Caractéristiques
- Titre : Les Mille et Une Nuits
- Réalisateur(s) : John Rawlins
- Avec : Jon Hall, Sabu, Maria Montez, Leif Erickson
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 6 Avril 2016
- Date de sortie originale en salles : 24 juillet 1946
- Durée : 86 minutes
- Note : 8/10 par 1 critique
Image : 5/5
On est dans du master de grande qualité, tout comme pour celui du Livre de la Jungle, autre film avec Sabu sorti par Elephant Films. Le Technicolor retrouve sa majesté d’origine, la colorimétrie nous rappelle tout le bien que l’on pense de ce procédé. La précision de l’ensemble fait bien ressortir le grain, et c’est bien agréable.
Son : 3/5
Les Mille et une Nuit propose du DTS HD Master 2.0, aussi bien pour la version Française que pour l’originale sous-titrée. La version dans la langue de Molière est plutôt à éviter, avec un déséquilibre du mixage en faveur des voix, et un souffle assez marqué. La VOSTFR est beaucoup plus recommandable, mieux équilibré et beaucoup plus claire.
Bonus : 4/5
Un documentaire de 50 minutes : Sabu, L’ami des Éléphants, revient sur la carrière phénoménale de l’une des étoiles filantes les plus charismatiques de l’histoire du cinéma. Il s’agit du même documentaire que pour le Blu-ray du Livre de la Jungle.
Synopsis
Kamar al-Shaman blesse son jeune frere, le calife Harun al-Rashid, lors de sa tentative de prendre le trône de Bagdad. En fuite, ce dernier se refugie dans la troupe de la belle Scheherazade, fort convoitee. Il est pris sous la protection d’un jeune acrobate, Ali Ben Ali. Mais la petite troupe, composée entre autres de Sindbad de retour de ses voyages et d’Aladin en manque de lampe magique, est vendue par le vizir Nadan. Les membres de la troupe deviennent ses esclaves.
Le film
Il suffit de lire le nom de Warlter Wanger, producteur notamment de Cléopâtre de Mankiewicz pour s’assurer que Les Mille et Une Nuits sera un divertissement haut en couleur, misant tout sur le grand spectacle quitte à prendre des libertés avec le récit d’origine. Cette production Universal qui, à l’époque, s’apprêtait à dominer le genre de l’aventure après la fin de l’âge d’or de l’épouvante, confirme ce fait avéré.
Les Mille et Une Nuits reprend un contexte arabisant pour en tirer un trip exotique plein de couleurs, magnifié par un Technicolor à tomber par terre. Les amateurs de l’un des plus célèbres des livres anonymes en seront pour leur frais, tant John Rawlins et son scénariste Michael Hogan prennent des libertés, tout en s’amusant à rendre hommage ici ou là à certaines figures bien connues, comme Aladin ou Sinbad. Les Mille et Une Nuits se concentre en fait sur une histoire classique, prudente pourrait-on même penser, à base d’histoire d’amour semée d’embûches et de complots. Cela fonctionne bien, et le traitement désuet garde un charme certain.
Plus problématique est le rythme des Mille et Une Nuits, qui s’enlise dans un petit bonhomme de chemin tranquille, et enchaîne les ficelles attendues du genre. Avec beaucoup de classe et de maîtrise, certes, mais tout de même avec un académisme plaisant mais peu surprenant. Heureusement, Les Mille et Une Nuits est un sommet de démonstration d’une puissance évocatrice typique de ces films de studio. Bon sang, mais que c’est beau, chaque cadre est travaillé, sous-pesé, témoigne d’une envie de spectacle total. John Rawlins fait preuve d’un savoir-faire certain, lui l’honnête artisan qui n’aura jamais réellement connu d’heure de gloire même si son travail est toujours d’un sérieux admirable.
Côté casting, Les Mille et Une Nuits confirme la solidité de l’ensemble, avec un John Hall comme un poisson dans l’eau, une Maria Montez qui semble faite pour magnifier le Technicolor, et un Sabu dans un rôle caractéristique de ce qu’on lui proposait après sa grande performance du Livre de la Jungle. Les Mille et Une Nuits constitue un divertissement en tous points typique de ce que fut les grandes productions des années 1940, avec un charme désuet qui fonctionne bien, une photographie démentielle et une mise en scène sérieuse, parfois au risque d’être trop prudente. Un plaisir cinéphile que l’on a plaisir à redécouvrir.