Caractéristiques
- Titre : Human Centipede 2
- Réalisateur(s) : Tom Six
- Avec : Laurence R. Harvey, Ashlynn Yennie, Vivien Bridson
- Editeur : Condor entertainment
- Date de sortie Blu-Ray : 9 mai 2016
- Durée : 91 minutes
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- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 5/5
Le master fait un sans faute. The Human Centipede 2 n’est pas qu’un film excessif et irrévérencieux. L’ambiance qui se dégage de l’œuvre doit beaucoup à sa photographie signée David Meadows (Capitaine Phillips) : un noir et blanc bien soutenu par un contraste profond. Un DVD ne pouvait pas faire mieux.
Son : 4 /5
The Human Centipede 2 est disponible en version française et originale sous-titrée dans la langue de Molière. Chacune en Dolby Digital 5.1. Le doublage de la version française n’est pas épouvantable, mais évidemment la seule expérience totalement satisfaisante se vit en compagnie de la VOSTFR. Pas de souffle, équilibre constant, on signale tout de même un relief un peu moindre sur la VF
Bonus : 3/5
Un making of d’une petite dizaine de minutes, que l’on aurait aimé plus long tant ce qui y est montré démontre l’ambiance d’un tel tournage. “Ici ce sont les fausses bouches, ici les fausses fesses”… Autre bonus, une interview avec Tom Six d’une douzaine de minutes, dans laquelle le réalisateur quelque peu original revient sur quelques composantes du film.
Synopsis
Martin est un quarantenaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film “The Human Centipede”. Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heitzer dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l’anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde.
Le film
On a un souvenir vivace de la sortie du premier The Human Centipede, dont la réputation sulfureuse avait pu paraître quelque peu exagérée à la vue du résultat : un film au final certes grand-guignolesque mais finalement assez sage, voire comique sur les trois quarts du métrage. Mais surtout, on sentait un vrai talent aux commandes, Tom Six étant autre chose que le pitre à chapeau que certains ont bien voulu décrire bien promptement. The Human Centipede 2 était annoncé comme une suite bien plus abjecte que l’original, le résultat ne se base-t-il que sur une escalade de la violence ? Pas vraiment…
The Human Centipede 2 est toutefois d’un tout autre niveau d’épouvante que son prédécesseur, pour plusieurs raisons. La première est sans aucun doute cette ambiance d’un glauque que l’on a rarement vu aussi insupportable sur un écran. Le fait que l’anti-héros soit une sorte de fantasme tout droit sorti de l’esprit dérangé de Familles de France marche plutôt bien, parce que le ton n’est pas à l’analyse sérieuse des effets secondaires créés par les films d’horreur. Il s’agit juste d’une situation, pas d’une description moralisatrice, on assiste plus à une vision du monde cauchemardesque de la part d’un auteur qui, visiblement, ne croit pas beaucoup en son époque (et comment lui en vouloir ?). La description de Martin, cette caméra qui prend soin de nous le présenter dans une cellule familiale dégénérée, est parfois insoutenable. Peut-être même plus que ce à quoi le spectateur se prépare à voir, même inconsciemment. La scatophilie finalement plutôt rigolarde de The Human Centipede 2 n’est rien face à l’existence de Martin, que le père violait étant enfant, et que la mère complètement hystérique défend encore des années plus tard. Ajoutons à cela un physique loin, très loin des standards de beauté imposés par la société, ce qui lui vaut certains regards désapprobateurs chez les femmes, et l’on obtient l’un des personnages les plus étrangement fascinants de l’histoire du cinéma de genre.
The Human Centipede 2 n’est pas plus une critique de la famille que de notre rapport au cinéma de genre. Tout est traité équitablement. Le spectateur fait face à l’œuvre finie d’un artiste qui ne recule devant rien pour nous en mettre plein la tronche. On regrette juste que, dans ses interviews, Tom Six joue au réalisateur qui recherche le choc, comme un Tarantino bavard qui tente de nous faire croire qu’Hostel serait un summum du cinéma d’épouvante. Car la vision du bonhomme est intéressante, est à suivre sur un film moins traumatisant. Le metteur en scène l’avait annoncé, et beaucoup lui avait rient au nez, seulement voilà : The Human Centipede 2 ferait effectivement passer son prédécesseur pour un gentil Disney (pléonasme). On sent passer le dernier tiers du film, et ce même si l’on est un “habitué” aux films d’horreur du genre bien extrême. On tourne véritablement au grand-guignol, avec un Martin qui s’inspire du professeur fou de son œuvre préférée… mais qui n’en a pas les connaissances médicales. Coudre des bouches à des anus ? Non, mieux vaut les agrafer, ça va plus vite. Aussi, plus question de ménager les victimes : on leur sectionne les tendons des genoux à vif, et s’il n’ont pas envie de faire la grosse commission on leur administre une forte dose de laxatifs. Rien qu’à l’écrire, on en est encore un peu groggy.
Ce final, que l’on qualifiera pour le moins d’explosif (hum), fait rentrer The Human Centipede 2 dans l’histoire du cinéma de genre. Séquence de cinéma la plus odieuse jamais tournée (on parle bien de cinéma, pas des trucs craspecs à la Olaf Ittenbach), ce morceau pas vraiment de bravoure décrit l’indescriptible avec une aisance assez flippante. Tom Six maîtrise ce pétage de boulon carabiné, son rythme, avec un talent qui force le respect. Alors certes, cette scène était attendue, à cause d’un marketing forcené de la part du réalisateur, mais tout de même… ça dépote. Cependant, une fois ce constat bien souligné que reste-t-il ? Existe-t-il un écho dans ce torrent de vomi, d’excrément et de sexe masturbé au papier à poncer (bon sang…) ? Oui, il en existe un. Comme un malaise dans l’air, une menace parfaitement imagée par un dernier plan alarmant. Comme le disait Sacha Guitry, concernant l’obscurité qui suit l’écoute de Mozart (toute proportion gardée évidemment) : les ténèbres qui suivent le visionnage de The Human Centipede 2 sont encore signées Tom Six.
Avec The Human Centipede 2, Tom Six signe un film de genre qui n’a pas vraiment été compris par la critique, beaucoup trop concentrée sur le déballage d’immondices, le doigt bien pointé comme les censeurs qu’ils peuvent parfois être. Oui, le dernier tiers est une horreur, une ignominie même, on va dire que le réalisateur met tout en œuvre pour tenir parole et dépasser largement le précédent film. Mais l’un de ses petits plaisirs n’a-t-il pas été de dire bien des choses, d’étaler sa vision du monde finalement encore plus traumatisante que tous les débordement scatophiles, sans que personne ne la remarque, trop occupé justement à dénoncer la superficialité de l’ultra-violence ? On parie quelques pièces sur cette hypothèse…