[Critique] Grand Kingdom : un T-RPG exigeant et accrocheur

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Playstation Vita
  • Développeur : Monchrome, Spike Chunsoft
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 17 juin 2016
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Introduction

Le Tactical-RPG est un genre qui, s’il a eu du mal à atteindre notre bon vieux continent pour diverses raisons, est aujourd’hui plutôt bien installé dans les mœurs des gamers pointus. On l’a vu récemment avec notre test de Valkyria Chronicles Remastered : le genre a tout pour plaire, offrant bien des possibilités aux développeurs pour nous offrir des éléments de gameplay originaux. Et parmi les grandes figures de ce genre bien spécifique, capable de proposer des concepts qui renouvellent l’intérêt sans arrêt, on trouve sans conteste Tomohiko Deguchi, une figure reconnue du secteur désormais à son compte avec son propre studio : Monochrome. Après nous avoir régalé avec son sublime Muramasa, le bonhomme prenait un virage avec Grand Knights History, un T-RPG exclusif à la PSP, malheureusement jamais aperçu sous nos latitudes. Heureusement, sa suite spirituelle Grand Kingdom a droit à un meilleur destin et déboule enfin en Europe, sur Vita et Playstation 4.

Histoire : 3/5

image jeu grand kingdom
Image issue du Playstation Share.

Grand Kingdom instaure une ambiance très sympathique, mélange de moyen-âge et d’anime. L’atmosphère visuelle est d’un classicisme absolu et conscient, le jeu cherche à construire une intrigue rapidement compréhensible dans ses problématiques : un ennemi extérieur, et des conflits intérieurs. Mais le scénario, plat dans sa façon de gérer les pics émotionnels, est malheureusement un peu moins fouillé qu’espéré. Le joueur incarne un chef de guilde, laquelle est plongée dans un conflit naissant : notre camp doit empêcher l’empire d’Uldein de reprendre du poil de la bête, sa volonté d’instaurer le chaos n’étant pas spécialement populaire. Cette situation simple comme bonjour donne lieu à une description d’un univers simple à aborder, cohérent, mais qui a du mal à créer des situations véritablement engageantes sur la seule force du récit. Rien de catastrophique pour autant, loin de là : on suit l’histoire de Grand Kingdom tout de même avec un certain plaisir et les personnages récurrents ont assez de caractère pour créer une atmosphère digne de ce nom.

L’histoire principale de Grand Kingdom , divisée en 12 chapitres, est complétée par les DLC sortis au Japon, ce qui rajoute pas mal de matière en terme de développement de l’univers. Les quatre royaumes (Valkyr, Landerth, Magion et Fiel) auront tous droit à leur focus respectif, et si le tout manque clairement d’originalité ou de pics d’intérêts, il n’est pas non plus un frein à l’investissement. Signalons ici que Grand Kingdom n’est pas traduit en français, mais l’anglais utilisé est clairement intermédiaire : c’est largement gérable même pour des non-anglophones armés d’un simple traducteur pour les quelques mots problématiques.

Gameplay : 5/5

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Image issue du Playstation Share.

Grand Kingdom mise tout sur son système de combat, c’est une évidence dès les premières minutes de jeu. Et, heureusement, le soft est en tous points réussi à ce niveau. Comme n’importe quel T-RPG, tout part du terrain sur lequel les troupes sont déployées. Celui-ci est tout de même assez original, se présente sous la forme d’une sorte de jeu de l’oie : vous déplacez votre pion, vous avez un but, certaines cases vous réserveront de bonnes ou mauvaises surprises. Bien entendu, chaque map est l’occasion d’un objectif, et pour l’atteindre le joueur aura une limitation de mouvements. Se déplacer d’une case provoque un mouvement, devoir traverser une case tempête vous en coûtera 3, combattre sera aussi payant. Si vous n’arrivez pas à remplir la mission dans la limite imposée, c’est le game over ! Sur le terrain de jeu se trouvent aussi des trésors, des passages secrets, bref Grand Kingdom ne ménage pas les bonnes idées.

Et les joutes de ce Grand Kingdom sont à l’avenant. Quand vient le moment fatidique de la rencontre avec un pion belligérant, se met en place le fameux combat. Le jeu, dans cette situation, est un tour par tour classique dans la forme mais beaucoup moins dans le fond. Le système, peut-être un peu étonnant par son mélange de finesse et de complexité, a de quoi surprendre dans un premier temps. Tout d’abord, on dispose de nos troupes, quatre personnages (ou 3 si le joueur opte pour un Dragon Mage, un personnage si imposant qu’il prend la place de deux unités) sur trois plans. Les ennemis, idem bien entendu. Chacun de nos héros va pouvoir se déplacer et frapper en rapport avec sa jauge respective. Ainsi il va falloir très vite apprendre à utiliser les champs de bataille de Grand Kingdom à votre avantage, mais aussi réussir à bien connaître et maîtriser l’éventail d’attaques à votre disposition. Une magicienne offensive, par exemple, pourra se situer sur n’importe quel plan et ne pas risquer le corps-à-corps : son attaque de feu ne se borne pas à la ligne droite. Par contre, le lancier détient un pouvoir monstrueux, mais il faudra le mener au contact avec l’ennemi et faire attention à ne pas défoncer l’un de ses camarades qui se trouverait sur le plan d’à-côté. Car il va falloir faire attention : dans Grand Kingdom ce qui se trouve devant (ou à proximité, donc) prendra les coups, adversaires… ou allié. Si l’on ajoute des éléments de défense qui peuvent rendre les parties encore plus techniques, ou encore les pièges parfois disséminés qui n’attendent que votre passage pour se déclencher, on obtient un système de combat assez subjuguant pour nous pousser à y passer du temps, beaucoup de temps.

image ps4 grand kingdom
Image issue du Playstation Share.

Si l’on ajoute que l’intérêt est décuplé dans les missions secondaires, qui s’arrangent pour rendre le tout (beaucoup) plus difficile et (tout autant) passionnant, avec des objectifs qui vous feront cauchemarder (ah, ces points à défendre), alors on ne peut que penser se trouver là face à une pépite du genre. Seule ombre à ce tableau idyllique, les menus de Grand Kingdom ne sont pas d’une grande clarté, c’est le moins que l’on puisse dire. Il faut passer du temps, entre deux batailles, sur les équipements, les troupes à renouveler, les objets à acheter, les statistiques à étudier, et les allers-retours que provoquent cette interface n’est pas du genre à nous faciliter la tâche. Ils sont fonctionnels, aucun doute là-dessus et par ailleurs on s’y fait à la longue, mais on aurait aimé moins d’écrans au final.

Impossible de ne pas aborder le contenu online de ce Grand Kingdom, qui mise le paquet sur cet élément. Il vous sera possible de passer un contrat avec l’un des quatre royaumes, et défendre les oripeaux histoire de gagner pas mal de récompenses, mais aussi d’avoir accès aux capitales, qui proposent chacune un magasin avec pas mal d’équipements introuvables dans le solo, ou encore une place où l’on peut glaner des infos sur les quêtes à venir. Bien entendu, sur le terrain d’autres mercenaires pourront vous prêter main forte, d’une façon bien impressionnante par ailleurs, et si les interactions sont encore assez sommaires on apprécie ce petit côté social bien charmant. De quoi passer encore quelques dizaines d’heures sur ce Grand Kingdom : quand il n’y en a plus, il y en a encore…

Technique et ambiance sonore : 4/5

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Image issue du Playstation Share.

L’univers de Grand Kingdom est générique, dans son histoire ou ses personnages, mais d’un pur point de vue visuel c’est un plaisir de tous les instants. Cette 2D est un sacré plaisir des yeux : c’est bien animé, les animations sont fluides, c’est de l’excellent boulot. Par contre, les choses se gâtent un peu quand on revient en ville. Les menus étaient déjà problématiques, les fonds rajoutent au malaise : c’est clairement daté techniquement, et on ne comprend pas pourquoi les développeurs n’ont pas mieux gâté cette partie du soft. C’est dommage, même si Grand Kingdom reste un jeu qui nous ravit les pupilles, preuve que la 2D a encore de beaux jours devant elle. Du moins on l’espère…

Côté musiques de ce Grand Kingdom, les travaux de Mitsuhiro Kaneda (Metal Slug 6, Opoona, Odin Sphere) sont à la hauteur de ce que l’on peut attendre de cet artiste : c’est plein de personnalité, les instruments à vent et à cordes tiennent une grande place dans les compositions, des thèmes reconnaissables rapidement et globalement très agréables même à l’écoute hors jeu. Le doublage en japonais est évidemment une bénédiction, qui fera passer la pilule d’une absence de textes en français.

Durée de vie : 5/5

image gameplay grand kingdom
Image issue du Playstation Store.

Il vous faudra une bonne grosse vingtaine d’heure pour venir à bout du scénario principal de Grand Kingdom. Chiffre que vous pouvez quadrupler en englobant les 4 histoires secondaires, toutes aussi intéressantes par ailleurs. Et ce n’est pas fini, car le mode en ligne a les capacités pour vous faire jouer encore un nombre d’heures incalculable, histoire que vous puissiez devenir l’un des meilleurs avatars online. C’est conséquent donc, et même pour le genre T-RPG.

Note finale : 15/20

Si vous appréciez le genre du T-RPG, alors ce Grand Kingdom doit attirer toute votre attention. Pas spécialement trépidant de par son scénario, le jeu l’est totalement dans son système de combat, qui multiplie les bonnes idées et donne au soft une personnalité qui lui est propre. Bien agréable à l’œil dans les phases de combat, moins quand le joueur fait ses emplettes dans des menus lourdingues, le soft se révélera être particulièrement chronophage si vous y accrochez. Pur jeu de mécaniques, dans lequel l’histoire s’efface au profit de joutes parfois difficiles mais fascinantes ce Grand Kingdom nous a bien séduit. Pour rien vous cacher, on y retourne de ce pas…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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