Caractéristiques
- Titre : She-Wolf of London
- Réalisateur(s) : Jean Yarbough
- Avec : Don Porter, June Lockhart, Sara Haden
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 27 Avril 2016
- Durée : 60 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4/5
Elephant Films rend encore un travail de restauration impressionnant, dont seule une poignée de plans a tendance à être un peu en-deçà, notamment côté piqué de l’image.
Son : 4/5
She-Wolf of London s’écoute aussi bien qu’il se regarde. Deux pistes sont proposées : une version française, et une version originale sous-titrée, toutes les deux en Dolby Digital 2.0. Comme d’habitude dans cette collection, la VOSTFR est la plus intéressante, celle qui équilibre le mieux dialogues, bruitages et musiques. Mais la présence d’une version dans la langue de Molière est tout de même un effort à souligner.
Bonus : 3/5
Autre habitude pour cette collection : deux présentations sont assurées par l’éminent Jean-Pierre Dionnet. La première aborde la figure du loup-garou dans sa globalité, tandis que la seconde s’intéresse uniquement à She-Wolf of London. Une vingtaine de minutes en compagnie d’une telle mine d’informations, ça ne se refuse pas. La catégorie bonus est complétée par les éternels trailers, ainsi qu’une galerie de photos.
Synopsis
Phyllis Allenby est une jeune et séduisante héritière londonienne qui va bientôt se marier. Toutefois, une série de meurtres perpétués dans un parc à proximité de sa résidence, les cadavres étant retrouvés éviscérés, crée une ambiance malsaine. Les enquêteurs de Scotland Yard commencent à murmurer qu’il pourrait s’agir d’un loup-garou. Phyllis est d’autant plus perturbée qu’elle pense être peut-être la coupable de ces meurtres, une malédiction planant sur sa famille, plusieurs de ces ancêtres sont d’ailleurs réputés avoir été des lycanthropes…
Le film
Afin de mieux comprendre l’œuvre qu’est réellement She-Wolf of London, il faut prendre en compte les deux autres titres sous lesquels elle est connue : The Curse of the Allenbys, et Phyllis : la Louve de Londres. Deux désignations peut-être plus précises que l’originale, qui ferait maladroitement penser au spectateur qu’il s’apprête à se balancer un film de loup-garou classique. On sent une envie de personnaliser le film, de mettre en avant un protagoniste et non une transformation ici fantasmée. Vous l’aurez compris : la she-wolf du titre n’est pas un lycanthrope comme les autres, a une autre carte à jouer : celle du symbolisme via une histoire qui tient plus du thriller que du film de monstre.
Le récit de She-Wolf of London, ramassé sur tout juste une heure (ah, les bienfaits des doubles programmes aujourd’hui oubliés…), propose un rythme étrange pour toutes les personnes habituées au cinéma actuel, qui multiplie les sorties de plus de deux heures. Ici, tout va vite, mais sans jamais perdre de vue le spectateur, l’accompagnant juste ce qu’il faut pour bien aborder une histoire qui tient bien plus de celle d’un serial-killer que d’un lycanthrope affamé. On retrouve pourtant une histoire de malédiction dans She-Wolf on London, de corps décrits comme déchiquetés. Mais jamais de transformation, ni de hurlement à la pleine lune. Juste une rumeur, colportée par les journaux qui, les matins des meurtres cherchent autant à balancer de l’info macabre qu’à la vendre aux amateurs de sensations fortes. Mais aussi, ce racontar qui ne se dévoile qu’à voix basse est ébruité par un policier, qui semble prendre au sérieux cette hypothèse, contre l’avis moqueur de ses collègues.
She-Wolf of London traite le loup-garou comme une légende, un monstre plus apte à faire frémir au cinéma qu’à exister dans l’univers « réel ». Ainsi, les amateurs de la bestiole à poils en seront légèrement pour leurs frais : pas de lycanthrope, mais un tueur en série, un psychopathe quasi fantomatique. Il faut savoir que She-Wolf of London sort en fin de règne : l’épouvante made in Universal est entrain de tirer sa révérence, le public étant rassasié pour un moment des films de monstres. Se dirigeant de plus en plus vers les films noirs, qui remporteront le pompon pour les années à venir, le public force donc Universal à se renouveler, et il est indéniable que l’œuvre abordée dans ce test en est l’un des effets. Le genre tire sa révérence jusqu’à la Hammer, et She-Wolf of London accompagne parfaitement ce fait en refusant le genre.
Il plane un air lourd dans She-Wolf of London, aussi mystérieux que menaçant. Il est question de malédiction, et dans ce pur thriller gothique, le plus gros du film se passant dans des intérieurs typiques de ce courant artistique. L’horreur est ici moins question de représentation physique que psychique, et aborde des thème finalement peu traités à l’époque : à croire que l’on est maudit, l’infortune vient à nous fatalement. Et surtout, cette image de la femme qui revient, salie, de pérégrinations nocturnes et qui doit pouvoir l’affirmer, est très parlante à bien y regarder, surtout que la-dite femme est alors en passe d’être mariée. Le trio d’actrices est formidable, donne lieu à tout un jeu de dupe qui se conclut dans un mystère complet, l’apparente culpabilité n’étant volontairement pas du tout satisfaisante. Voilà un film singulier que ce She-Wolf of London, imparfait notamment dans l’écriture de ses dialogues (on regrette surtout un monologue hors de propos), mais qui boucle l’age d’or du cinéma d’épouvante made in Universal d’une manière courageuse, en évitant de brosser le spectateur dans le sens du poil…