[Test – Blu-Ray] Basket Case – Franck Henenlotter

Caractéristiques

  • Titre : Basket Case - Frère de sang
  • Titre original : Basket Case
  • Réalisateur(s) : Franck Henenlotter
  • Avec : Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner, Robert Vogel, Richard Pierce, Ruth Neuman
  • Editeur : Carlotta
  • Date de sortie Blu-Ray : 7 Septembre 2016
  • Date de sortie originale en salles : 1982
  • Durée : 91 minutes
  • Note : 7/10

Image : 4/5

Basket Case est ici proposé dans un master très satisfaisant, qui remplacera sans hésiter votre DVD sorti voilà quelques années. Si le format diffère un chouïa de celui d’origine (1.33:1 au lieu de 1.37:1), sans réel impact sur les compositions de plans, le travail de restauration donne à l’ensemble un niveau de détails qui dépasse les attentes. Que les amateurs de pellicules 16 millimètres se rassurent, on retrouve toujours cette substance très granuleuse, crade, qui donne au film cette personnalité si particulière.

Son : 4/5

Cette édition de Basket case propose le film en français et version originale sous-titrée. La VF en DTS-HD Master Audio 1.0 est tout ce qu’on peut attendre d’une telle piste d’époque : doublage bourré de de charme grossier, mais aussi déséquilibre de traitement des sources avec un aplatissement des musiques et des ambiances sonores. La VOSTFR, elle aussi en DTS-Hd Master Audio 1.0, est comme toujours mieux fignolée de ce côté.

Bonus : /

La bande annonce de Basket Case est le seul bonus de cette édition.

Synopsis

Fraîchement débarqué à New York, le jeune Duane Bradley s’installe dans un hôtel miteux de Manhattan. Il transporte avec lui un étrange panier en osier. À l’intérieur se trouve son frère Belial, difforme depuis la naissance. Ces anciens frères siamois ont été séparés de force à leurs douze ans. Depuis, Belial n’a qu’une idée en tête : se venger des médecins qui ont pratiqué l’opération…

image br basket case

Le film

Après une première vague très axée sur l’auto-défense, le système américain défaillant et l’action débridée (retrouvez nos test de Maniac Cop, Exterminator, Blue Jean Cop et Le Scorpion Rouge), Carlotta remet le couvert avec sa très sympathique Midnight Collection. Le principe de celle-ci est très simple : nous replonger dans l’époque des VHS-stars de la fameuse « époque vidéoclub », et ce grâce à des films évidemment bis, pour certains totalement cultes. Au menu de cette deuxième salve, nous allons voir que le fil conducteur est en fait un réalisateur, qui sera à l’honneur de l’Étrange Festival 2016 : Frank Henenlotter, dont nous allons retrouver 4 de ses meilleurs films. Au programme, Frankenhooker, Basket Case 2 et 3, et bien évidemment le premier que nous abordons ici.

Premier film, et première œuvre culte pour Frank Henenlotter ! Resituons le contexte : nous sommes en 1982, alors que le New-York de cette époque ne ressemble en rien à ce qu’il est devenu aujourd’hui. Central Park n’est, dans la décennie 1980, qu’un immense terrain vague, et surtout Time Square est une zone malfamée où prostituée et dealers font leur business à la sortie de cinémas de quartiers miteux mais à la programmation fantastique. C’est dans cette ambiance bordélique mais pleine d’énergie que le réalisateur s’est forgé un style, qu’il mettra en exercice avec un Basket Case réalisé plus qu’à l’économie (moins de 50 000 dollars) et tourné en 16 millimètres. Du cinéma fauché donc, mais quand on n’a pas de pétrole, on a les idées…

Basket Case convoque bien des sensations. Son histoire, celle d’un homme séparé de son monstrueux frère siamois aux pouvoir télépathiques qu’il trimballe dans un panier en osier, ne peut que provoquer le malaise. L’ambiance putride captée avec un talent peu commun provoque elle aussi une tonalité sordide, un goût poisseux qui nous reste sur le palais tout du long. Le jeune Duane et son colis quelque peu gênant emménagent en ville, dans un hôtel crasseux. C’est exactement ici qu’intervient aussi cette dose d’humour typique du réalisateur, notamment par le biais du gardien de cet endroit peu fréquentable, et ses rapports plus ou moins conflictuels avec les clients. L’amour est aussi au rendez-vous, et d’une manière si importante pour le récit qu’il ne fat surtout pas trop l’aborder pour ne pas risquer de spoiler. Sachez juste que l’attirance sexuelle sera source de conflits…

image basket case

Basket Case est brodé avec les moyens du bord. Le casting, amateur pour une très grande partie, s’en sort tant bien que mal, ce qui apporte aussi une sorte de décalage entre les situations parfois tendues et l’interprétation loin d’être carrée. Cela ne veut pas dire pour autant que le film est dénué d’horreur. C’est évidemment Belial, sorte de double maléfique et rabougri à l’extrême qui se charge de développer cet aspect. D’une force aussi surhumaine que grotesque à la vue de son physique incongru, cet amas de chair tabasse, défonce, découpe en deux avec un certain talent. Les effets sanguinolents se succèdent à un rythme satisfaisant, signalons d’ailleurs que Basket Case est dédié à Herschell Gordon Lewis (l’homme autoproclamé inventeur du genre « gore »), et sont parfaitement soutenus par un travail sur l’identité sonore du monstre bien senti. Ses hurlements effrayants font un sacré effet…

Basket Case a beau être formellement un pur film d’exploitation, Frank Henenlotter n’en reste pas moins un auteur aux thèmes récurrents. Ici, la famille est de nouveau abordée, et plus précisément l’acceptation de la progéniture, aussi monstrueuse soit-elle. Cela donne un flashback puissant, qui rappelle un peu ce qu’a pu imaginer Tim Burton pour le destin de son Pingouin de Batman Returns. Fils indigne car difforme et involontairement matricide, le duo dramatiquement inséparable formé par Duane et Belial provoque le rejet, puis est victime d’une séparation forcée via une opération clandestine. Cette désunion est à l’origine du pétage de plomb de cette ancienne paire repoussante mais naturelle, qui se transformera au fil du temps en désir de vengeance meurtrière envers celles et ceux qui ont divisé en deux le fils renié. Basket Case plaide la cause des laissés pour compte, même s’il ne faut pas non plus faire de l’œuvre un brulot contestataire.

Basket Case parle d’acceptation de la différence donc, aussi repoussante soit-elle. Les amateurs du travail de Henenlotter savent que l’auteur aime aussi à aborder la manipulation des esprits, particulièrement par la prise de drogues. Si ces dernières ne sont pas au programme, les rapports entre les deux frères sont de cet ordre : Belial agit directement sur son frère en communiquant par télépathie, d’une voix que l’on n’entend jamais histoire de faire passer la parole par la pure mise en scène. Puis, ce rapport évolue encore quand on se rend compte que le monstre du panier en osier peut carrément prendre le contrôle de Duane. Un don que ce dernier ne goûte que peu, et on le comprend. Basket Case prend fin d’une manière aussi cruelle que tristement inévitable, et laisse une impression étrange, faite de la multitude de perceptions avec lesquelles joue le réalisateur alors jeune d’une trentaine d’année. Un final apparemment définitif, du moins jusqu’à ce que Shapiro Glickenhaus Entertainment décide de donner suite à ce galop d’essai réussi. Mais ça, c’est une autre histoire…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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