[Test – DVD] Matalo – Cesare Canevari

Caractéristiques

  • Titre : Matalo
  • Réalisateur(s) : Cesare Canevari
  • Avec : Lou Castel, Corrado Pani, Antonio Salines
  • Editeur : Artus Films
  • Date de sortie Blu-Ray : 5 Avril 2016
  • Date de sortie originale en salles : 22 octobre 1970 (Italie)
  • Durée : 89 minutes
  • Note : 9/10

Image : 5/5

Un master de haute volée, avec avant tout ce grain très agréablement sauvegardé. Étant donné le caractère psychédélique du film, le gros travail de reconstitution des couleurs est un bienfait, et tire vers le haut l’ensemble de ce qui fait un visionnage agréable : contraste et piqué. Il subsiste quelques petites imperfections mais rien qui puisse égratigner cette bien belle édition signée Artus Films.

Son : 3/5

Matalo est proposé en mono aussi bien version Française que pour l’originale sous-titrée. Cette dernière est plus puissante, clairement mieux équilibrée, et restitue mieux le spectacle. Cependant, ce serait une erreur que de penser que le doublage Français est mauvais. Les acteurs sont bien dans le ton, mais paraissent plus lointaines.

Bonus : 5/5

Un entretien avec le spécialiste Alain Petit, qui nous présente Matalo en profondeur, et nous éclaire aussi bien sur le casting que sur le réalisateur Cesare Canevari. Tout comme pour Belle Starr Story, l’historien nous enchante tout du long de sa demie-heure. Autre programme au menu de ce DVD, Rouge Western (59 minutes) positionne le spectateur dans la peau de ce qui pourrait très bien être un personnage de Leone, à la rencontre de certaines des figures les plus importantes du genre dont Sergio Sollima, Ferdinando Baldi et Mario Caiano.

Synopsis

Deux bandits sauvent un de leurs amis de la potence et se réfugient dans une ville fantôme. Rejoints par leur complice Mary, ils préparent l’attaque d’une diligence transportant de l’or. Leur plan pourrait se dérouler sans encombre, mais l’arrivée d’une vieille femme, d’un étranger maniant le boomerang, et d’une jeune veuve va venir tout chambouler.

image matalo

Le film

Il était une fois dans l’Ouest, Django, Le dernier face à face, Tire encore si tu peux ou encore Le dernier jour de la colère, et l’on en passe et des meilleurs : le western italien est une mine à grands films. Et comme tous les genres, l’époque dans laquelle il s’inscrit est d’une grande importance. La fin des années 60, et son ambiance flower power a évidemment marqué quelques uns des auteurs italiens qui s’adonnaient au genre qui déplaçait les foules. On pensera notamment aux Quatre de L’Apocalypse de Lucio Fulci, l’un de ses films les plus barrés du réalisateur, ou encore Le Spécialiste de Sergio Corbucci. Matalo fait partie de ces œuvres marquées par leurs temps.

Nous sommes en 1970 quand Matalo pointe le bout de son nez, et le genre s’apprête à connaître le déclin et, en bout de course, l’extinction. Annoncée par la gaudriole d’On l’appelle Trinita, cette chute va pourtant permettre à quelques films de sortir du lot. Dans le cas de Matalo, qui restera comme le seul film véritablement réussi de Cesare Canevari, ce sont les fascinantes poussées « auteurisantes » qui vont lui donner une place au soleil. Découverte totale, le film est l’un des westerns italiens les plus intéressants que l’on ait pu voir, mais aussi l’un des plus étranges.

Matalo débute par une séquence de sauvetage de l’un des antagonistes du film. Une situation loin d’être originale, mais Cesare Canevari l’utilise pour instaurer une ambiance sous acide, bien soutenue par une mise en scène assez inouïe, avec une caméra aérienne et un montage qui privilégie le sens à la logique. Autre choix qui se fait sentir bien vite : les personnages de Matalo sont du genre à ne pas se perdre en bavardages, et laissent l’image parler à leur place. Très peu de répliques sont à comptabiliser, et pourtant le film s’adresse à nous d’une manière très forte. On est surpris qu’un réalisateur aussi mineur ait pu atteindre une telle maîtrise.

Matalo prend soin de ne jamais laisser le spectateur s’installer paisiblement, cherche en permanence à ce qu’il soit en alerte. L’atmosphère de l’œuvre varie entre des plans diurnes plombés par un soleil omniprésent, sous lequel les personnages semblent perdre la tête. Alors que l’ambiance nocturne tourne quasiment au film gothique, Cesare Canevari faisant en sorte d’utiliser à sa juste valeur un décors minimaliste mais à la personnalité très marquée. En résulte un malaise constant qui flotte sur Matalo, bien aidé par une musique à base de sonorité très peu voire pas du tout typées western.

Matalo est un western atypique, qui expérimente autant qu’il raconte. Évidemment, c’est parfois un petit peu maladroit, notamment l’on ressent un manque de moyens dans l’éclairage de nuit. Mais entre la voix-off dépravée de l’antagoniste qui représente le plus grand nombre du peu de répliques du film, les plans aériens parfois assez stylisés, la mise en scène courageuse, les thèmes musicaux qui sortent du rendu « à la Morricone » et le casting habité, on peut dire que ce Matalo est une véritable curiosité.

Matalo, un film de Cesare Canevari. Édité par Artus Films, 12.90€.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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