Misfits d’Howard Overman: critique de la 1ère saison

misfits-saison1.jpgLancée par la chaîne britannique
E4 en novembre 2009, la série Misfits d’Howard Overman met en scène une bande de jeunes délinquants qui se retrouvent dotés de supers
pouvoirs après avoir été foudroyés lors d’une tempête d’une violence surnaturelle. Cependant, ils ne sont pas les seuls à avoir subi une transformation: leur directeur de probation se change en
bête furieuse et tente de les assassiner alors qu’ils effectuent leurs heures de travaux d’intérêts généraux sous sa supervision… ils n’ont d’autre choix que de le tuer pour se défendre.
Persuadés que personne ne croira de jeunes marginaux, ils se débarrassent du corps et se retrouvent soudés par leur secret tandis qu’ils apprivoisent leurs nouveaux pouvoirs.

L’anti-Heroes

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Si la série reprend les différents codes des histoires de super-héros, elle se distingue notablement de Heroes par son ton et le traitement de l’intrigue. Attachants,
les personnages sont déjà bien peu conventionnels avant même la tempête et c’est bien leur condition de marginaux qui les isolent, plus que leurs pouvoirs. D’ailleurs, au fil des épisodes, de
plus en plus de personnages dotés de pouvoirs divers et variés apparaissent, si bien qu’on finit par se demander combien de personnes ont été touchées. Les références à la culture pop sont
nombreuses et Howard Overman ne cherche pas à masquer ses influences, qui vont des comics à des séries comme Buffy (pour la métaphore du
passage à l’âge adulte et certains éléments des intrigues ou répliques).

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La série oscille toujours entre humour franc et décalé, suspense efficace et réalisme social, un mélange qui fait sa singularité et son charme. Assez immatures et insouciants de prime abord, les
héros ont un franc parler jubilatoire, discutent cul sans détour… Cet aspect vaguement trash lui a valu des comparaisons à l’autre série à succès de E4,
Skins, qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre: si les héros de Heroes paraissent franchement puritains à côtés des
Misfits, il n’y a pas de raves, d’orgies ou de plongée dans la drogue. Les épisodes se concentrent surtout sur la manière dont les personnages vont apprendre à vivre
avec leurs pouvoirs, s’apprivoiser mutuellement pour former une famille tout en cachant leur secret alors que le directeur de probation, porté disparu, fait l’objet de recherches.

Le très chouette générique, boosté par le titre “Echoes” de The Rapture nous fait entrer de plein pied dans l’ambiance de la série. Le reste de la B.O., imprégnée de rock
nerveux, dance, électro ou hip-hop, rythme efficacement les épisodes et donne une personnalité particulière aux scènes.

Une série addictive

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Comportant seulement six épisodes, cette première saison se regarde très vite mais s’avère aussi riche et cohérente que si elle en faisait 12. L’épisode pilote, qui établit la mythologie de la
série, se regarde avec beaucoup de plaisir, le deuxième surprend par son ton qui passe de l’humour à la gravité de façon inattendue pour nous laisser la gorge quelque peu serrée par l’émotion.
Chaque épisode étoffe l’intrigue principale, l’histoire des personnages et nous rend un peu plus accros.

Chaque misfit pourrait être une caricature mais les scénaristes et les acteurs les rendent fort attachants. Alisha (Antonia Thomas) est le type même de la bombe sexuelle
qui abuse de son charme cependant, son pouvoir va lui compliquer la tâche puisque chaque homme qui la touche devient fou de désir pour elle, ce qui aura plus d’inconvénients que d’avantages.
Kelly (Lauren Socha), la grande gueule impulsive à l’accent ouvrier et rimmel dégoulinant montrera une sensibilité inattendue et aura l’occasion de faire preuve d’une plus grande
compréhension envers son prochain puisqu’elle devient télépathe. Curtis (Nathan Stewart-Jarrett), le sportif beau gosse dont la carrière a été brisée par son arrestation pour
possession de narcotiques, peut remonter le temps tandis que Simon (Iwan Rheon), le geek introverti à la limite de l’autisme, devient invisible sitôt qu’il se sent ignoré de ses
nouveaux amis.

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Les scénaristes sont toujours un peu sur la corde raide avec ce dernier, qui pourrait basculer facilement dans une direction convenue: puceau et rempli de frustration, on devine vite que son
pouvoir pourrait le rendre dangereux malgré sa gentillesse. Cependant, son personnage est traité avec suffisamment de finesse pour que son évolution soit toujours juste. Enfin, le sarcastique
mais néanmoins sympathique Nathan (Robert Sheehan) ne sait pas quel est son pouvoir avant la toute fin du dernier épisode, ce qui donne lieu à des moments comiques très réussis .
Avec sa bouille d’oisillon et son bagout intarissable (voir le génial monologue final de l’épisode 6), celui-ci est un peu la star de la bande et une excellente révélation, même si chaque
personnage est traité de manière équitable et bénéficie d’interprètes charismatiques.

S’achevant sur une dénonciation burlesque du puritanisme et des normes sociales, l’ultime épisode augure du meilleur pour la saison 2, dont la diffusion s’est terminée en décembre en
Grande-Bretagne. Après les dérives de Heroes, Misfits redonne envie de faire confiance aux séries de super-héros et prouve bien que le sujet
peut encore donner lieu à de bonnes histoires qui ont quelque chose à raconter.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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