Caractéristiques
- Titre : Trash Fire
- Réalisateur(s) : Richard Bates Jr.
- Avec : Adrian Grenier, Angela Trimbur, Fionnula Flanagan
- Genre : Comédie, Epouvante-horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 94 minutes
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Synopsis
Isabelle et Owen forment un couple explosif et parfois conflictuel. Lorsqu’ils apprennent que la famille va s’agrandir, la future maman pousse Owen à la présenter à sa famille, avec qui le jeune homme semble entretenir une relation traumatisante.
La critique
L’Étrange Festival est souvent l’occasion de découvrir des films à l’humour noir ravageur, on se souvient encore avec un certain plaisir de La Peau de Bax lors de l’édition 2015. Il faut bien dire qu’à notre époque où chaque mot doit être savamment sous-pesé histoire de ne pas froisser la sensibilité de personne (quelle horreur !), ce sous-genre de la comédie noire est un bol d’air aussi vivifiant que précieux. Ainsi, on attendait pas mal ce Trash Fire, autant car le premier film de Richard Bates Jr., Excision, nous reste encore en mémoire, que pour les raisons qui l’ont poussé à se lancer dans l’aventure : l’exorcisme d’une dépression…
Autant l’annoncer de suite : Trash Fire est sans aucun doute le film le plus méchamment drôle présenté lors de cet Étrange Festival 2016. Les (fortes) tensions entre Owen et Isabelle accouchent de dialogues croquignolesques au possible, l’humour noir du jeune homme ne pourra pas vous laisser indifférent. Mais ce recours au ressort comique cache avec peine un mal-être que l’on devine profond. Richard Bates Jr. le montre, peut-être avec trop d’insistance, par le biais de très courts flash-back : Owen, enfant, est aux prises avec quelque chose, ou quelqu’un, en feu. Le réalisateur de Trash Fire instille avec soin la montée en puissance de son récit qui, nous allons le voir, ne se contente pas de nous faire hurler de rire.
Au bout du rouleau, et se révélant dans un état qui demande au couple de travailler sa stabilité au risque de se perdre, Isabelle provoque un retour aux sources qui, elle l’espère, s’avérera salvateur. Owen se doit de reprendre le contact avec sa grand-mère et sa sœur, cette dernière étant la seule rescapée d’un incendie ayant coûté la vie à leurs parents. La tonalité de Trash Fire commence à se modifier : on garde l’humour noir via une grand-mère encore plus abjecte que Tatie Danielle, mais le rapport entre le couple et la famille ne tarde pas à dépasser le stade du conflit. Toute cette phase est à la fois bien construite et réalisée, même si le passage au second plan d’Owen peut s’avérer un peu troublant après ces dizaines de minutes de pur pétage de plomb de sa part. Car, en fait, le sujet est autant la dépression d’Owen (et du réalisateur) que ce qui peut se cacher derrière les secrets familiaux…
Alors que l’on sent qu’un rien peut faire basculer l’intrigue, intervient un dernier acte à la fois soudain et percutant, accouchant d’une image finale qui nous a purement et simplement terrorisés. Alors soit, on pourra regretter que Richard Bates Jr. appuie un peu trop son récit par des séquences dont il aurait pu sans doute se passer, tout ce qui se passe hors de la maison de la grand-mère n’apporte que du surlignage d’éléments scénaristiques pourtant aisément compréhensibles. Pareillement, la critique de la croyance est sans doute un peu trop cliché pour avoir un réel impact. Cela ne porte pas vraiment préjudice à Trash Fire, mais on sent bien que le réalisateur, dont le moral était plus que bas lors de l’écriture du scénario, avait besoin de se rassurer quand a fonctionnement de l’œuvre. On peut le rassurer : son film est une réussite, et même un petit coup de cœur qui, nous l’espérons, se fraiera jusqu’à nos salles françaises…