Caractéristiques
- Titre : Bad Cat
- Titre original : Ayse Ünal, Mehmet Kurtulus
- Réalisateur(s) : Ayse Ünal, Mehmet Kurtulus
- Avec : Cezmi Baskin, Demet Evgar, Aysen Gruda
- Genre : Animation, Comédie
- Pays : Turquie
- Durée : 85 minutes
- Date de sortie : 5 Septembre 2018 en VOD
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Synopsis
Obsédé, fumeur, amateur de boissons fortes, vulgaire, violent : Shero est un chat pas comme les autres, qui règne en maître sur son quartier. Ses deux amis sont Riza, un rat et Rifiki, une mouette, avec qui il organise des soirées sur le toit de son immeuble. Un soir, Shero apprend qu’il a un fils.
La critique
Voilà, c’est exactement pour ce genre de découverte que, pour nous, l’Étrange Festival est un des moments incontournables d’une année cinéphile. Parce que, entre nous, on s’attendait à tout sauf à pouvoir profiter de ce genre de programme déniché par des organisateurs décidément émérites. On vous voit venir : non ce n’est pas de la brosse à reluire, mais un constat. Que vous tiendrez aussi si vous avez la chance, un jour prochain, de découvrir Bad Cat, un dessin animé turque divinement irrévérencieux.
On serait tenté de définir Bad Cat comme étant un Fritz The Cat tout en 3D et turque. On appuie sur la nationalité, tant voir débarquer une œuvre aussi délicieusement méchante n’est pas raccord avec ce qui se passe dans l’actualité erdoganienne. Mais bref, revenons-en à nos félins ravagés, et préférons plutôt rapprocher Bad Cat d’un Garfield qui aurait tourné violemment beauf. Chat d’un apprenti-violoniste pas franchement doué, le minou Shero est affublé d’une bande qu’il rejoint sur les toits pour monter toutes sortes de coups. Dès les premières minutes, la magie (noire) opère : on tombe sous le charme de cet humour grinçant, de ce ton résolument libre d’atteindre un certain niveau de déférence.
Il faut voir Shero et son pote proxénète, en approche d’un appartement où vit une petite chatte toute jolie, que le chat ne rêve que de culbuter comme un sauvage. Il n’y arrivera pas, et les événements vont prendre une tournure complètement folle. Il sera question de dévaliser une banque, ou encore d’un zombie complètement déchaîné à cause d’un malheureux incident. La galerie des personnages offre aux réalisateurs la possibilité de lâcher le Kraken : alcool, pensées machistes, débauche en tous genres, aucun tabou ne survit à la vision du duo à l’œuvre pour ce Bad Cat.
Comme nous l’écrivions plus haut, Bad Cat n’est cependant pas à rapprocher de Fritz The Cat. Même si les deux partagent une vision acide, le dessin animé ici abordé ne le fait pas sans un certain sens moral (et non pas « de la morale », la nuance est très importante). Attention, il ne l’applique pas de manière grossière, comme dans un Disney par exemple. Mais rien n’est véritablement gratuit à y regarder de plus près, notamment grâce à une fin intelligente et bien vue. Pour finir, on aurait pu craindre que le concept s’essouffle au fil du film. Heureusement, les situations s’enchaînent à un rythme ultra-soutenu, aucun temps mort n’est à redouter. Un résultat qui nous fait penser que le futur ne peut que sourire au duo formé par Ayse Ünal et Mehmet Kurtulus, du moins si les petits cochons (américains) ne les mangent pas. Ce serait dommage, car ce Bad Cat est grandement encourageant.