Caractéristiques
- Titre : Ocean Heaven
- Réalisateur(s) : Xue Xiaolu
- Avec : Jet Li, Wen Zhang, Gwei Lun-me
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 6 Avril 2016
- Date de sortie originale en salles : /
- Durée : 96 minutes
- Note : 8/10 par 1 critique
Image : 5/5
Elephant Films est décidément très regardant sur les masters proposés à leur public. Ocean Heaven ne déroge pas à la règle avec ces contrastes nickels, qui rend très bien le ton réaliste imprimé par la photographie de Christopher Doyle, artisan doué que l’on a déjà vu à l’œuvre chez Jim Jarmusch, M. Night Shyamalan et Zhang Yimou.
Son : 4/5
Une seule piste pour la version originale sous-titrée : 5.1 DTS-HD très claire mais qui donne parfois trop l’avantage aux dialogues.
Bonus : /
Pas de bonus, mis à part les habituelles bandes-annonces.
Synopsis
Wang Xincheng (Jet Li) travaille avec dévouement dans un parc d’attraction aquatique, et élève seul son fils. Âgé de 21 ans, Dafu (Wen Zhang) est autiste : il ne peut se débrouiller seul dans le monde extérieur. En revanche, c’est un excellent nageur, et il rejoint souvent son père au travail, pour nager dans les immenses aquariums en compagnie des dauphins et des tortues. Lorsque Wang apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale, il craque et tente de se suicider en emportant Dafu. Mais le destin décide qu’il en sera autrement, et il va tout faire pour apprendre à son fils à s’intégrer à la société et à survivre seul.
Le film
L’autisme au cinéma, et d’autant plus chinois, est un sujet délicat. Alors que l’Empire du milieu rattrape actuellement son retard sur la question, Ocean Heaven vient témoigner de la marche progressiste qui anime ce thème, en abordant ce trouble du développement avec le plus de subtilité possible. Avec une réalisatrice, Xue Xiaolu, qui plongeait dans le grand bain du long-métrage avec ce film, et Jet Li en grande star capable de porter le message avec conviction, Ocean Heaven a bien des cartes en mains pour s’avérer être une agréable surprise.
Il y a dans cet Ocean Heaven une sensibilité de tous les instants. Le récit, qui voit le personnage incarné par Jet Li être au seuil de la mort et devoir finir l’éducation de son fils autiste, avait le potentiel pour tomber dans le trop-plein d’émotions, le pathos dégoulinant. Pourtant, Xue Xiaolu, qui signe aussi le scénario, réussit à emmener le film autre part, sur un sol moins glissant. En captant la difficulté de tous les jours qu’est non seulement l’éducation d’un autiste mais aussi la parentalité tout court, mais aussi en donnant à l’ensemble un aspect réaliste jamais gonflant, la réalisatrice d’Ocean Heaven obtient un résultat qui va jusqu’à nous bouleverser. Jamais vulgairement, ni en usant d’artifices simplistes, mais en trouvant un bel équilibre entre poussées dramatiques et une crudité notamment due au jeu de comédiens visiblement très engagé.
Pour Ocean Heaven, Jet Li, ici pour la première fois dans un rôle purement dramatique, a été jusqu’à refusé tout cachet, et s’est démené lors de la campagne de promotion. On le ressent dans le film, tant sa prestation nous surprend de bout en bout. Touchant, l’éternel Wong Fei-Hung l’est aussi grâce à l’œil avisé d’une Xue Xiaolu dont ce premier film fut une façon de traduire artistiquement un vécu passionné. Volontaire pendant 14 ans au sein de l’association « Beijing Film Academy », qui prend en charge les enfants autistes, la réalisatrice ne peut cacher à l’écran son grand intérêt pour cette cause. Formellement, Ocean Heaven est sublime, poignant sans jamais être trop porté sur le pathos.
Ocean Heaven est une excellente découverte, qui prouve à quel point le cinéma Chinois a de quoi nous étonner, loin des films d’arts-martiaux (qu’on adore, rassurez-vous) et autres super-productions parfois too much. Cette histoire de chemins qui se séparent nous submerge de beaux sentiments, le tout baigné d’une partition de Joe Hisaishi qui, comme à son habitude, rend un travail brillant. Il y a de la qualité à tous les étages de cet Ocean Heaven…