Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : Haemimont Games
- Editeur : Paradox Interactive
- Date de sortie : 15 mars 2018
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Mars, et ça repart
L’Homme n’est jamais aussi passionné que quand il regarde vers les étoiles. Une constatation qui se vérifie quand nous autres, êtres humains de plus en plus pressés, nous accordons quelques jours de répit. Et le jeu vidéo (le cinéma et la littérature aussi, bien entendu) n’a de cesse que de nous proposer une sorte de placebo à cette sorte d’interdiction tacite de s’arrêter, de contempler véritablement ce qui nous entoure. Autre comportement très humain, du moins pour une grande partie d’entre nous : le besoin de s’installer, de se sédentariser. C’est pourquoi des ouvrages, comme Souvenir à Vendre, de Philip K. Dick, ou des films tels que Seul sur Mars, sont entourés d’une certaine aura. Surviving Mars, que nous abordons aujourd’hui, se propose d’associer les deux piliers, et la réussite est plutôt au rendez-vous.
À l’occasion de certains tests, on est parfois tiraillé sur la limite à ne pas franchir, en terme d’analyse du récit. Pour Surviving Mars, la question ne se pose pas : le seul scénario que vous vivrez est celui que votre partie vous imposera. Pas de mode Histoire donc, et est-ce véritablement un mal ? La réponse est mitigée, car on aurait tout de même apprécié avoir l’occasion de suivre un chemin plus balisé que celui du véritable bac à sable qu’est le soft. D’un autre point de vue, le genre de la gestion, et le sous-genre du city builder « à la Sim City », n’est que très, très rarement intéressant quand il ne permet pas aux joueurs de laisser cours à sa seule imagination. Theme Hospital, par exemple, est un grand titre car il parvient à donner l’occasion de s’amuser des possibilités laissées par le pur gameplay, mais dans un univers qualitatif. C’est ce que cherche à recréer Haemimont Games (et l’éditeur Paradox Interactive), studio de développement pas dénué d’expérience dans le domaine : ils sont derrière quelques itérations de la licence Tropico.
Pas d’histoire donc, ce qui ne veut pas dire qu’on n’embarque pas dans une véritable aventure. Votre première mission, et vous l’accepterez fatalement, est d’opter pour un mode de jeu. Et là, c’est le commencement d’un début de cheminement assez austère, qui manque un peu de peps. Démarrage facile est, comme son nom l’indique, une manière de débuter de façon détendue, tandis que Nouvelle partie donne l’occasion au gamer de mieux personnaliser son expérience. Vous l’aurez compris, c’est cette dernière possibilité qui remporte notre suffrage, d’autant que les quelques choix à effectuer sont plutôt plaisants. Le Sponsor vous apportera de l’argent sonnant et trébuchant ou des aides scientifiques. Le Commandant s’associe à un bonus qui vous accompagnera tout au long de votre périple martien. Par exemple, le Futuriste permet que les avancées technologiques soient développées plus rapidement. Le Logo de la colonie est purement esthétique, tandis que le Mystère se charge de distiller un scénario secondaire. Celui-ci est classé de facile à difficile, peut être choisi aléatoirement, ou même réduit à néant si ça vous chante. De quoi se sentir maître de la partie.
Une expérience séduisante, après des débuts difficiles
Nous l’écrivions un peu plus haut, le démarrage de Surviving Mars est un véritable mur. Sans non plus qu’on ne soit découragé, le manque d’informations véritablement calibrées pour figurer dans un didacticiel digne de ce nom peut nous plonger dans un certain désarroi. Notre conseil est très simple : il faut s’accrocher, car le jeu le mérite. Il va falloir choisir un endroit pour faire atterrir votre fusée, et ce n’est pas une tâche à remplir à la légère : il en va de la probabilité de récupérer des matériaux. Lesquels, vous l’aurez compris, vous permettront de construire des éléments de base, afin d’accueillir les colons dans les meilleures conditions. C’est toute cette phase qui nous pose un petit souci : elle traine un peu en longueur, et s’avère répétitive quand on se lance dans partie qui n’est pas la première. Reste qu’opter pour telle ou telle source d’énergie, telle ou telle moyen de distribution d’eau, est aussi une responsabilité qui, au final, jouera un grand rôle dans votre succès ou échec futur.
C’est bien quand les premiers êtres humains atterrissent sur la Planète Rouge que Surviving Mars commence à nous faire ressentir de très bonnes sensations. Les premiers jours de nos colons, au sein de la base qu’on leur a délicatement préparé, sont primordiaux. De cette bonne ou mauvaise expérience dépend de l’intérêt de vos chefs à envoyer d’autres habitants. Si l’opération se solde par un échec, vous pouvez tirer un trait sur vos rêves de grandeur, même si la partie n’est pas terminée pour autant. Mais écrivons que la substantifique moelle est plus savoureuse avec des âmes à diriger, des voyages interstellaires à organiser. C’est dans ces conditions que la gestion prend tout son sens : le carburants, les moyens de ravitaillement, l’entretien des bâtiments, tout aura une incidence sur la qualité de vie des habitants. Attention, car le soft est sans merci : Mars est hostile, ne vous facilitera aucunement la vie, et il suffit qu’un détail nous échappe pour que les morts de froid, de faim, voir les suicides suite à un état dépressif s’accumulent.
Surviving Mars est parcouru de bonnes idées, comme cet arbre de technologies à débloquer, contre des points de Science dûment accumulés. Et de bons moments : impossible de ne pas prendre son pied quand on admire une base parfaitement menée, avec des gisements tenus intelligemment, quand nos colons s’éclatent dans les casinos qu’on leur a patiemment préparés, ou quand on parvient à vaincre la menace des astéroïdes. Cela aurait pu encore être bonifié avec une prise en mains moins abrupte, c’est un regret. Techniquement, le jeu est à la fois satisfaisant et surprenant. On sent bien la patte de Haemimont Games et l’on retrouve cette ambiance parfois corrosive qui régnait dans Tropico. Pas de délires absolus cependant, l’ambiance reste même assez pointue, notamment grâce à une encyclopédie complète, qui nous décrit aussi bien les bâtiments que les véhicules, ou les catastrophes. La musique, dirigée par Tobias Gustavsson (qui a notamment bossé avec Britney Spears et Kylie Minogue, comme quoi tous les chemins mènent au jeu vidéo), possède assez de personnalité pour ne pas s’avérer trop répétitive à la longue même si, c’est irrémédiable dans les softs de gestion, elle devient plus un accompagnement qu’autre chose, avec le temps.
Note : 14/20
Surviving Mars est un jeu qui possède des bases solides, mais qui aurait gagné à prendre quelques pincettes avec le joueur. Sans mode Histoire, ce qui n’est pas forcément un mal, le soft s’apparente à un grand bac à sable, aux possibilités nombreuses. Qui saura lui donner toute l’attention nécessaire, surtout après un début de partie très abrupte, vivra une aventure mouvementée, qui offre assez de challenge pour nous accrocher pendant de longues heures, une vingtaine afin de parfaire une organisation digne de ce nom. De quoi retenir l’attention du gestionnaire qui sommeille en vous.