[Critique] 6.66 Death Happens : karma police

Caractéristiques

  • Titre original : 6:66 Dtaai Mai Daai Dtaai
  • Réalisateur(s) : Taklaew Rueangrat
  • Avec : Susira Angelina Naenna, Jason Young, Sakda Kaewbuadee, Yodchai Meksuwan
  • Distributeur : Mongkol Major
  • Genre : Horreur
  • Pays : Thaïlande
  • Durée : 76 minutes
  • Date de sortie : 30 juillet 2009 (Thaïlande)
  • Note du critique : 5/10

Court, maladroit, mais tout de même intéressant

image critique 666 death happens
Dao mène l’enquête dans une ambiance inquiétante.

Cela fait un petit moment qu’on avait envie de régulièrement aborder des films qu’on ne verra jamais au cinéma. Vous l’avez sûrement remarqué, Culturellement Vôtre donne de plus en plus de place à des longs métrages sortis voilà des années, des parutions Netflix ou VOD, voire carrément des œuvres plus obscures, qu’on s’administre les soirs de grand désarroi face aux programmations assez peu engageantes du moment. Se taper des Captain Marvel à l’infini, ou des films avec Charles Berling, c’est au-dessus des forces de votre dévoué serviteur. Du coup, il est temps de varier les plaisirs, et de se rappeler à quel point le septième art est universel, ne se contente pas de supers héros, de productions Blumhouse (et on l’aime, cette boîte !), ni de films de Xavier Dolan. Aller hop, prenons la direction de la Thaïlande, et ce tout petit, rikiki, mais digne d’intérêt 6.66 Death Happens.

Ah, la Thaïlande. La salade de papaye épicée, les masques du théâtre Khon, les singes de Lopburi… et le karma. Rappelons rapidement que les religions orientales , comme le bouddhisme du Theravada (principale croyance du pays, à 95% de la population), ont basé leurs principes autour de la réincarnation. Et des répercussions de nos actes sur nos vies suivantes, qui ne manqueront pas de faire payer le prix fort pour chacune de nos mauvaises décisions. Ou, au contraire, de nous gâter pour les actions les plus saines, désintéressées. L’une des particularités de ce principe en est l’aspect évolutif : comme dans un RPG, il est possible d’inverser la tendance (du moins, si la justice le permet hein, faut pas pousser, et elle est du genre énervée dans ce territoire), ce qui pousse les citoyens à devenir les maitres presque absolus de leur existence. En passant, cela provoque quelques sujets douloureux, comme la situation des handicapés, renvoyés à leurs vies antérieures pour expliquer le malheur qui les frappe. Pas cool.

Pourquoi ce paragraphe dans une critique d’un film apparemment très simple, voire simpliste ? Ben déjà, parce que rédacteur, c’est un métier ma bonne dame. Ensuite, 6.66 Death Happens, tout anecdotique qu’il soit, mérite tout de même qu’on s’y attarde de la manière la plus sérieuse qui soit. Pas grand chose, dans ce long métrage horrifique, ne peut être perçu à sa juste valeur si l’on ne replace pas l’importance du karma. Tout commence par un événement aussi étrange que rare : le suicide très spectaculaire d’un père, exactement au même instant que la presque-mort de sa propre fille. Cette dernière, Dao (Susira Angelina Naenna), est une journaliste, armée d’un appareil photo. Avant de recevoir une balle en pleine bidoche, elle enquêtait sur le terrain, pour prendre en flagrant délit d’on ne sait quoi un business man corrompu. Celui-ci se fait liquider par le même qui, ensuite, se met à poursuivre la jeune femme, pour finir par lui tirer dessus. Morte, donc ? Eh non, car le karma va faire des siennes, et empêcher tout décès, en cette bien étrange nuit.

L’ambiance fout les jetons

Du coup, comme revenue d’entre les morts, Dao se remet en marche. Alors qu’elle conduit, et vient d’appeler son patron pour le prévenir de photos très compromettantes à lui soumettre, la jeune femme est informée du décès de son père, qu’elle a perdu de vue depuis quinze ans. Ni une, ni deux, elle va reconnaître le corps inanimé… ou presque ! Car le cadavre présumé reprend vie devant la journaliste, laquelle, vous l’imaginez bien, ne peut cacher sa violente surprise. Et ce n’est que le début, car d’autres événements du genre vont se produire : un homme dont les jambes ont été arrachées dans un accident de voiture refuse de trépasser. Un autre, à la caboche totalement ouverte dans un effet assez gore, se relève de sa civière en hurlant. Si 6.66 Death Happens ne peut totalement séduire, à cause d’incohérences évitables et d’un casting très inégal, on peut au moins lui reconnaître de savoir poser un contexte assez inquiétant.

Autre surprise, 6.66 Death Happens ne dure qu’une heure et quart. Dès lors, il faut s’attendre à s’accrocher au scénario, lequel semble parfois nous échapper. Non à cause des différences culturelles, au contraire elles sont une force du long métrage, mais en raison de coupes très claires dans le montage. On passe parfois d’une séquence à l’autre un peu trop rapidement, et les rencontres avec d’autres personnages fusent comme une frappe de Roberto Carlos. Ainsi, Dao va s’acoquiner avec un inspecteur de police, Wut (Jason Young), qu’elle connaît depuis quelques temps, et l’accompagner dans des investigations un peu brumeuses. Tout va se jouer autour des activités du père, de calculs mathématiques, non sans que d’autres phénomènes inexpliqués n’interviennent. Genre un accouchement bien dégueu, pendant lequel le bébé fait un petit coucou avant de repartir au chaud. Brrrr. Cependant, la séquence n’est pas gratuite : tout comme les morts se refusent à leur dernier souffle, les nouveaux nés ne veulent plus venir au monde. Décidément, quelque chose ne tourne pas rond.

Si 6.66 Death Happens est parsemé de défauts, on reste tout de même sous le charme de l’ensemble. Du moins, un minimum, pour ne pas sombrer. La réalisation, signée Taklaew Rueangrat, n’évite pas quelques effets en trop, comme quelques dutch angles pas très efficaces, ni justifiés profondément. Cependant, quelques choix sont courageux, comme ce qui touche à la photographie. Celle-ci aura tendance, au début, à nous donner l’envie de gerber comme un chat. La matière est d’un numérique édifiant, et c’est immonde. Cependant, au fur et à mesure, on se rend compte que les lumières qu’elle provoque ont une incidence sur l’ambiance du film, laquelle nous fait ressentir une vraie tension horrifique. On a presque l’impression d’une fin du monde en cours, surtout quand la nuit domine l’écran. L’atmosphère est un bon point, tout comme la relation entre Dao et son père. On ne va pas trop vous la détailler, au risque de spoiler, mais tout est histoire d’acceptation, de passé à clarifier, de souvenirs erronés, et de pardon à accorder. On regrettera juste une dernière image pas spécialement utile, qui n’existe que pour apporter une dernière frayeur dont on se serait passé. Malgré cela, on termine l’œuvre avec le sentiment de ne pas avoir perdu son temps, voire même d’avoir apprécier le moment. Et c’est bon signe.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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