Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Développeur : Hello Games
- Editeur : Sony Interactive Entertainement
- Date de sortie : 10 août 2016
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Introduction
Vous les avez certainement vus s’étaler un peu partout sur Internet, les tests de No Man’s Sky sont de sortie depuis quelques jours, et le moins que l’on puisse écrire est que peu ont pu l’aborder avec le soin qu’il mérite. Le jeu serait vide, moche, une arnaque, n’aurait même pas le droit à un traitement en bonne et due forme selon certains. Au-delà de ce bruit tout sauf constructif, et parfois franchement nauséabond, nous avons pris notre temps afin de mieux comprendre l’œuvre qui s’étendait sous nos yeux. Pour voguer dans l’espace, se poser, fuir, découvrir, accumuler, et bien d’autres tâches qui feront partie intégrante de votre expérience dans No Man’s Sky. Soft pour le moins attendu, voire même l’objet de fantasmes par les mêmes qui, aujourd’hui sont déçus de ne pas les voir devenir réalité (toute l’histoire d’Internet résumé en une phrase), le jeu de Hello Games fait l’objet d’une étrange campagne de bashing, qui empêche d’y voir clair. On va tenter de débroussailler tout ça.
Histoire : 4/5
Tous les cosmonautes en herbe qui débutent dans No Man’s Sky vivent les mêmes premières minutes de jeu : ils sont échoués sur une planète inconnue et doivent réparer des pièces de leur vaisseau échoué pour pouvoir quitter les lieux et débuter une aventure que l’on qualifiera de minimaliste côté narration. Car voilà le premier choix fort des développeurs : de récit il n’y a que celui des joueurs, même si un fil rouge vous conduira jusqu’au centre de l’univers, et ce dernier matérialise la seule finalité de No Man’s Sky. Qu’on se le dise avant d’aller plus loin, on se trouve là face à une pure œuvre d’exploration. Pas un RPG, pas un jeu de combat spatial ni même un soft régit par les codes du FPS (même s’il en emprunte la vue et les réflexes). Non, le jeu est sans aucun doute ce qui se rapproche le plus d’une simulation de conquistador, mais sans la violence de l’ancien temps. En clair, vous êtes Vasco de Gama, pas Duke Nukem, et il va falloir l’assumer…
Que celles et ceux qui ne jurent que par les narrations ultra-scriptées, les lignes bien droites et balisées, sachent que No Man’s Sky n’a que peu de chance de leur convenir. Hello Games a choisi de rendre cohérent le concept jusqu’au bout du bout, en n’imposant rien à des joueurs poussés à la dérive spatiale. Ne vous attendez pas à des twists, des cliffhangers, des points culminants, de cinématiques : il n’y en aura pas. Le jeu cherche avant tout à vous mettre dans la peau d’un Robinson de l’espace, à faire éprouver cette étrange sensation que l’on a face à l’inconnu, cette envie de découverte potentiellement infinie. Dès lors, la quête Atlas qui vous propulse vers le centre de l’univers n’a finalement que peu de sens tant No Man’s Sky ne se prête pas à une telle approche. Seul compte votre envie de voyager, cette capacité à s’émerveiller de vos propres découvertes. Clairement, le concept est clivant, mais ne pas y accrocher ne signifie pas pour autant qu’il est mauvais, loin s’en faut.
Comme écrit plus haut, No Man’s Sky est cohérent. Les informations, les données sur cet univers, il faudra les chercher et, pour aller encore plus loin, choisir si elles vous sont importantes ou non. Par exemple, vous pourrez vous donner comme objectif d’en savoir un peu plus sur les trois races intelligibles qui peuplent l’espace infini : les Gek, Korvax et Vy’keen. Ou vous faire évidemment l’explorateur de planètes, auquel cas vous savez sans doute déjà que la tâche est sans fin : vous aurez à disposition 18 446 744 073 709 551 616 terrains d’exploration. Lesquels sont généré de manière procédurale, c’est à dire que pas une seule n’est identique grâce à de savants calculs mathématiques, et toutes comportent un écosystème propre : animaux, minéraux, végétaux. No Man’s Sky, c’est le gigantisme à l’état brut, c’est potentiellement ce soft que tout enfant a fantasmé un jour ou l’autre : celui qui rend à la perfection l’immensité de la solitude au sein d’un programme pourtant blindé en destinations.
Évidemment, ce parti-pris plus que chevronné de No Man’s Sky pourra en rebuter plus d’un. Car l’ennui fait irrémédiablement partie de l’aventure. L’absence de limites, d’objectifs imposés, cela provoque un effet fascinant : un ennui motivé. Cela pourrait d’ailleurs servir de base à une véritable réflexion sur les thèmes de la liberté et du voyage, même si l’on est conscient que s’adonner à ces deux concepts n’est évidemment pas identique devant un écran et « IRL ». La liberté totale, cela peut s’avérer plombant. Alors, comment estimer le récit avec justesse, lui qui prend soin de se dérober au joueur ? En ne l’abordant pas comme un but, mais comme un moyen. Et dans ce cas, No Man’s Sky est tout à fait satisfaisant, même si l’on aurait clairement désiré plus de mordant dans le trip de la découverte. Peut-être un réseau social interne au jeu qui aurait pu rassembler les plus belles découvertes, par exemple, en tout cas un catalyseur, un rassembleur même. Ce n’est pas le cas, et si le soft est bel et bien l’environnement titanesque que l’on attendait, il ne lui manque peut-être que cette touche un peu humaine pour s’élever encore à un autre niveau. Espérons que Hello Games en soit conscient et qu’ils nous préparent quelques surprises de ce côté-là.
Gameplay : 3/5
La prise en main de No Man’s Sky est un véritable mur à franchir, ce qui est loin d’être une mauvaise chose. Les premiers instants sont abrupts : on est lâché en territoire plus ou moins hostile (cela dépendra tout simplement de votre chance), et tout le système de jeu va devoir vite être découvert sur le tas. Pas de tutoriel, pas de petite fée qui vient vous susurrer des mots doux à l’oreille. L’exploitation de ressources sera l’activité à partir de laquelle vous pourrez construire, ou réparer, des améliorations indispensables aussi bien à votre vaisseau qu’à votre exo-combinaison, qu’il va d’ailleurs devoir régulièrement réapprovisionner pour pas que vous mourriez dans d’atroces souffrances. Sachez-le : il vous sera vite impossible d’évoluer véritablement dans No Man’s Sky si vous ne prenez pas le temps de faire évoluer votre équipement.
D’une simple pression de bouton, le radar de l’exo-combinaison scanne les alentours du personnage, et vous donne toutes les informations nécessaires sur la présence des ressources qui vous entoure. Dès lors, il n’y a plus qu’à ramasser, ou miner grâce à votre flingue ou vos grenades (lesquels sont aussi évolutifs via des améliorations à fabriquer), afin de récupérer les précieux éléments. Mais attention, car dans No Man’s Sky il est hors de question d’entasser les différentes matières premières. La combinaison comporte quelques emplacements, le vaisseau aussi (et l’on peut évidemment envoyer des éléments de l’un à l’autre), mais tout est très limité. Cela créé un côté gestion pas du tout désagréable, même si les menus auraient pu être beaucoup mieux pensés. Une réflexion que l’on se fait aussi pour la disposition des touches, qu’il va vous falloir vite dompter afin de ne pas commettre l’irréparable. Confondre la commande « envoyer vers le vaisseau » et « se débarrasser », par exemple, est une expérience que l’on a encore en travers de la gorge.
No Man’s Sky aurait sans doute mérité quelques semaines (voire mois) de fignolage en plus dans le pur domaine de la logique de gameplay, mais il serait injuste de ne pas souligner la bonne tenue des sensations que les contrôles procurent. A pieds ou en vaisseau, le jeu répond au doigt et à l’œil, notamment grâce à un jetpack particulièrement utile. Les moyens de transport justement, ils nous ont tout simplement bluffé. Bien entendu, on n’est pas dans une simulation d’engins spatiaux, mais l’on a tout de même plaisir à maîtriser ces moments de liberté à voguer dans l’infini. Les joutes qui peuvent s’y enclencher sont certes très sommaires, tout comme celles contre les sentinelles lors des phases en surface, mais elles ont au moins le mérite d’être justes. No Man’s Sky n’offre pas un rendu exceptionnel de l’action, loin de là et ce n’est clairement pas le but, mais fait l’effort de le proposer, ce qui est à souligner.
No Man’s Sky est finalement assez classique dans son gameplay, et même s’il est très possible que Hello Games perfectionne certaines choses par le biais des mises à jour (gratuites, évidemment) on regrette tout de même un certain manque de profondeur dans les features. Et, globalement, on ne peut s’empêcher de penser que certains éléments ont été rushé, on pense notamment aux dialogues avec les races extra-terrestres dont les choix de réponse sont trop limités, ou encore la sensation étrange qu’il manque la possibilité de se crasher bêtement sur une planète. Cela manque peut-être un peu de récompenses, d’un enrobage plus « gamer-friendly », même si dans l’ensemble No Man’s Sky reste agréable à maîtriser.
Technique et ambiance sonore : 2/5
Comme on pouvait le craindre, No Man’s Sky fait suer la Playstation 4 bien comme il faut. Les textures sont assez inégales : on peut tomber sur une planète disposant de détails rafraîchissants, tandis qu’une autre vous rappellera les horribles phases d’exploration en Mako de Mass Effect. Cela souffle le chaud et le froid, donc, mais tout de même on trouve une constante : ça pop. Mais de partout, ça n’arrête pas. Certains éléments peuvent apparaître à peine 5 mètres avant que le joueur ne les atteignent, et c’est particulièrement vrai à bord du vaisseau. Autre élément regrettable : si les planètes et espèces sont générées de manière procédurale, ce n’est pas le cas des bâtiments rencontrés, qui ont quasiment tous la même apparence même si les formes pourront varier d’un astre à l’autre. Dommage, on aurait apprécié un vrai effort d’architecture. Et pourtant, il est indéniable que No Man’s Sky est un jeu au charme visuel parfois éclatant. Certains panoramas ont eu le pouvoir de stopper notre marche en avant afin de mieux profiter de l’instant, et ça c’est toujours une émotion à chérir. Ce n’est donc pas une claque technique (qui y croyait ?), mais le soft est loin d’être totalement décevant à ce niveau pour autant.
Côté musiques de No Man’s Sky, on doit les compositions (elles aussi procédurales !) à 65daysofstatic, accessoirement le groupe préféré de Sean Murray, un des cerveaux derrière le jeu. De manière général, les sonorités sont très bonnes et renforcent avec brio l’ambiance très « SF old school ». Les bruitages sont un peu plus problématiques, surtout ceux des armes qui peuvent devenir assez rébarbatifs au bout de quelques heures. Mais dans l’ensemble l’impression est plus que bonne, on n’a pas eu le besoin de zapper l’ambiance sonore sur la durée du test.
Durée de vie : 5/5
Bon, de ce côté il est certain que si vous accrochez à No Man’s Sky vous êtes propulsés au sein d’une expérience qui peut se chiffrer par paquets de centaines d’heures. Nous avons une certitude : vous ne verrez jamais l’intégralité des planètes. Car pour se faire il vous faudrait pas moins de 585 milliards d’années (terrestres, hein), soit quasiment autant de temps que ce qui sépare l’Homme et le dinosaure. La seule limite au jeu est évidemment votre endurance, votre intérêt, qui lui seul pourra repousser l’ennui qui pointera fatalement le bout de son nez. Pour ce qui est de l’objectif au centre de l’univers, une grosse quarantaine d’heures, en les comptant à partir du crash de votre vaisseau, seront nécessaires, et quelque chose nous dit que certains secrets vous pousseront à recommencer le voyage, encore et encore. No Man’s Sky, c’est l’infini à tous les étages…
Note finale : 14/20
Jouer à No Man’s Sky est une expérience tellement à part qu’il est difficile de la noter. On fait certainement face à l’un des jeux les plus décisifs pour qui s’intéresse au principe de narration par le médium vidéoludique, tant celui-ci se trouve grandi par cette volonté de raconter via les sensations les plus pures que l’être humain peut éprouver. Seulement, on le sait : notre époque bride ces émotions. On est dans la vitesse, on vit dans le buzz, l’instantané. Le titre ici abordé, c’est l’antithèse de cette nouvelle façon d’aborder la vie, et ce même s’il en faut, de la rapidité, pour voyager d’une étoile à l’autre. Ce besoin de s’émouvoir de ses propres conquêtes pourra en pousser certains à se plonger corps et âme dans ce soft. Seul regret véritable, le jeu manque de finition, on sent que Hello Games a peut-être trop voulu écouter les joueurs les plus pressés, alors qu’il est limpide que le développement aurait du continuer encore quelques mois afin de proposer un meilleur accomplissement du gameplay, et surtout de la technique. Mais tout cela nous éloigne de ce qui doit être mis en avant plus que tout tant No Man’s Sky est ce qu’il se devait d’être : un incroyable trip spatial dont l’aboutissement philosophique continuera de nous fasciner très longtemps.