[Test – Playstation 4] Tales from the Borderlands : un sommet du genre

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
    • Playstation 3
    • Playstation Vita
    • Xbox 360
    • iOS
    • Android
  • Développeur : Telltale Games
  • Editeur : 2K
  • Date de sortie : 29 avril 2016
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Introduction

La génération « PS360 » fut incontestablement celle du FPS, avec l’avènement de Call of Duty (grâce, plus précisément, à l’épisode Modern Warfare), et de l’open world qui nous a, lui, donné une tripotée de nouvelles licences. Au milieu de ces deux genres (un peu trop) rois, quelques studios de développement ont réussi à sortir du lot pour proposer une offre différente, moins dans le sens de la mode dévorante. Telltale Games fait incontestablement partie de ceux-là, avec une envie de donner dans le jeu d’aventure en poussant à son maximum le côté narratif. Un objectif qui, d’ailleurs, doit beaucoup à Quantic Dream (Heavy Rain, Beyond : Two Souls), un autre pourvoyeur de ce que beaucoup ont trop vite qualifié de « films interactifs », raccourci facile s’il en est. Après quelques jeux pour se faire la main, citons le plutôt moyennasse Retour vers le Futur et le arrément tout naze Jurassic Park : The Game, Telltale Games a marqué son monde avec la première saison de The Walking Dead, que le traitement à base de dilemmes cornéliens a réussi à installer au sommet du genre. Après cette heure de gloire, le studio a enchaîné avec plus ou moins de réussite : une saison 2 zombiesque un peu en-deçà des espérances, du The Wolf among Us exceptionnel, puis un gros raté avec un Game of Thrones (dont le premier épisode est arrivé après le début du jeu ici testé, mais l’on prend la version boîte comme l’itération de base) au rythme paresseux, apathique. Alors, c’est avec une pointe d’inquiétude que l’on a abordé ce Tales from the Borderlands : aura-t-on le droit à ce que la formule propose de mieux, ou à un essoufflement du concept ?

Histoire : 5/5

image telltale games tales from the borderlands
Capture issue du Playstation Share.

Comme à son habitude, Telltale Games s’empare d’une licence pour y appliquer sa formule. Avec Tales from the Borderlands, le studio s’attaque tout de même à une originalité en s’attachant l’univers d’une série vidéoludique. On retrouve donc la franchise Borderlands, merci Captain Obvious, sûrement le soft le plus populaire que Gearbox ait pu signer. Dans le jeu qui nous intéresse, il est question de prendre la suite des opus d’origine, mais tout en restant assez éloigné de ce matériel pour être malgré tout « gamer-friendly », ne pas perdre le nouveau-venu dans cet univers. Car la grande force de cette saison de Tales from the Borderlands, c’est d’avoir perçu tout le potentiel d’ambiance, de personnages, de décors que contient cette licence, et de l’avoir très bien maîtrisé. On retrouve avec grand bonheur la planète Pandore, toujours aussi truffée d’autochtones pour le moins débilo-brutalo-rigolos. Mais cette fois-ci, vous n’incarnez pas un chasseur d’arche mais Rhys, un sous-fifre d’Hypérion, l’entreprise diabolique qui hante la franchise depuis le premier jeu. Une excellente idée qui ouvre des perspectives scénaristiques pour le moins intéressantes.

Tales from the Borderlands a donc trouvé le moyen de se démarquer des jeux de Gearbox en nous plongeant dans une intrigue beaucoup plus… « humaine », dirons-nous. En effet, on abandonne les gros bras chasseurs d’arche pour des personnages qui auraient pu être de simples figurants dans les jeux d’origine. Rhys, donc, n’est qu’un sous-fifre récemment rétrogradé à l’entretien des ordures pour le compte d’un supérieur pas vraiment respectueux, et toute la troupe qui va le rejoindre dans sa quête (test garanti sans spoiler, soit écrit en passant) est à l’avenant. Vaughn, l’inévitable buddy, n’est pas non plus un protagoniste qu’une force exceptionnelle condamne à l’héroïsme. Ce n’est pas non plus le cas de Fiona, de sa sœur Sasha, et des autres. En fait, l’histoire de ce Tales from the Borderlands est marquée d’une finesse étonnante pour la licence, un vrai contrepied de la part de Telltale Games, un coup clairvoyant qui permet au joueur de ne jamais trop voir venir ce que l’intrigue lui réserve. En fait, on fait face à un groupe de seconds couteaux qui va avoir l’occasion de laisser exploser un potentiel incroyable. C’est sûrement ce qui fait la grande réussite de ce soft : on est dedans du début à la fin, encore plus accroché aux personnages, charismatiques au possible, qu’aux situations pourtant divinement rocambolesques.

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Capture issue du Playstation Share.

Comme précisé plus haut, on qualifie ce Tales from the Borderlands de « saison ». On le sait, Telltales Games donne dans le contenu épisodique, d’abord proposé en dématérialisé, épisode par épisode, avant d’être réuni en version boîte. Cette structure est une merveille dans le cas précis des jeux de ce studio, car il permet une écriture bien cadrée, qui emmène à la trame ce rythme typique des séries, on pense notamment au cliffhanger, cette finalité ouverte qui vise à créer un suspens, à garder vif l’intérêt de la cible. Il faut se le dire : la formule Telltale Games aurait bien du mal à exister sur une dizaine d’heures , tout d’un trait. Ce découpage en cinq épisodes de Tales from the Borderlands est une excellente chose, et l’on vous conseille de respecter ce rythme de consommation en espaçant les épisodes, en laissant reposer, digérer les impressions. Car si le jeu ne balance pas de twists grandiloquents, et tant mieux, il réserve au joueur une aventure inoubliable, qui nous balance autant de phases de dialogues pleines d’humour que de séquences d’une action carrément palpitante.

On ressent peut-être moins de danger dans ce Tales from the Borderlands que dans ce que Telltale Games a pu faire dans The Walking Dead. Pas vraiment le même univers bien entendu, mais tout de même l’on doit remarquer que le principe de la narration par le flashback fait que l’on s’inquiète moins pour les personnages principaux. C’est une volonté assumée, d’ailleurs elle fonctionne très bien, c’est juste que du coup certains choix sont un peu moins sous-pesés que pour le jeu zombiesque. Malgré tout, le scénario de Tales from The Borderlands est une réussite sur toute la ligne, qui emmène le talent d’écriture ici à l’œuvre à se trouver un nouveau ton, plus linéaire mais aussi plus inspiré. Impossible de ne pas aborder le système de choix et de leurs conséquences, qui a fait la renommée du concept Telltale Games avec peut-être un peu de superficialité. Ici, avançons qu’il existe bel et bien des possibilités d’obtenir une situation finale différente selon vos décisions, notamment côté personnages survivants. Mais, comme toujours, dans les grandes lignes chaque joueur aura le droit au même ending, ce qui s’avère ici moins dérangeant tant l’on ne sent pas ce truc du « dis, tu as vu comment les embranchements sont nombreux ?« . Visiblement le studio a gagné en maturité, et l’univers de Tales from the Borderlands trouve l’équilibre parfait entre maîtrise, références et des recours au comique jamais à contretemps.

Gameplay : 3/5

image playstation 4 tales from the borderlands
Capture issue du Playstation Share.

Après avoir dressé des lauriers à l’univers de Tales from the Borderlands, on aborde un aspect un peu plus sujet à discussion. Si la plume des artistes du studio s’est affinée, est-ce le cas des doigts un peu boudinés des responsables du gameplay ? Allons droit au but : Telltale Games n’a toujours pas réussi à inventer la bonne formule, ici épurée à l’extrême mais qui, du coup, propose certaines phases peu intéressantes. La prise en mains des personnages s’accompagne de séquences loin d’être aussi palpitantes que ce que les scènes à base de QTE, que l’on abordera plus tard, peuvent proposer. On note non pas une baisse d’intérêt, puisque le peu que le joueur peut faire, ce qui se résume à une sorte d’exploration des décors, fourmille de détails assez cocasses pour bien nous garder dans l’intrigue. C’est surtout que l’on attend mieux d’un studio qui, en son sein, contient des développeurs qui ont connu l’âge d’or de LucasArts (Grim Fandango, Monkey Island, rien que ça). On s’amuse tout de même de certaines choses, comme l’œil bionique de Rhys qui permet de scanner les éléments intéressants pour en dévoiler un historique à chaque fois drôlissime. C’est pas spécialement folichon, mais ça participe à la grande réussite de l’univers de Tales from the Borderlands.

Il est très clair que Tales from the Borderlands n’est jamais meilleur que dans ses phases de QTE, pourtant terriblement simples, qui proposent certes un bel éventail de possibilités mais pas spécialement originales. Séquences de tir, de mouvements type course-poursuite, heureusement que certaines phases, plus rares, réservent d’agréables surprises. On n’en dévoilera pas une miette, mais sachez que le final de l’épisode 5 de ce Tales from the Borderlands est un vrai régal à jouer. D’ailleurs, même si l’ensemble du gameplay manque sûrement d’une pointe d’excentricité , on ne peut pas décemment nier que l’expérimenté Telltale Games sait parfaitement nous réserver des phases de QTE exemplaires quant à leur utilisation. Pas de manipulations exagérées, de combinaisons de touches abracadabrantesques, on reste constamment dans le mouvement de ce qui se passe à l’écran. Alors certes, on ne joue pas à Tales from the Borderlands pour son gameplay, et encore moins pour sa courbe de progression inexistante, mais le tout est d’un sérieux tel qu’il est impossible de ne pas y trouver le plaisir nécessaire.

Technique et ambiance sonore : 4/5

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Capture issue du Playstation Share.

On le sait bien, Telltale Games n’est pas un studio qui recherche la claque technique. Dès lors, on attend de Tales from the Borderlands qu’il assure le minimum syndical, et c’est plus que le cas sur la direction artistique. Le cel-shading fait des merveilles, et même si le joueur sait qu’il est dans un jeu loin d’être aussi propre que ce que fait de mieux sur Playstation 4, visuellement ça fourmille de détails à tel point que l’on trouve du plaisir à rester bien focus sur l’écran tout du long, pour ne pas en rater une miette. Pourtant, tout n’est pas rose, loin de là. Certains chargements de textures prennent quelques secondes de trop, et surtout si l’on salue la version originale sous-titrée, il est tout de même dommage qu’elle soit parfois assez mal intégrée. Mais l’on ne peut pas vraiment trop en tenir rigueur à Tales from the Borderlands, tant tout le reste est d’une force à toute épreuve, et notamment les différents designs (personnages, décors, ennemis).

Côté sons, Tales from the Borderlands opère un sans-faute ! Les musiques signées Jared Emerson-Johnson, compositeur attitré de Telltale Games, font merveilles, accompagnent à la perfection l’ambiance de la licence. L’OST sait se mettre en retrait quand il le faut, et se faire plus présente bien évidemment pour bien souligner l’action. On remarque que le meilleur morceau est celui du final, plein d’une belle émotion. Autre grosse réussite, les doublages sont tout simplement merveilleux. Il est bon de rappeler, à l’heure où des productions font appel à des « youteubés » pour interpréter des personnages animés, histoire de rameuter un certain public au dépit d’acteurs professionnels pourtant bien plus doués. Tales from the Borderlands est à faire jouer aux décideurs du film d’animation Ratchet et Clank par exemple, histoire qu’ils comprennent à quel point une bonne interprétation apporte une vraie force à l’œuvre.

Durée de vie : 4/5

image ps4 tales from the borderlands
Capture issue du Playstation Share

Commençons par une évidence : Tales from the Borderlands est un one shot pour ce qui est du pur émotionnel. Si l’on peut imaginer que certains trouveront du plaisir à se refaire l’aventure, il est clair qu’une fois vécue l’aventure ne retrouve plus cette surprise délicieuse qui vous pousse à jouer. Cependant, même pour ceux qui ne s’imagine pas jouer plusieurs fois à ce genre de jeu très narratif, Tales from the Borderlands est assez long pour être tout à fait satisfaisant à ce niveau. un acte dure approximativement deux heures, portant le total à une dizaine. C’est largement assez, et l’on finit le jeu avec l’impression d’en avoir eu pour son investissement. On réitère le conseil donné plus haut : n’hésitez pas à faire de chaque épisode un événement à part entière, un rendez-vous au même titre qu’une série télévisée, en espaçant d’une semaine chaque session. Effet garanti par votre humble serviteur.

Note finale : 16/20

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Capture issue du Playstation Share.

Contre toute attente, car il faut bien dire que le jeu était attendu au tournant, Telltale Games réussit un nouveau très joli coup avec ce Tales from the Borderlands. Si l’on est un peu inquiet pour la suite du studio côté gameplay, il va falloir se renouveler et vite, leur maîtrise de la narration atteint un sommet que même The Walking Dead n’avait atteint qu’à de rares occasions. La constance de ce soft, sa façon de nous scotcher à l’écran de son ouverture à sa fin, signifie bien que le studio est passé maître dans son domaine. D’ailleurs, un des effets secondaires de ce Tales from the Borderlands est de nous faire désirer plus ardemment que jamais un retour de Gearbox sur la licence tant l’on sent que le potentiel est encore là, puissant. Pour finir, il faut en remettre une couche sur la version originale sous-titrée en français, une feature de grand intérêt qui poussera même les anglophones qui ont fait les épisodes non-traduits à leur sortie, à courir se procurer cette version boîte de Tales from the Borderlands.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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