Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : Yggdrazil Group
- Editeur : Mastiff
- Date de sortie : 31 mai 2019
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Le cutter de la peur
On débute cet article par une confession : votre dévoué serviteur est du genre très sensible aux films d’horreur asiatiques. Et ce qu’ils proviennent du Japon, d’Inde, de Hong Kong, ou même de Thaïlande. Récemment, on vous parlait de 6.66 Death Happens, long métrage plutôt anecdotique issu du Pays du Sourire (oui, c’est son joli surnom), mais qui aura tout de même réussit à produire son petit effet. Alors certes, cette très étendue partie du monde a un peu tendance à tout ramener aux « jeunes filles aux cheveux gras qui marchent bizarrement », mais quand l’originalité est de la partie, en général ça fait mouche. Et côté jeux vidéo alors ? Eh bien Home Sweet Home, signé par le studio thaïlandais Yggdrazil, tente de prolonger ce rapide état des lieux, en nous plongeant dans une ambiance bien travaillée.
Rappelons que Home Sweet Home est, initialement, paru sur Steam en 2017. C’est, donc, l’occasion de le découvrir sur PlayStation 4, avec compatibilité PlayStation VR, qui nous a poussé à faire le grand saut. Avant cela, curieux de nature, on a été faire un petit tour sur les Internets, afin de recueillir d’autres avis de nos confrères, mais aussi du public. Les deux partis se rapprochent sensiblement : le soft serait assez clivant, avec des articles et autres commentaires qui peuvent pointer du doigt ce qui sera apprécié par d’autres. Du coup, notre intérêt n’a fait qu’augmenter. Aussi, il faut préciser ici qu’Yggdrazil n’est pas un studio exclusivement dédié au jeu vidéo. On le retrouve tout autant sur de l’animation, du color grading ou du design. Bref, le visuel, la création, sont des données importantes chez eux, et l’on va voir que ce focus se retrouve dans le jeu ici abordé.
Home Sweet Home se donne comme objectif de nous filer une bonne grosse trouille carabinée. Et si le résultat s’avère au moins en partie satisfaisant, c’est aussi parce qu’Yggdrazil a bien compris les forces et faiblesses du genre dans lequel le soft s’inscrit. On fait face à un survival horror post-Outlast. Il faut comprendre par là que le but ne sera donc pas spécialement de se défendre, mais de survivre à un cheminement bourré de moments idéaux pour les sursauts, mais aussi linéaire au possible. En gros, ici vous allez autant vivre le destin de votre avatar que le subir, d’où la pertinence de cette forme quand on veut faire flipper dans les chaumières. Les scénaristes ont eu, en plus de cela, la bonne idée de nous propulser dans un récit fichtrement mystérieux. L’introduction se révèle très abrupte : on est propulsé dans le rôle d’un jeune homme Tim, lequel se réveille au sein d’une chambre qu’il ne reconnaît pas. Bien évidemment surpris, il va tenter de comprendre ce qui lui arrive. Du coup, on sort de l’endroit, pour découvrir qu’il se situe dans un immeuble tout aussi inconnu.
Des situations qui vous feront sursauter
Vous l’aurez compris, Home Sweet Home a la bonne idée de nous installer dans des lieux de prime abord tout à fait normaux, comme pour mieux en extirper toute l’horreur quand le point de vue se fait plus… flippant. Car ne pensez pas que le jeu se résume à une promenade de santé. Tout d’abord, on en apprendra de plus en plus concernant Tim, lequel, sans ne rien dévoiler, est plongé en grave dépression depuis que sa femme a disparu. L’atmosphère se fait donc bien pesante, et tourne carrément à l’épouvante quand on tombe, dès les premières minutes, quasiment nez-à-nez avec une jeune femme dont l’étonnante élasticité du cou, et l’habit ensanglanté, sont peut-être aussi effrayants que le cutter qu’elle empoigne. Autant vous dire que vous allez décamper illico presto, direction le premier casier que vous croiserez. Ce cas de figure va se répéter, un chouïa trop mécaniquement d’ailleurs, et constituer la base de votre survie. Ne comptez pas sur une quelconque arme : vous n’en trouverez pas !
Une lampe torche, des casiers, des situations qui varient avec une certaine intelligence, on nage en plein bonheur quand on apprécie ce genre de spectacle. D’ailleurs, signalons que Home Sweet Home invoque pas mal de superstitions thaïlandaises, qui pourront parfois nous échapper. Heureusement, le soft est entièrement traduit en français, même si quelques coquilles sont au programme. Moins bonnes, les phases de discrétion forment même une moitié de déception. Si l’on est très amateurs de ce recours aux bruitages pour nous faire frémir jusqu’au bout de la nuit (vous allez défaillir en entendant ce fichu cutter), on apprécie moins le champ de vision assez étrange de votre ennemie récalcitrante (et de ses acolytes, mais chut). Parfois large, d’autres fois incapable de vous capter à deux mètres, cela peut sortir du trip à certaines occasions. Bon, juste l’espace de quelques secondes, avant de découvrir un nouvel environnement glauquissime.
Home Sweet Home parvient, donc, à imprimer une ambiance terrifiante. C’est avant tout grâce à sa direction artistique, qui ne subit aucun faux pas. Par contre, la technique est sujette à discussion. Certes, on s’attendait à ce constat, de la part d’un studio qui, c’est indéniable, n’a pas les même moyens qu’un développeur star. En cela, on n’est pas spécialement surpris négativement, ni même positivement : le soft est honnête, même si l’aliasing se déclare un peu partout. Là où l’on déchante, c’est en ayant recours au PlayStation VR. Sans passer par quatre chemins, la caméra est trop rapide, les mouvements trop brutaux, pour ne pas créer une certaine nausée. Du coup, on conseille l’expérience de manière traditionnelle. Ce qui, en fin de compte, n’est que cohérence avec le sujet même du jeu. Pour finir, sachez qu’on a terminé le cheminement en six heures, et qu’on tombe, à la toute fin, sur une ouverture à au moins un autre épisode.
Note : 14/20
Home Sweet Home est, au final, un bon survival horror, qui joue assez finement avec les codes du genre, et de sa tendance post-Outlast. Oui on marche, mais on se sent trop en constant malaise pour penser qu’on fait face à un walking simulator de bas étage. Certes, le studio a dû composer avec de petits moyens, ce qui se remarque d’emblée côté technique pure. Aussi, le champ de vision des adversaire est trop au pifomètre. Mais on est tellement terrorisé par les différentes apparitions qu’on oublie ce genre d’errements. D’ailleurs, on termine l’expérience en étant assez curieux de la suite des bien flippantes aventures de Tim. Et ça, c’est bon signe.