[Test] Just Cause 4 : il met le grappin sur le fun

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Avalanche Studios
  • Editeur : Square Enix
  • Date de sortie : 4 décembre 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un bac à sable explosif et décomplexé

image rico just cause 4
Rico, la destruction massive dans le plus grand des calmes.

Que de chemin parcouru pour la licence Just Cause ! Sorti en 2006, sous la houlette d’Eidos Interactive et déjà développé par Avalanche Studios (Mad Max, le futur Rage 2), le premier opus a laissé de bons souvenir, pas tant chez la critique que du côté des joueurs. Mais c’est surtout avec le second épisode, lequel débute l’édition assurée par Square Enix, que les gamers ont véritablement hissé le titre au niveau de ceux qui comptent. Il déployait une carte gigantesque (mais un peu vide), et perfectionnait l’aspect destructeur de son héros, Rico. Preuve en est, de cette évolution dans la perception : la sortie de la troisième itération, très événementielle puisqu’elle débarquait pendant une période assez creuse en terme de sorties de jeux de genre monde ouvert. Cela, associé à de nouvelles fonctionnalités, et un moteur physique qui aura déchainé l’imagination des fans, a abouti à un véritable succès. Dès lors, la parution de Just Cause 4 ne pouvait qu’être envisagée. C’est si vrai qu’aujourd’hui, le soft est disponible…

La licence Just Cause a beau s’appuyer sur des mécaniques assez répétitives, c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve Rico Rodriguez. Preuve en est que ce dernier est parvenu à se construire une certaine aura. Et ce fait s’appuie non seulement sur ses capacités, manette en mains, mais aussi sur les histoires dont il est le héro. Rappelons que, depuis le début du troisième épisode, Rico n’appartient plus à l’Agence, et semble décidé à régler ses comptes avec ceux qui ont détruit ce qui a de l’importance à ses yeux. Ici, ce n’est ni plus ni moins que la mort de son père qui sera au centre de ses attentions. En effet, notre avatar débarque sur Solis, où il va de nouveau affronter la Main Noire, un groupe paramilitaire hyper dangereux, et mené par la très charismatique Gabriella Morales. Ce groupuscule n’est pas présent dans la région par hasard : c’est ici que l’ignoble Oscar Espinosa a accès à une arme de destruction massive d’un nouveau genre : elle provoque des catastrophes naturelles. Et l’inventeur de cette force de frappe diabolique n’est autre que le père de Rico…

L’ambiance série B reste savoureuse

Just Cause 4 se situe dans la droite lignée des épisodes qui le précèdent, en terme d’ambiance et de narration. Contrairement à d’autres open world sortis tout récemment, le scénario ne se place pas au premier plan, même si cela ne signifie pas qu’il soit inintéressant, bien au contraire. Si la priorité est laissée à ce que le joueur peut effectuer avec la manette, on a tout de même droit à un récit assez digne d’une bonne série B guerrière, avec un chouïa d’éléments aventuriers. Il règne une ambiance de soulèvement du peuple. Lequel, s’il n’enfile pas de gilets jaunes, est tout de même propulsé en première ligne du combat mené par Rico. Il participe pleinement à la construction du jeu, tandis que les missions sont de plus en plus décisives, dans l’objectif de nuire aux puissants qui manipulent une populace refusant de servir de cobayes soumis. Tout cela est plutôt satisfaisant, et l’on note un joli crescendo dans le dernier tiers du soft. Il faut aussi noter l’effort d’Avalanche Studios afin de donner du corps à Solis, par le biais de missions annexes nous permettant d’en découvrir le passé pré-colonial. Une bonne chose.

L’emballage scénaristique est à la hauteur. Just Cause 4 se devait de fortifier l’autre pilier importantissime : le gameplay. C’est indéniable, la licence figure parmi les bac à sable les plus funs. Mais il fallait tout de même insuffler une dose de nouveauté dans cet opus, le contraire risquait de provoquer une certaine lassitude. Square Enix et Avalanche Studios ont remarqué la très rafraichissante capacité d’imagination que les fans ont démontré, avec la sortie du troisième épisode. La décision fut, on l’imagine, d’une certaine logique : il fallait accompagner cette folie furieuse d’une facilité plus marquée à produire des réactions du plus bel effet. Et c’est dans ce but que le grappin devient, à cette occasion, un véritable couteau suisse pour exploiteur de moteur physique. Rappelons que l’une des caractéristiques principales de la série est le côté très aérien de Rico, lequel dispose, donc, du grappin, mais aussi d’un parachute et d’une wingsuit. Additionnés, ces gadgets s’avèrent redoutables, aussi bien pour la puissance du personnage que pour le plaisir du joueur.

Le grappin, véritable couteau suisse

image playstation 4 just cause 4
La wingsuit fait son grand retour.

Revenons sur le grappin. Just Cause 4 en fait une véritable arme évolutive. Vous aurez droit, désormais, à trois effets : le treuil, le ballon, et le propulseur. Le premier reste dans les clous de ce qu’on attend d’un tel objet, les deux autres diffèrent . Le ballon envoie la cible dans les airs, tandis que le propulseur porte bien son nom : chaud devant ! Dans le menu dédié à la manipulation du grappin, le jouer pourra régler jusqu’à trois configurations, et passer de l’une à l’autre, ingame, d’une manière très fluide. En gros chacune pourra utiliser l’un des effets, mais ce n’est pas tout : il est possible d’ajouter des conditions aux effets. Un ballon certes, mais pourquoi ne pas le faire exploser quand il atteint une certaine hauteur ? Ainsi, le gamer a, sous la main, un véritable programme d’annihilation adaptable aux désirs de celui qui le manipule. Nul doute que les amateurs d’idées saugrenues s’en serviront à leur aise : cela fonctionne très bien dans les faits.

Just Cause 4, c’est a destruction, mais pas l’anarchie. Du moins, pas complètement. Le système de jeu utilise des mécaniques bien rodées mais, aussi, certaines assez neuves pour combattre l’impression de redite. La carte, par exemple, n’est plus ce lieu à conquérir aussi simplement qu’en détruisant des signes extérieurs de la dictature en place. Il faudra dénicher des bases appartenant aux ennemis, afin de remplir des objectifs, et détruire le plus d’éléments possible. En résulte alors l’engagement de nouvelles troupes, que le joueur devra déployer sur des morceaux de territoire, afin d’en prendre le contrôle. Le principe s’avère efficace, même si les tâches ont tendance à se répéter un peu trop. Une fois la parcelle de terre conquise, le gamer débloque un nouvel élément (véhicule, arme) qui pourra être livré illico presto par l’un de vos deux fournisseurs. Ceux-ci sont assez importants : ils vous mènent vers un endroit précis, à votre guise, et peuvent vous tirer de bien des panades. Attention cependant, car leur temps de travail est compté. Après avoir utilisé l’une des deux ressources humaines, il faudra attendre quelques minutes avant de les rappeler à l’aide.

Les catastrophes naturelles, vedettes de Just Cause 4

image gameplay just cause 4
Aller plus hauuuuut !

Bien entendu, Just Cause 4 fait aussi appel aux fondamentaux de la licence. Il est toujours question d’atteindre les hauteurs grâce au combo grappin-parachute, et de couvrir des espaces entiers grâce à la savoureuse wingsuit. On pourra aussi compter sur tout un arsenal, à récupérer sur les cadavres encore frais, ou des coffres disséminés avec parcimonie. Lance-roquette, fusil à pompe, pétoire accompagnée d’un bouclier, et le tout profite d’une utilisation secondaire. Tout pour vous encourager à la destruction. Et avec plus d’impact que précédemment : on sent mieux les flingues, et les dégâts qu’ils provoquent. Cependant, c’est une troisième nouveauté qui s’impose comme point final à notre aventure côté gameplay : les conditions climatiques. Outre qu’elles peuvent s’avérer impressionnantes, visuellement, elles impliquent quelques réactions, manette en mains. Par exemple, un énorme orage va vous demander de faire très attention à votre utilisation du parachute, ou de la wingsuit. Gare à l’éclair mortel ! Faire face à une tornade implique aussi une certaine maitrise de l’inertie. Globalement, l’idée est excellente, même si l’on regrette une certaine rareté de ces conditions extrêmes. Elles ont tendance à plus apparaître lors de missions bien précises.

Enfin, il faut aborder un dernier point, et c’est sûrement ici que Just Cause 4 paye l’ensemble de ses ambitions. La technique, sur console, souffle clairement le chaud et le froid. On ne peut que remarquer l’alliasing, les jeux de lumière pas très précis, les textures parfois pauvres et qui prennent leur temps pour s’afficher. Cela saute aux yeux. Mais pas que. On remarque aussi la volonté affichée de proposer un jeu d’une fluidité sans fausse note. Sur ce point, Avalanche Studios atteint son but. Tout comme pour l’absence de temps de chargement, dans les déplacements à travers l’immense territoire. Voilà qui est bien agréable, tout comme la volonté de varier les environnements. Aussi, on ne peut que saluer l’excellente performance du moteur physique, remarquable dans les possibilités qu’il dessine. Signalons, ici, que le constat purement visuel gagne en positivité sur PC, c’est une évidence que nous avons vérifié, sur pièce. Quant à la bande originale, elle est signée Zach Abramson, déjà au travail sur Just Cause 3. Ses sonorités collent bien à l’action des missions, et surtout ont l’intelligence de ne pas tomber dans la facilité des thèmes purement ensoleillés. Pour ceux-ci, il faudra surtout se tourner vers les différentes stations de radio. Par ailleurs, sachez que le jeu est entièrement sous-titré en français, et même doublé dans la langue de Molière. Parfait pour celles et ceux qui apprécient de ne pas lire pendant qu’ils conduisent…

Note : 15/20

Just Cause 4 se révèle comme un open world décomplexé, explosif, et à forte tendance fun. Si la pure technique peut provoquer quelques retenues, les nouveautés embarquées provoquent d’agréables surprises. Le grappin devient un véritable couteau suisse, et poussera les amateurs de délires dans les retranchements de leur imaginaire, bien aidés par un moteur physique au top. Aussi, on ne peut que saluer l’apport du système des troupes à déployer, qui relève la mécanique de conquête de la carte. Enfin, Rico reste ce personnage tout droit issu des films de guerre de série B, provoquant quelques moments assez savoureux. Si l’on ajoute une durée de vie bien coquette (comptez au moins soixante heures pour tout faire), on obtient un bac à sable qui pourra charmer bien des joueurs.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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