Le 6 avril dernier, c’était le coup d’envoi de la saison « Live » 2015/16 au cinéma du Royal Opera House. Pour vivre cette expérience, Arts Alliance, proposait une retransmission, en direct du prestigieux opéra royal de Londres, du célèbre ballet de danse classique Giselle, dans des salles de cinéma du monde entier. Une tendance de plus en vogue pour permettre à tout le monde d’assister à des spectacles d’une qualité exceptionnelle, avec au choix du pop-corn salé ou sucré.
Le principe est simple : il suffit de réserver une entrée dans la salle obscure de son choix sur le site français du Royal Opera House. L’institution britannique propose plus de 1500 salles, réparties sur 35 pays. Nous sommes restés en France, et par géo localisation, avons jeté notre dévolu sur le cinéma Publicis sur les Champs Elysées à Paris, parmi la quarantaine de cinéma français partenaires.
Une expérience complète
Des fauteuils en cuir neuf, une dizaine de haut-parleurs surround, un écran de cinéma. Le confort physique, visuel et acoustique promet d’être au rendez-vous. Invité par Publicis, un professeur de danse nous accueille dans la salle. Un quart d’heure avant le début de la retransmission, micro à la main, le très chic spécialiste nous explique ce qu’est un grand ballet d’opéra, ce que représente l’œuvre de Giselle, et répond aux questions des spectateurs les plus fervents. Dans la salle, des curieux et curieuses de tous âges. Même si l’on peut recommander cette expérience aux élèves des cours de danse classique, il semble que l’évènement attire un public hétéroclite d’amateurs du genre. Une simple comparaison du prix d’un billet à l’Opéra de Paris et d’un ticket de cinéma peut expliquer cet engouement.
C’est à l’Opéra de Paris justement que Giselle fut créé, nous explique notre hôte, précisant qu’à l’époque, en 1841, le monument était plus connu sous le nom d’académie royale de musique. La lumière s’éteint progressivement dans la salle. A l’écran, des bandes-annonces sur les prochaines sessions « live » qui nous attendent pour la saison, entre opéras et ballets. Apparaît alors un présentateur britannique, non sous-titré, qui nous invite à partager nos réactions avant et après le ballet, et pendant l’entracte, sur Facebook, Instagram ou encore Twitter via le hashtag #ROHGiselle. Pour parfaire l’expérience, les réseaux sociaux ne sont donc pas en reste.
Le Royal Opera House et même les stars du ballet se prêtent déjà au jeu, twittant des photos ou des petites phrases parmi les réactions des gens du monde entier, en direct de l’opéra ou d’une salle quelque part dans le monde.
We're trending! Great to see all your #ROHgiselle tweets from around the world. Keep them coming! ^M pic.twitter.com/RtETwbvLym
— The Royal Ballet (@TheRoyalBallet) April 6, 2016
The full #rohgisellecinemarelay with @MNunezOfficial #vadimmuntagirov @damegrace #stixbrunell & #itzimendizabel pic.twitter.com/kYUseWftUv
— Bennet Gartside (@Bennet76) April 6, 2016
Absolutely stunning performance! Thanks to @TheMayFairHotel and @TheGlobalPA for the live screening of #ROHgiselle pic.twitter.com/ZMMS3TZQIJ
— Vicki Walmsley (@VictoriaW_EA) April 6, 2016
Pour accompagner les spectateurs en salle avant le début de la séance, le présentateur se livre à des interviews des organisateurs en direct sur place. Mieux encore, les organisateurs ont pris soin de réaliser et de nous diffuser des reportages vidéo sur les coulisses de Giselle. Mais soudain, silence.
Le Royal Opera House comme si vous y étiez
Gros plan sur le chef d’orchestre. Les angles de caméra sont fidèles à ceux choisis en télévision. Il agite sa baguette, et les notes s’élèvent. La qualité sonore de la salle est au rendez-vous. Puis on découvre la scène du théâtre. Plan fixe. Nous ne sommes plus à la télévision. Même si parfois l’angle change pour nous offrir des plans plus serrés, l’immersion visuelle est totale. On se prend à imaginer ce que doivent ressentir ceux qui sont installés dans une salle en Ultra 4k !
Notre grand-écran classique fait déjà bien l’affaire. On peut profiter au maximum de l’œuvre Giselle. L’histoire, en deux actes, est résumée sur le livret qui nous a été fourni à l’entrée, et a été reprise par le professeur de danse, notre conférencier privilégié.
Côté performance et distribution, c’est le Royal Opera House ! Le rôle-titre est tenu par l’une des plus brillantes danseuses actuelles dans le monde, l’Argentine Marianela Nuñez. Performeuse époustouflante, cette dernière n’est qui plus est pas restée muette. Elle a trouvé le temps de s’exprimer elle aussi sur l’oiseau bleu, remerciant ses fans. Le rôle du duc Albrecht, amoureux de la paysanne Giselle, revient à une autre star, l’Ukrainien Vadim Muntagirov, permanent du Royal Ballet. Le jeune homme n’est pas sans nous rappeler un certain Rudolf Noureev.
Thank u all 4 ur messages after yesterday's #cinemarelay #ROHgiselle what would I do without you all ❤️❤️❤️ pic.twitter.com/JtgX0XwcjF
— Marianela Núñez (@MNunezOfficial) April 7, 2016
L’un des ballets préférés du monde de la danse
Véritable histoire de passion fougueuse et de déception amoureuse, Giselle met en scène des créatures de la mythologie slave et du folklore autrichien, les « Wilis » (prononcez « Vilisses »), sortes de fantômes vampiriques féminins. D’après la légende, toute jeune fille vierge qui sera éconduite par son amant juste avant leur mariage mourra de chagrin et de folie, et sera changée en spectre, une « Wili ». Vous l’aurez deviné, c’est le sort qui attend Giselle, après que le duc d’Albrecht la séduise, puis soit contraint de la rejeter pour obligations familiales.
Les Wilis hantent les forêts la nuit, où elles sont emmenées par leur reine afin de capturer tout homme imprudent ayant entrepris une promenade nocturne dans les bois. La sentence : elles l’ensorcèlent pour le forcer à danser jusqu’à la mort, par épuisement.
Comme c’est d’usage à l’opéra, toute grande maison comme le Royal Opera House (ROH) dispose aussi de sa troupe de danseurs permanents. Pour incarner les Wilis, le ROH nous a gratifiés de l’élite de leurs ballerines. Le décor somptueux, un village dans l’acte I et une forêt très dark dans l’acte II, ne nous a pas échappé non plus malgré l’écran de cinéma.
Durant l’entracte de 10 minutes, nouvelle intervention du présentateur outre-manche, diffusion de sujets très « bonus Blu Ray » (sous-titrés en français, ceux-là), et surtout réactions enflammées sur la toile. Enfin, sur Internet. Pas sur la toile en face de nous. Vous aurez rectifié de vous-mêmes.
En bref, une expérience que l’on conseille à tous, des élèves des classes de ballet aux amateurs de grande musique, de chant lyrique et d’opéra, et de tous ceux qui les accompagnent et n’ont pas les moyens de s’abonner à l’Opéra de Paris. Les œuvres magistrales en direct dans un cinéma près de chez vous, surtout si celui-ci est ultramoderne, c’est un pouce vers le haut, et une tendance qui, espérons-le, se poursuivra.
Prochain rendez-vous : le 25 avril, avec du chant cette fois. On retrouvera Lucia Di Lammermoor, opéra du grand Carlo Donizetti. Au vu de la bande-annonce avant le début de Giselle, le rendu sonore de la voix nous a donné hâte d’y être ! Tous les détails sur http://rohcinema.fr/