, les thématiques abordées, et surtout sur la dimension politique de l’œuvre, mise en parallèle avec les événements de Mai 68.
Le making-of est une courte featurette qui explore l’histoire, les thèmes, le contexte de Mai 68 tel qu’il se reflète dans les personnages, les acteurs, et le décor de l’appartement. On y trouve des interviews du réalisateur, des comédiens et de l’équipe technique. Un bonus clairement promotionnel, mais agréable à découvrir.
Les entretiens avec l’équipe sont répartis en plusieurs segments. Dans le premier, Bernardo Bertolucci revient sur le choix des acteurs, la transposition du roman en scénario puis en film, la présence de Gilbert Adair sur le tournage, l’appartement considéré comme un personnage à part entière, les citations musicales en plus des extraits visuels, la reconstitution de la scène de Bande à part, les thèmes centraux du film, la relation entre Théo et Isabelle, et la comparaison avec Le Dernier Tango à Paris.
Michael Pitt, Eva Green et Louis Garrel évoquent quant à eux leur collaboration avec le réalisateur, le premier jour de tournage, l’inspiration pour leurs personnages, ainsi que la dimension politique du film. Gilbert Adair et le producteur reviennent sur les thématiques de l’œuvre, les extraits cinématographiques intégrés, le contexte de Mai 68, la genèse du projet et le choix d’un décor unique. Des interviews très riches qui éclairent la conception du film.
Enfin, les images du tournage sont des rushes bruts, sans commentaire. Elles permettent d’observer le travail du réalisateur et des acteurs sur le plateau, au plus près du processus de création.
Conditions du test
- TV 4K UHD Sony Bravia KD49XF7077SAEP
- Lecteur Blu-ray Samsung 4K UHD UBD-M8500
- Ampli Yamaha 4K UHD YHT-1840
Synopsis
Isabelle et son frère Théo, restés seuls à Paris pendant les vacances de leurs parents, invitent chez eux Matthew, un étudiant américain. Dans cet appartement où ils sont livrés à eux-mêmes, ils vont fixer les règles d’un jeu qui les amènera à explorer leur identité émotionnelle et sexuelle. Au fil des heures, la partie s’intensifie, les sens et les esprits s’exacerbent.
Le Film
Avec Innocents (The Dreamers), Bernardo Bertolucci livre un huis clos sensuel et enivrant, baigné par la lumière trouble de l’année 68. À travers le triangle formé par les jeunes Isabelle, Théo et Matthew, le cinéaste explore, avec une grande finesse, la confusion des sentiments, des corps et des idéaux politiques. Le film séduit par sa mise en scène fluide et son amour du cinéma, qui innerve chaque plan. Il enchaîne les hommages, tant par l’intégration d’extraits que par l’utilisation de bandes originales iconiques, à Godard, Truffaut, Chaplin, Keaton ou Murnau. On notera aussi la justesse de l’ensemble du casting, avec une Eva Green dans son tout premier rôle, véritable révélation, d’une intensité magnétique.
Souvent comparé, à juste titre, à Le Dernier Tango à Paris pour certains de ses thèmes, Innocents est une œuvre charnelle, à la fois intime et politique, qui capte un moment suspendu entre l’innocence, sa perte, et la prise de conscience. Sans doute l’un des derniers grands films de Bertolucci, porté par une sensualité frontale et une mélancolie diffuse qui ne cessent de hanter.