Caractéristiques
- Titre : La loi du colt
- Titre original : Al Jennings Of Oklahoma
- Réalisateur(s) : Ray Nazarro
- Avec : Dan Duryea, Dick Foran, Gale Storm, Gloria Henry, Guinn Williams, Stanley Andrews, Raymond Greenleaf
- Editeur : Sidonis Calysta
- Date de sortie Blu-Ray : 9 mai 2017
- Date de sortie originale en salles : 1951
- Durée : 79 minutes
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- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 4/5
Sidonis Calysta (Le souffle de la violence, Massacre à Furnace Creek) nous livre là une véritable belle pièce pour tout cinéphile qui se respecte. La loi du colt est un film rare, très rare, et la qualité de l’image est au-delà de ce qu’on pouvait en espérer. Mis à part quelques plans un peu saturés, et des contrastes parfois trop prononcés, ce master nous a semblé très agréable à la découverte. Et c’est surtout grâce à l’absence quasi totale de scories, et une définition constante. Notons, aussi, que le format d’origine (un académique 1.34) est respecté.
Son : 4/5
La loi du colt est proposé dans une unique version originale, sous-titrée en français, dans un Dolby Digital 2.0 tout à fait satisfaisant. Si l’ensemble manque un chouïa d’ampleur, on est carrément conquis par la propreté de l’ensemble. Un très léger souffle peut se faire entendre à l’occasion, mais il faut réellement tendre l’oreille. L’équilibre du mixage, quant à lui, ne souffre d’aucune fausse note.
Bonus : 2/5
Deux modules sont au programme de la section bonus de La loi du colt : un duo de présentations. La première, assurée par Patrick Brion (9 minutes), est un peu trop hors sujet, même si l’on apprécie la verve calme de l’historien du cinéma. On aurait aimé plus de dimension analytique. Le second module est animé par François Guérif (9 minutes), critique et éditeur. Son point de vue l’emmène à nous parler plus précisément d’Al Jennings, personnage principal du film ayant réellement existé. S’ajoutent à cela les traditionnelles galerie photos et bande annonce.
Synopsis
L’avocat Al Jennings quitte le Kansas à la suite d’une bagarre. Il devient dès lors célèbre à travers tout l’Oklahoma en raison de ses hold ups de banques, de trains et de diligences. Lorsque la situation est devenue dangereuse, il part pour la Nouvelle Orléans où il ne peut y avoir d’extradition. Il s’éprend de la belle et jeune Margo St. Claire mais il est finalement capturé…
Le film
Le western est un genre qui aime s’inscrire dans le réel, qu’il tend parfois à sublimer. Ce genre a su aborder bien des personnages réels, apportant au public sa dose de légendes issues d’une conquête l’Ouest pourtant loin d’être héroïque. Billy The Kid, Geronimo, Davy Crockett, des légendes que le cinéma a aidé à faire perdurer, et qui aujourd’hui ont chacun un nom rentré dans l’inconscient collectif. C’est aussi le cas d’un blase sans doute moins ronflant, et pourtant pas moins intéressant en terme de trajectoire : Al Jennings. La loi du colt raconte un segment de sa destinée très précis, sans doute le plus mouvementé, et ce d’après sa propre autobiographie. Véritable rareté en France, le film vaut pour cet aspect historique, mais aussi pour son récit assez hors du commun.
Bien évidemment, La loi du colt repose entièrement sur le personnage d’Al Jennings, jeune homme trop impulsif, dont la la détestation de l’injustice va pousser à un acte assez tordant : une bagarre générale dans un tribunal. On reconnaît là le passage obligé de la baston de saloon, qui prend alors des proportions absolument savoureuses, les poivrots de comptoir faisant place nette aux pingouins des palais de Justice. Une séquence mémorable, à partir de laquelle le destin du personnage va se tisser. Car cette joute grotesque va quelque peu énerver l’avocat du camp adverse, et il se trouve que cet homme est puissant. Poussés à la fuite, Al et son frère vont alors débuter une vie de paria, et le film décrit tout cela avec un panache plutôt intéressant, même s’il est de nature à dérouter.
En effet, La loi du colt instaure un tempo particulier, surtout pour un western du début des années 1950. Certes les séries B allaient vite, mais ici on a l’impression d’une cavalcade, au point d’ailleurs que quelques séquences sont comme survolées. Et c’est un peu gênant, car on aurait apprécié plus de temps passé avec la scène de l’attaque d’un train, par exemple. D’autant plus qu’Al Jennings est connu comme étant bien mauvais dans cet exercice. C’est d’ailleurs un sentiment regrettable qui peut l’emporter au final, et l’on se demande ce qu’aurait pu être le film avec une bonne demie heure de plus. Clairement dommage, d’autant que l’on ne passe pas un mauvais moment. Mieux, on en ressort avec l’envie d’en apprendre plus sur ce personnage si particulier.
Al Jennings est incarné par un Dan Duryea (Le vol du Phénix, Les ailes de l’espérance) convaincant, qui porte La loi du colt sur ses épaules. Par contre, aucun autre acteur ne nous aura marqué, allant du transparent, comme Gale Storm (C’est arrivé dans la Cinquième Avenue, Le kid du Texas), au carrément pas terrible, à l’image de Dick Foran (La Taverne de l’Irlandais, La main de la momie). Quand à la réalisation de l’hyperactif Ray Lazarro (Tempête sur le Texas, Laramie), elle n’est certes pas des plus aérienne, mais il maîtrise plutôt bien ses cadres. Prudent donc, mais ça ne l’empêche pas de s’accorder quelques compositions intéressantes. La loi du colt est un western rare, pas exempte de tous reproches, mais qui vaut le coup d’œil pour son incroyable personnage principal.