[Test – Blu-Ray] L’Homme qui venait d’ailleurs – Nicolas Roeg

Caractéristiques

  • Titre : L'Homme qui venait d'ailleurs
  • Réalisateur(s) : Nicolas Roeg
  • Avec : David Bowie, Candy Clark, Rip Torn, Buck Henry
  • Editeur : Potemkine
  • Date de sortie Blu-Ray : 3 mai 2016
  • Durée : 139 minutes

Image : 5/5

Encore un transfert nickel en provenance de Potemkine. Gros travail sur la colorimétrie, et la précision permise par la résolution donne un confort de visionnage optimal. Si, comme nous, vous avez découvert L’Homme qui venait d’ailleurs en vidéo, vous ne l’aurez jamais vu aussi beau que dans cette édition.

Son : 5/5

L’Homme qui venait d’ailleurs est proposé uniquement en version originale sous-titrée, en DTS-HD Master 5.1. Il fallait un gros travail sur l’équilibre du master, et heureusement c’est le cas. Le travail de John Phillips sur la composition est respecté, et les voix ont le relief nécessaire. Un sans faute.

Bonus : 2.5/5

Un entretien de 25 minutes titré « David Bowie au cinéma » animé par deux intervenants : Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles, et Linda Lorin, animatrice à Radio Nova. Un bonus intéressant, tant il fait comprendre que L’Homme qui venait d’ailleurs est surtout renommé pour le rôle de Bowie, ce qui a tendance à éclipser un fond pourtant bien présent. Nicolas Roeg n’est pas évoqué, c’est dire…

Synopsis

Venu d’une autre planète malmenée par la sécheresse pour chercher de l’eau sur terre, Newton (David Bowie) bâtit un empire industriel grâce à sa maîtrise de technologies futuristes. Riche, il entreprend de construire un vaisseau qui lui permettra de retourner chez lui. Mais la rencontre de Mary-Lou (Candy Clark) vient bouleverser l’ordre des choses et Newton, déchiré par cet amour véritable, sombre peu à peu…

image david bowie l'homme qui venait d'ailleurs

Le film

L’Homme qui venait d’ailleurs est, avant un film qui marquera la carrière de David Bowie, la rencontre de deux talents indéniables. L’éternel interprète de Space Oddity bien sûr, mais aussi le réalisateur Nicolas Roeg, qui a notamment co-signé un certain Performance, qui mettait déjà en scène une star mondiale de la musique : Mick Jagger. Roeg, c’est aussi un chef-d’œuvre dans un genre plus terrorisant : le très sombre (ndlr : et très recommandable) Ne vous retournez pas, dont la forme très conceptuelle préfigurait déjà ce qui allait venir avec L’Homme qui venait d’ailleurs.

Alors que le rôle de Newton a failli être attribué à Michael Crichton, cette relecture très libre du roman signé Walter Tevis semble pourtant avoir été pensée pour David Bowie. L’Homme qui venait d’ailleurs est une telle poussée, jusqu’au quasi-absurde, de la vision éclatée de Nicolas Roeg que l’œuvre accouche d’une forme et d’un fond qui s’adapte totalement au personnage Bowie. La silhouette longiligne et androgyne du chanteur est évidemment une force pour la crédibilité du récit, mais c’est surtout l’esprit de l’artiste qui se retrouve en première ligne.

La problématique de L’Homme qui venait d’ailleurs part d’un drame extra-terrestre : Newton débarque d’une planète vidée de son eau. De fil en aiguille, le scénario pas simple d’accès nous fait comprendre, et non vivre, les changements que provoquent notre civilisation chez Newton. On ne peut que penser à un parallèle avec Bowie, alors que son personnage se plonge dans l’observation d’une douzaine de télévisions, pour s’imprégner de l’époque, mais aussi dans l’alcoolisme destructeur (par le passé, la drogue n’était peut-être pas aussi montrable sur les écrans). L’élément déclencheur n’est autre que Mary-Lou, incarnée par la belle Candy Clark, ce qui termine de donner au spectateur une impression étrange, très amère.

Signalons qu’il s’agit ici de la version intégrale de L’Homme qui venait d’ailleurs, donc de plus de deux heures avec notamment une blinde de plans érotiques qui ne servent en rien le rythme du film. D’ailleurs, celui-ci est aussi à l’image de l’œuvre de David Bowie : il faut être dans le trip pour accrocher complètement. A base d’ellipses, la narration ne prend jamais le spectateur par la main, ce qui fait de L’Homme qui venait d’ailleurs un film de science-fiction exigeant, délicieusement étrange, un peu chaotique, et en tous points atypique.

image l'homme qui venait d'ailleurs

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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