Caractéristiques
- Titre : The Birth of a Nation
- Réalisateur(s) : Nate Parker
- Avec : Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller, Jackie Earle Haley, Mark Boone Jr., Colman Domingo, Naomi King
- Distributeur : 20th Century Fox France
- Genre : Biopic, Historique, Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 110 minutes
- Date de sortie : 11 janvier 2017
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Première réalisation de l’acteur Nate Parker, The Birth of a Nation est l’histoire vraie de Nate Turner, un esclave cultivé et prédicateur, qui vit chez un « bon » propriétaire, Samuel Turner. Ayant des difficultés financières, celui-ci va utiliser le don de prêcher de Nate dans d’autres propriétés esclavagistes afin d’assujettir des esclaves indisciplinés. Observant comment le quotidien se déroule chez les autres, Nate commence à comprendre que cela ne peut plus durer et décide de mettre un plan au point pour délivrer les esclaves 30 ans avant la guerre de Sécession.
Alors, ce premier film est-il à la hauteur du résultat escompté ? Pour dire les choses sans détour, on dira que The Birth of a Nation est à moitié réussi. Sur le plan de la narration, Nate Parker prend son temps pour nous présenter Nate Turner. La première partie s’intéresse à sa jeunesse, la seconde à son adolescence, la troisième à sa vie d’adulte, la quatrième à la découverte des autres plantations, tandis que le dernier acte se concentre sur la révolte. Si l’on considère que l’on se trouve en présence d’un biopic, le film est plutôt complet. Le problème est que le réalisateur veut tout nous expliquer, ou tout nous démontrer par l’image, alors qu’il n’en a pas nécessairement besoin, ce qui donne au film un rythme ampoulé. En conséquence, il y a quelques longueurs, et l’on pourrait aisément retirer 10 à 15 minutes pour obtenir un métrage plus rythmé. Par ailleurs, on sent qu’il s’agit d’une première oeuvre et que Parker ne veut pas prendre de risque : il hésite, et opte finalement pour la sécurité, d’où une réalisation classique et assez quelconque.
Du côté des thèmes explorés dans Birth Of A Nation, Parker fait cependant un sans faute : il arrive à gérer l’évolution du personnage, la perte de son innocence, la découverte du monde et, enfin, sa révolte. Il parvient également très bien à faire passer le fait que Turner, qui est un prêcheur un peu illuminé, se voit comme un envoyé de Dieu, sans pour autant appuyer sur ce point à outrance. Concernant la reconstitution, on retrouve bien la Virginie de l’époque, et les décors sont imprégnés de cette période, de cet État, facilitant notre immersion dans l’histoire.
Côté casting, Nate Parker offre une direction d’acteurs impeccable, preuve de son implication totale dans le projet, et d’une bonne compréhension de ses interprètes grâce à son expérience de comédien. Armie Hammer livre une performance convenable dans le rôle de Samuel Turner, même si le revirement scénaristique du film n’est pas forcément à son avantage ; en somme, il est plus convaincant durant la première moitié du film et moins crédible dans l’action et la violence. Naomi King est quant à elle excellente dans le rôle de la femme de Nate. Enfin, et comme toujours, Jackie Earle Haley interprète parfaitement un sadique, ici un chasseur d’esclaves en fuite. Un casting qui se tient et permet de passer un agréable moment.
Pour le reste, comme dit plus haut au sujet de la mise en scène, la photo de Birth Of A Nation, quoique belle, est trop classique et ne prend aucun risque. Le montage est plutôt bien géré : il donne un rythme lent assez appréciable, en dépit des quelques longueurs mentionnées. La musique de Henry Jackman se veut discrète et ancrée dans l’époque et atteint parfaitement son objectif de ce point de vue, renforçant l’immersion.
En définitive, The Birth of a Nation est donc un premier film honnête, doté de quelques longueurs et d’une réalisation sans risques, mais aidé par un bon casting, très impliqué, et une exploration intéressante des thèmes du racisme et de l’esclavage, appuyé par une bonne reconstitution d’époque.