Caractéristiques
- Titre : La Fille de Dracula
- Titre original : Dracula's Daughter
- Réalisateur(s) : Lambert Hillyer
- Avec : Gloria Holden, Edwan Van Sloan, Otto Kruger, Marguerite Churchill
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 24 Février 2016
- Date de sortie originale en salles : 1936
- Durée : 71 minutes
- Note : 8/10 par 1 critique
Image: 4,5/5
Comme pour les autres films de cette fournée (La Maison de Dracula et Le Fils de Dracula), le rendu général est satisfaisant, même si quelques imperfections, liées à la bande d’origine, subsistent. Par contre, la définition de ce DVD est la meilleure des trois films, et les contrastes sont bien respectés.
Son : 3/5
Comme pour les deux autres films de cet salve Cinéma Monster Club, le spectateur a le choix entre deux pistes : version originale et française, toutes les deux en DTS-HD Master Audio 2.0. Là encore, l’éditeur a pensé à proposer la VF, pour le public qui aime ne pas avoir à lire les sous-titres. On peut entendre un léger souffle sur deux ou trois séquences, mais rien qui puisse gêner la découverte du film.
Bonus : 4/5
Si pour vous, et comme pour nous, Jean-Pierre Dionnet est une figure incontournable de la cinéphilie, alors vous allez vous régaler. Certes, le menu n’est pas copieux en durée, mais le travail est très satisfaisant, et donne assez d’informations pour bien aborder La fille de Dracula. Deux présentations sont signées par l’ancien maître de cérémonie de Cinéma de Quartier : L’une présentant le film, et l’autre s’intéressant à la figure horrifique du vampire Dracula. S’ajoutent à cela les classiques (et appétissants) trailers. Mais ce n’est pas tout, car un livret de 12 pages vient compléter le tableau de fort belle manière, écrit par Damien Aubel, rédacteur en chef de la rubrique cinéma de Transfuge.
Synopsis
L’action de La Fille de Dracula commence peu de temps après la fin de Dracula. Le comte Dracula a été détruit par le professeur Von Elsing. Celui-ci, interrogé par Scotland Yard, peine à convaincre les policiers que ce n’est pas un meurtre, le comte étant déjà mort depuis 500 ans. Il demande l’aide d’un psychiatre, le docteur Jeffrey Garth, l’un de ses brillants anciens étudiants. Pendant ce temps, avec son serviteur Sandor, la comtesse Marya Zaleska dérobe le corps du comte à Scotland Yard et le brûle rituellement, avec l’espoir d’interrompre la malédiction. Mais ce rite ne parvient pas à assouvir sa soif de sang. La comtesse part en chasse, hypnotisant ses victimes avec sa bague exotique. Après avoir rencontré le docteur Garth dans une réception, la comtesse lui demande de l’aider à échapper à ses influences néfastes. Le docteur lui conseille de résister à ses démons en les affrontant, et la comtesse commence à espérer qu’elle et la science du docteur seront assez forts pour vaincre l’influence de Dracula.
Le film
Nous sommes en 1936 quand sort La Fille de Dracula, la suite direct du Dracula de 1931 : le film s’ouvre alors que Von Helsing (Edward Van Sloan) vient de tuer le suceur de sang des Carpates. Il suffit de lire le pitch du film pour réaliser à quel point il est courageux, et se propose d’aborder le thème du vampire sous un nouvel angle : celui de la femme. La fille du titre, c’est Gloria Holden, qui incarne la comtesse Zaleska, et donne d’ailleurs une interprétation si puissante qu’elle est considérée, encore aujourd’hui, comme la meilleure incarnation féminine d’un vampire de l’histoire du cinéma. Elle est dirigée par Lambert Hillyer, fils de l’actrice Lydia Knott, un réalisateur aussi prolifique que méconnu qui aura réalisé pas moins de 160 films entre 1917 et 1949. Cette union accouche d’une œuvre pour le moins courageuse.
En effet, il est indéniable que le sujet de La Fille de Dracula est le lesbianisme. et si, aujourd’hui, cette sexualité est (heureusement) acceptée, on ne peut pas dire que c’était très à la mode dans les années 30. La séquence de la rencontre, entre la comtesse Zaleska et Lili est d’un érotisme troublant, osé pour l’époque, tout en évitant toute vulgarité. D’ailleurs, la sensibilité de La Fille de Dracula nous surprend, comme dans la scène de l’incinération de Dracula, où sa fille dévoile que son but est de se libérer de l’emprise du père, de la malédiction qui plane sur elle. On fait évidemment le rapprochement avec le sujet lesbien…
La Fille de Dracula est sans doute le film le plus lourd de sens de l’âge d’or de l’épouvante chez Universal, mais il n’est pas spécialement le plus réussi en terme de frissons. Sur ce point, Lambert Hillyer ne s’en sort que grâce aux décors sublimes, et au charisme foudroyant de Gloria Holden qui, en quelques secondes, nous fait bel et bien croire qu’elle est la descendante de son comte de père. Par contre, en terme de mise en scène, c’est assez plat, et parfois maladroit (ces faux raccords !). Heureusement, donc, l’ambiance nous emporte loin de ces considérations techniques, bien aidée par une musique somptueuse signée Heinz Roemhel.
Au final, cette suite du Dracula de Tod Browning s’avère prendre une direction courageuse, celle du film à sous-texte. La Fille de Dracula n’est certes pas le plus marquant des films de vampire, et les fanatiques des crocs dans le cou en seront à peu près pour leur frais. Tout est question de suggestion, de non-dits, et de force de l’image, ce qui donne une œuvre passionnante, et une preuve que les cinéastes n’ont pas attendus l’époque de la vulgarité, du tout démontré, pour exprimer des idées progressistes…
La Fille de Dracula, un film de Lambert Hillyer. Édite par Elephant films, 16.99€.