Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Développeur : BioWare, Beamdog
- Editeur : Skybound Games
- Date de sortie : 6 décembre 2019
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 6/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Neverwinter Nights dispo sur consoles, mais pas amélioré
Alors que BioWare semble actuellement empêtré dans des ennuis persistants (enchainer Mass Effect : Andromeda et Anthem, ça laisse des traces), il faut tout de même se souvenir que ce studio fut, au tout début de ce millénaire, l’un des plus grands acteurs du RPG occidental. Après avoir accouché de deux véritables séismes vidéoludiques avec Baldur’s Gate et sa suite, l’entité, qui n’appartenait pas encore à Electronic Arts, livrait un autre chef-d’oeuvre (juste après un MDK 2 lui aussi excellent, mais dans le registre de l’action) : Neverwinter Nights. On restait dans l’univers de Donjons et Dragons, mais cette fois-ci avec une emphase sur le multijoueur, tout en sauvegardant le trip solo. Ce n’était certes pas une innovation en 2002, mais le genre se faisait encore rare, et les joueurs ont été séduits par une foule de bonnes idées, notamment du côté d’un éditeur de module carrément exemplaire. Dix-huit ans après, le soft est désormais disponible sur consoles, dans une Enhanced Edition qu’on attendait avec une certaine curiosité.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons de manière concise le récit sur lequel Neverwinter Nights Enhanced Edition s’appuie. Donjons et Dragons oblige, on fait face à un univers de fantasy classique, avec tous les ennemis et archétypes qui en découlent. Les amateurs du genre seront donc ravis, à n’en pas douter. L’histoire se déroule dans les contrées de Féérune, où se trouve la cité de Padhiver (traduction pour le moins rigolote de Nevewinter). Un véritable catastrophe s’y déroule : une maladie, nommée la Mort Hurlante, provoque chaque jour un grand nombre de décès. C’est dans ce chaos que Dame Aribeth se voit confier la mission de trouver un remède. Sa première décision est de faire appel à un groupe d’aventuriers et, vous l’aurez compris, c’est ici que vous intervenez, avec votre avatar fraichement créé. Nous ne rentrerons pas plus dans les détails, mais sachez que le souffle épique est encore très présent, et la montée en puissance du scénario fait toujours mouche aujourd’hui. On se doit surtout de faire une précision, car c’est un peu le foutoir jusque sur la page d’achat sur le PlayStation Store : oui, le jeu est bel et bien sous-titré et doublé en français, et pas uniquement en anglais. C’est loin d’être un simple détail, étant donné la masse imposante de textes…
Neverwinter Nights Enhanced Edition marque pas mal de ruptures avec Baldur’s Gate, mais pas spécialement dans l’esprit de son gameplay. On retrouve toujours une grosse importance donnée à la création de l’avatar, un choix évidemment judicieux dans le but de coller aux sensations du jeu de rôle papier. Tout, d’ailleurs, nous y ramène. L’importance de la race, de la classe et des caractéristiques est un pilier de l’expérience que vous allez vivre. Si le soft vous propose des profils de personnages « clé en main », on ne peut que vous conseiller de passer du temps à fabriquer le héros, ou l’héroïne, qui vous conviendra au mieux. Il n’y a pas spécialement de meilleur profil, par contre on peut tout de même conseiller aux débutants de se pencher sur le cas du Guerrier, plus à l’aise dans les premières heures. Si possible un nain, tant la cohérence entre la race et la classe est importante, du moins si on cherche à créer un futur Gros Bill. Et ce serait plutôt une bonne idée tant les combats, toujours basés sur le concept de jet de dés automatique (là encore, on est dans du pur D&D vidéoludique), en temps réel. Une pause active permet de mettre en place une stratégie, exactement comme dans Baldur’s Gate. On retrouve donc un socle de gameplay solide, et toujours efficace.
Une très grosse durée de vie au programme
Par contre, Neverwinter Nights Enhanced Edition rate le coche de l’adaptation sur consoles. Très clairement, Beamdog a appliqué une prise en mains pour PC, et l’a appliqué à nos pauvres manettes, prises d’assaut par un mapping des touches pour le moins hasardeux. Ajoutons une ergonomie des menus décevante : on galère pas mal pour s’y retrouver, et ce même après des dizaines d’heures de jeu. Si les dialogues restent aisés à gérer, avec des réponses multiples qu’il suffit de sélectionner selon votre roleplay, vous aurez rapidement la migraine quand viendra le moment de vous rendre dans une échoppe. Les achats, ventes, sont d’une lourdeur terrible, on sent bien que l’exercice n’a pas été adapté à une pratique sur console. Aussi, sachez que la police des textes s’avère assez petite. Encore un signe, s’il en fallait un de plus, que l’expérience est pensée avant tout pour le PC, puisqu’on y est plus proche de l’écran.
Neverwinter Nights Enhanced Edition peut au moins se targuer de ne pas faire les choses à moitié côté contenu. En effet, on retrouve évidemment la totalité de la campagne principale, déjà extrêmement bien fournie : il vous faudra une centaine d’heures afin d’en voir la fin, et vous vous doutez bien que la rejouabilité se veut phénoménale. Et ce n’est pas l’entièreté des festivités. Cette sortie s’accompagne des deux extensions officielles, intitulées Shadows Of Unrentide et Hords Of The Underdark. Dans la première, vous incarnerez un nouveau personnage, toujours créé par vos soins, car l’histoire, qui s’étend sur ces deux ajouts, peut être vécue indépendamment du fil rouge. La seconde, elle, se pense comme une suite des événements du récit de base, avec fort emphase sur six classes de prestige (dont Champion de Torm ou Disciple du dragon rouge). Voilà qui ajoute des dizaines et des dizaines d’heures de pratique. Et ce n’et pas tout, puisque une partie « Premium » contient quelques contenus, à l’époque créé par des fans mais si bons qu’ils furent appuyés par BioWare. Par contre, gros point noir : l’absence, certes prévisible, de l’éditeur Aurora Toolset.
Techniquement, Neverwinter Nights Enhanced Edition fait le job de manière assez paresseuse. C’était déjà le cas pour les précédents jeux de Beamdog (comme Planetscape Torment et Icewind Dale Enhanced Edition) , mais ici ça se remarque beaucoup plus à cause d’une 3D qui, indubitablement, a pris infiniment plus de rides que les anciens softs en 2D. Là, ça fait clairement daté, et pas qu’un peu. C’est bien simple, le jeu d’origine, avec quelques mods sur PC, fait beaucoup plus joli, notamment au niveau des textures. Heureusement, le résultat est adapté à nos écrans 16/9… tout du moins pour ce qui est des phases de gameplay. Soit le coeur de l’expérience, entendons nous bien, mais il faut préciser que les cinématiques, peu nombreuses, n’ont pas eu droit à ce traitement. Heureusement, le charme de l’ambiance fonctionne toujours au moins en partie, avec une très grande part de responsabilité accordée à la musique, signée par l’excellent Jeremy Soule, que vous connaissez obligatoirement pour ses magnifiques compositions sur la série des The Elder Scrolls. Eh bien, celles du jeu qui nous intéresse ici sont au moins de la même qualité, avec ces thèmes qui nous plongent immédiatement dans un univers aussi onirique qu’épique.
Note : 12/20
Neverwinter Nights Enhanced Edition nous laisse perplexe : on a pris beaucoup de plaisir à la redécouverte d’un monument du RPG occidental, mais cette nouvelle sortie est finalement très paresseuse en améliorations, que ce soit en terme de gameplay ou de technique. Reste que la cité de Padhiver garde une bonne partie de son charme d’antan, même s’il faudra digérer au mieux une ergonomie globale aux fraises. Si vous y parvenez, alors les portes d’une aventure grandiose vous sont ouvertes…