Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : Hibernian Workshop
- Editeur : The Arcade Crew
- Date de sortie : 24 octobre 2019
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Du gros challenge vous attend
On aura tout vu et tout lu à propos de la « darksoulisation » du jeu vidéo. Et, si l’on pense que c’est un poil exagéré (bien des jeux continuent de nous frapper par leur grande facilité), il faut bien admettre qu’un jeu comme Dark Devotion apporte pleinement se pierre à l’édifice. Oeuvre du studio français Hibernian Workshop, et d’un Kickstarter mené à son terme, le jeu clamait bien fort ses références, pendant son développement. Oui, on allait sévèrement en chier. Et, effectivement, en avril 2019, les joueurs PC ont pu faire face à un titre qui invoquait clairement les hits de FromSoftware. Quelques mois plus tard, c’est aux consoles d’accueillir ce titre pour le moins cruel.
Nous allons voir que Dark Devotion ose pas mal de choses dans son gameplay. Côté histoire et univers, c’est un peu plus convenu. Ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’on n’a pas pris de plaisir à découvrir le récit, petit à petit, principalement par le biais de notes disséminées un peu partout. On incarne une jeune femme, laquelle appartient à L’Ordre des Templiers. Et c’est bien un Temple qui a vous occuper de longs moments : c’est ici que la corruption du monde prend racine. Et c’est à vous de vous lancez dans une quête désespérée : régler vos compte avec cette engeance maléfique, une bonne fois pour toutes. Seulement, les forces sombres ne sont pas du genre à se laisser faire, et votre avatar va vite se rendre compte que son enveloppe charnelle n’est pas vraiment une assurance tous risques : la mort vous attend dès les premières minutes, ainsi que la renaissance…
Voilà un pitch qui ne peut que lancer idéalement le concept de Dark Devotion. Celui-ci est très simple, dans l’esprit : un Dark Souls-like en 2D dans les sensations, mâtiné d’un peu de Roguelite pour certaines mécaniques. Mais le dominant, c’est bel et bien le jeu de FromSoftware : on retrouve en grande partie ses spécificités. Ainsi, l’habitué retrouve vite ses marques dans la prise en mains : on comprend de suite que nos actions (porter un coup, esquiver, roulade) sont directement liées à une jauge de stamina, appelée à prendre de l’ampleur au fil de votre évolution. Si vous la poussez à bout, il faudra attendre avant de tenter quoi que ce soit, ce qui signifie se mettre mortellement en danger. Car les adversaires frappent fort, très fort, et il en faudra peu pour que votre corps ne devienne que vulgaire carcasse ensanglantée.
Merci patron !
Qui dit adversaires sans pitié, dit récompenses de qualité. Dark Devotion s’inscrit totalement dans ce principe, avec ce qu’il faut de gemmes pour faire évoluer le personnage. Mais, surtout, c’est le loot qui nous informe que non, ce jeu ne fait pas tout comme Dark Souls. Car vous allez récupérer des armes et armures, beaucoup, et certains de ces objets vous rendront assez fiers… pour un temps. Un conseil, ne vous attachez pas trop à ce matériel, car la mort est ici extrêmement punitive : si elle survient (et ce sera le cas, irrémédiablement), vous perdez tout. Voilà la saveur Roguelite, et elle est du genre désarmante. La seule manière de contrer ce fait, c’est de dénicher des patrons. Ceux-ci permettent de graver votre découverte dans la roche, en rendant possible la reproduction à la forge, au sein du hub. Par contre, n’espérez pas en dénicher facilement, il va falloir combattre du bon gros boss bien énervé, et particulièrement satisfaisant à combattre.
Voilà des règles très punitives, et nul doute que même les habitués d’un challenge élevé rageront plus que d’habitude. Et les novices, quant à eux, pourraient bien se décourager lors d’une première heure abrupte au possible. Cependant, Dark Devotion n’est pas non plus bêtement difficile. Le jeu vous fournira tout de même de quoi prendre un peu de galon au fur et à mesure, notamment avec un arbre de compétences bien costaud, comprenant ce qu’il faut de branches à débloquer uniquement après avoir battu un boss. Ceci dans le but de bien vous pousser à avancer, et pas uniquement à capitaliser des gemmes. Autre sucrerie : le système de bénédiction et de malédiction. Chaque mort signifie la renaissance, mais aussi un bonus ou, si vous n’êtes pas en veine, un malus. On peut très bien repartir avec une défense fortifiée, ou des points de vie qui fondent si vous effectuez une action précise. C’est la loterie et, là encore, on aura parfois des raisons de pester face à l’écran.
Le contenu de Dark Devotion s’avère assez costaud : il nous a fallu une vingtaine d’heures pour voir la fin. Le résultat sera évidemment plus ou moins proche de ce total selon votre skill, mais sachez qu’on n’a pas non plus pris le temps de rechercher tous les secrets. Techniquement, le titre s’avère plutôt solide, avec son pixel art torturé et sa belle fluidité. Mais c’est surtout la direction artistique qui a retenu notre attention. Elle est sombre, très sombre, et parfois un peu trop, ce qui pourra gêner la visibilité dans certains segments. Par contre, on a beaucoup apprécié le character design, et particulièrement celui du bestiaire. Il règne, dans ces lieux maudits, une atmosphère assez lovecraftienne, et ce n’est pas pour nous déplaire. Enfin, l’ambiance sonore est à l’avenant : c’est du bon boulot. Les thèmes, signés Arthur Dos Santos (qui est aussi derrière le scénario et le sound design) distillent une tension malsaines, laquelle joue pleinement son rôle dans le ressenti global.
Note : 14/20
Dark Devotion est une bonne petite surprise, tant le jeu évite le piège de l’énième calque de Dark Souls. Hibernian Workshop a eu la bonne idée d’insuffler de la nouveauté à la recette, avec quelques mécaniques venues du Roguelite. Par contre, le résultat s’avère très, mais très difficile. La première heure se fait excessivement punitive, et il va falloir vous y habituer. C’est à ce prix que l’on pourra prendre un certain plaisir, non seulement à dompter le challenge mais aussi à découvrir cet univers sombre, et parfois lovecraftien.