[Critique] Possessor : Cronenberg de Père en Fils

Caractéristiques

  • Titre : Possessor
  • Réalisateur(s) : Brandon Cronenberg
  • Avec : Andrea Riseborough, Jennifer Jason Leigh, Christopher Abbott, Tuppence Midleton et Sean Bean
  • Distributeur : Lonesome Bear/The Jokers
  • Genre : Thriller, Science-fiction, Epouvante-horreur
  • Pays : Canada, Royaume-Uni
  • Durée : 104 minutes
  • Date de sortie : 7 avril 2021 en VOD et Achat Digital/ 14 Avril 2021 en DVD et Blu-ray
  • Note du critique : 8/10

L’identité et l’humanité

Grand prix du Festival de Gérardmer et second long-métrage de Brandon Cronenberg, après Antiviral, Possessor sort directement en VOD et vidéo en France. Celui-ci raconte l’histoire de Tasya Vos, une agente au sein d’une organisation secrète utilisant une technologie neurologique afin d’habiter le corps de n’importe quelle personne, et la pousser à commettre des assassinats aux profits de clients très riches. Mais tout va se compliquer pour Tasya lorsqu’elle va se retrouver coincée dans le corps d’un suspect involontaire dont l’appétit pour le meurtre et la violence dépasse le sien de très loin.

Sur un pitch qui peut rappeler Existenz du père de Brandon Cronenberg, Possessor est un film qui parle de l’identité et l’humanité de chacun à travers un récit de thriller/science-fiction teinté d’horreur. Le concept d’habiter un corps nous est présenté dès la scène d’ouverture. De ce fait, après celle-ci, nous pouvons rencontrer les personnages. Tasya Vos, après toutes ses expériences, commence à ne plus se sentir elle-même, jusqu’à négliger son couple et son enfant. Et pourtant, il va falloir qu’elle habite un nouveau corps, celui de Colin, très bientôt, pour assassiner le beau-père de celui-ci. Cette plongée dans la psyché de l’un et l’autre va être plus que perturbante. Qui a le contrôle ? Qui fait quoi ? Où commence et finit notre identité ? Tout cela est développé jusqu’à la scène finale.

Brandon Cronenberg, qui a aussi scénarisé le long-métrage, nous plonge donc au cœur de la folie. Il aborde ses thèmes et les développe de façon rigoureuse, pour un résultat assez bluffant sur le papier. Certaines idées rappelleront d’ailleurs, la série Black Mirror ou les écrits de Philip K.Dick, mais ici elles sont poussées jusqu’à la schizophrénie. Il n’oublie pas non plus les seconds rôles, à commencer par celui de la psychiatre Girder, qui réserve une surprise pour le final du film. Un long-métrage maîtrisé sur le papier, mais en est-il autant dans la forme ?

Une vision sans compromis

image christopher abbott possessor

Côté réalisation, Brandon Cronenberg passe autant, et avec fluidité, d’une réalisation classique à une réalisation expérimentale. Il joue parfaitement avec les différents styles du film. Passant avec maîtrise du thriller de science-fiction à l’horreur pure. Les scènes d’horreur (pas si nombreuses), nous offrent quelques chocs visuellement parlants. On retiendra que le réalisateur nous offre aussi une scène de nue frontale, ce qui est assez rare pour le signaler.

Dans l’ensemble, cette vision jusqu’au boutiste, sans compromis, fonctionne bien. Il est bien aidé par la photo de Karim Hussain (The ABCs of Death). Celle-ci est soignée et précise. Enfin, la musique de Jim Williams (Grave) s’avère plutôt minimaliste, mais pertinente et utilisée aux bons moments.

Côté casting, Andrea Riseborough offre une partition efficace de l’instabilité qui habite son personnage. Jennifer Jason Leigh (Les Huit Salopards) a peu de scènes, mais elle est excellente comme toujours. Christopher Abbott est l’atout majeur de ce casting avec un rôle assez dur à jouer vu les multiples facettes de son personnage, mais il s’en sort avec les honneurs. Tuppence Midleton et Sean Bean ont peu de temps à l’écran, mais ils apportent chacun leur pierre à l’édifice. La première grâce à l’empathie que l’on ressent pour son personnage et le second par son implication (encore une fois) dans son rôle.

Au final, Possessor est un excellent long-métrage. Sans compromis, Brandon Cronenberg parvient à nous amener exactement là où il le souhaite. Il gère parfaitement les différents styles (narratifs et visuels) de son film. On ne peut que vous recommander chaudement cette seconde réalisation.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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