[Test – Playstation 4] Blackwood Crossing : un jeu narratif plaisant mais court

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : PaperSeven
  • Editeur : Vision Game Publishing
  • Date de sortie : 4 avril 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Une expérience courte

Si leur rythme de parution a baissé depuis quelques temps, les jeux narratifs ont tout de même connu une sacrée période faste, pendant laquelle des codes ont été bien établis. Les cadors du genre (Heavy Rain, Beyond : Two Souls, les jeux Telltale) ont certes créé la locomotive, grâce à des moyens importants. Mais, comme souvent, ce sont les studios indépendants qui ont rejoint la machinerie en route, pas toujours avec succès il faut bien l’admettre mais souvent avec une véritable réflexion, une valeur ajoutée. C’est ici que l’on rejoint des développeurs qui ont toute notre attention : PaperSeven, formé sur les ruines du Black Rock Studio de Disney (Pure et Split/Second Velocity étaient d’eux). Leur premier jeu annoncé, Blackwood Crossing, les emmène loin des softs de course (même si l’action se déroule dans un train en mouvement), qui furent leur spécialité, afin de rejoindre ce que certains ont nommé les “Walking Simulators“. Avec succès ?

Histoire : 4/5

image playstation 4 blackwood crossing

PeperSeven avait tout intérêt à gâter Blackwood Crossing côté histoire, et le studio l’a très bien compris. Le scénario, écrit par Oliver Reid Smith (qu’on connaît pour son travail sur The Room et sa suite), nous plonge dans la peau de Scarlett, une ado qui voyage en train avec son petit frère Finn. Le récit commence par un réveil, le nôtre, une ficelle finaude pour bien établir que tout ce que nous allons vivre par la suite pourrait très bien s’avérer être une rêverie. Endormie ou pas, toujours est-il que notre avatar tombe nez-à-nez avec ce qui ressemble à un humain portant un gros masque de lapin, et nous devons le suivre à travers le wagon. Toute ressemblance avec l’univers bien connu d’Alice au pays des merveilles est évidemment maîtrisée.

Il est difficile d’évoquer ce qu’il se trame profondément dans Blackwood Crossing, car vous spoiler l’intrigue, son cheminement, retirerait beaucoup à la très jolie expérience que propose le soft. Sachez simplement que le jeu de cache-cache qui s’installe, au tout début, siffle en fait le commencement d’un récit assez symbolique, dont le but est de nous faire comprendre les rapports entre la sœur et son frère. On a été tour à tour émerveillé et ému, et si un ou deux passages étaient attendus, le reste a su nous surprendre positivement. Seul regret, la toute fin nous a semblé un peu abrupte, même si cela se justifie par la nature même de cette conclusion. On ne peut pas vous en dire plus, mais sachez que ce jeu narratif réussit son pari : utiliser un lieu exigu (symboliquement en mouvement) et pourtant nous conter une histoire qui ouvre les perspectives.

Gameplay : 4/5

image jeu blackwood crossing

La prise en mains d’un jeu narratif est toujours hyper simple, et celle de Blackwood Crossing ne déroge pas à la règle. On se dirige avec le stick, et on se frotte à des énigmes plus ou moins corsées. Le jeu de PaperSeven ne cherche pas à réinventer la roue, et il ne faut pas attendre l’ombre d’une originalité à ce niveau. Les interactions avec les décors s’affichent directement à l’écran, parfois avec une petite latence mais cela ne gâche pas le mécanisme. Comme tout soft d’aventure, Scarlett récolte des objets qu’elle devra utiliser à bon escient, dans des phases de casse-tête à la difficulté abordable pour tous les publics. Il n’y a pas d’inventaire, du coup il faut passer d’une trouvaille à l’autre manuellement, mais comme on n’est jamais réellement encombré cela se fait sans heurts.

Certains passages de Blackwood Crossing font appel à des features intéressantes, et peut-être un peu sous-exploitées : donner la vie à des objets, et dessiner, mais globalement on ne sera pas trop surpris dans le déroulé des énigmes, sans pour autant ressentir autre chose qu’un certain plaisir à les voir se proposer à nous. Autre satisfaction, le level design influe sur le ressenti que l’on a manette en main, avec cette impression d’être continuellement face à un tunnel qui provoque une finalité. Par contre, on est moins séduit par l’inertie des commandes, PaperSeven ayant opté pour un rendu étrangement réaliste, avec des remous dans la démarche et une certaine lenteur dans la caméra. Le résultat est parfois lourd, surtout quand il faut se retourner, cas de figure qui arrive assez souvent. Heureusement, la vitesse de la caméra est réglable dans les options. Alors certes, il ne faut pas attendre de Blackwoodd Crossing qu’il nous renverse dans son gameplay, d’autant plus si vous êtes habitués aux jeux narratifs, mais force est de constater que la recette, minimaliste, fonctionne.

Technique et ambiance sonore : 4/5

image test blackwood crossing

Si Blackwood Crossing n’est pas non plus une énorme claque technique, on a tout de même été très agréablement surpris par le résultat global, plein de charme. Les jeux de lumière font beaucoup pour l’ambiance merveilleuse qui se dégage du soft, et on en a même oublié l’aliasing pourtant présent. La direction artistique est d’ailleurs l’autre belle réussite de ce titre, avec un character-design digne d’un véritable dessin animé. D’ailleurs, on se doit de vous conseiller une attention toute particulière sur les détails : ce titre est une expérience qui se déguste, d’autant plus que certains éléments du décor ont leur importance dans la bonne compréhension de l’histoire. Mais on n’en dit pas plus…

L’ambiance sonore de Blackwood Crossing est aussi assez savoureuse, les quelques compositions soulignant bien le déroulé de l’histoire. On a tout de même rencontré quelques soucis de mixage, avec des bruitages qui se déclenchent un peu étrangement, et les doublages d’un volume pas tout le temps équilibré.

Durée de vie : 2/5

image ps4 blackwood crossing

C’est là que le bât blesse pour Blackwood Crossing. Pour en voir le bout, il vous faudra tout au plus deux bonnes heures, et rien ne permet de doubler la mise côté rejouabilité. Pas de secrets à dénicher (du moins, on n’en a pas trouvé), pas d’intersections dans le cheminement ni de fins optionnelles. Dommage.

Note finale : 14/20

Blackwood Crossing est un jeu narratif typique, qui procure exactement ce qu’on en attend… mais pas plus. Si la durée de vie nous a semblé bien courte, non pas en terme de cheminement du scénario (qui se suffit à lui-même) mais de rejouabilité, tout le reste assure un bon moment pour une expérience entre le contemplatif et la (petite) réflexion. PaperSeven signe donc une entrée en matière intéressante, et si l’on attendra un jeu d’ampleur plus importante pour être totalement emballé, écrivons que les anciens de chez Black Rock Studio démontrent qu’ils ont du talent sous la pédale.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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