Caractéristiques
- Titre : Les Ténèbres/ The Darkness
- Titre original : Las tinieblas
- Réalisateur(s) : Daniel Castro Zimbron
- Avec : Brontis Jodorowski, Aliocha Sotnikoff Ramos, Camila Robertson Glennie
- Genre : Thrilles
- Pays : Mexiques
- Durée : 92 minutes
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Synopsis
Dans une forêt toujours recouverte d’un brouillard dense, Gustavo maintient ses trois enfants enfermés dans le sous-sol d’une vieille cabane leur faisant croire qu’une bête féroce erre dans les profondeurs de la forêt. Marcos, le fils aîné n’est pas revenu depuis la dernière fois où il est allé chasser avec son père. Dans le but de trouver son frère, Argel découvrira les mystères et les secrets que Gustavo et la forêt cachent et décidera jusqu’où il ira pour se confronter à ce qui se cache dans la noirceur.
La critique
Film d’ouverture de l’Étrange Festival 2016, The Darkness avait le poids de cette primeur à assumer. Pour atteindre cet objectif, le réalisateur mexicain Daniel Castro Zimbron, que certains détecteurs de talents ont repéré depuis le contemplatif Tau nous propose une œuvre à la convergence de plusieurs genres, thriller psychologique à forte tendance fantastique, sans grand budget mais avec l’envie de nous remuer de l’intérieur.
The Darkness est un huis clos en pleine nature. Un exercice de style extrêmement périlleux mais qui, s’il est maîtrisé, s’avère payant comme rarement. Le metteur en scène nous fait voyager jusqu’au cœur d’une forêt sombre, dense, aux couleurs qui nous font croire que l’averse torrentielle guette à tout instant. Seul abris, une cabane dont l’atmosphère arrivera à nous faire regretter de ne pas pouvoir prendre l’air plus souvent. Quatre personnages y ont élu domicile : un père, sa petite fille aux bronches incertaines et ses deux fils. Toute la question est de savoir pourquoi ce petit monde, dont l’acceptation du destin sous-entend que la situation n’est pas nouvelle (post-apocalypse ?), n’imagine pas une autre alternative qu’une vie recluse à ce point.
La réponse ne tarde pas : un monstre rode. Et du genre qui a fini sa croissance. C’est à ce moment précis, celui de la découverte de cette donnée, que The Darkness joue son va-tout. Il faudra que le spectateur soit très attentif, car beaucoup d’indices sur ce que nous réserve sont ici dispersés par un Daniel Castro Zimbron dont la malice fait plutôt mouche. Dès cet instant, l’oeuvre ne cesse d’essayer de brouiller les pistes, voire même en met de côté sciemment, ce qui pourra peut-être un peu passer pour de la manipulation. Mais l’essentiel est là : la narration fonctionne et le récit réussi à remporter l’adhésion, et ce malgré une fin convenue si vous avez certains petits détails lors des séquences clés.
The Darkness fait preuve d’une certaine force d’évocation. On pense évidemment à cette boîte de Pandore tenue par le frère disparue, au sein du rêve d’un personnage : une référence directe à l’un des chefs-d’œuvre d’Aldrich, En Quatrième Vitesse. Autre élément, le monstre qui tourne autour de la maison est une menace qui revêt plusieurs niveaux de lectures. Évidemment, la menace physique, directe. Mais il provoque aussi une sorte d’écho au sein de ce foyer terrorisé, et le metteur en scène en profite pour opérer une analyse de la cellule familiale, un peu à charge contre le père (c’est dingue comme la figure paternelle est une cible constante depuis quelques mois) mais, dans ce cas précis, pertinente. Véritable force de tiraillement vers le bas, le personnage incarné par un Brontis Jodorowski au charisme indéniable est en fait le double de la menace extérieure.
The Darkness est un film clivant. Formellement, nous n’hésitons pas à écrire que Daniel Castro Zimbron mérite effectivement les louanges que certaines personnes bien informées nous ont remonté. Avec deux bouts de ficelles et une lumière naturelle à se damner, le réalisateur obtient des résultats plus que concluants. Le paysage sublime lui offre une ambiance exceptionnelle, faite de brouillard et de menace d’un ciel grisonnant. La caméra capte avec talent ces éléments, avec un style contemplatif qui cherche à temporiser plutôt qu’à créer une rythmique marquée. De ce fait, The Darkness pourra passablement faire grogner les (bizarroïdes) amateurs de montages épileptique.
Globalement, The Darkness constitue pour nous une découverte comme on aime en rencontrer lors de festivals. Un réalisateur qui se révèle à nos yeux, un casting entièrement à féliciter, un récit sans doute trop convenu mais qui fonctionne tout de même, formellement courageux : voilà ce qu’on appelle une bonne pioche.