Caractéristiques
- Titre : Interchange
- Réalisateur(s) : Dain Iskandar Said
- Avec : Shaheizy Sam, Nicholas Saputra, Prisia Nasution, Iedil Putra...
- Genre : Epouvante-horreur, Thriller
- Pays : Malaisie
- Durée : 103 minutes
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Synopsis
Un détective et un photographe de la police criminelle s’associent pour aider à résoudre une affaire des plus singulières : des meurtres tellement violents qu’ils déclenchent chez le photographe une série de visions cauchemardesques…
La critique
Après avoir été résumé au cinéma Japonais et Hong-kongais, le septième art asiatique est enfin traité à sa juste valeur depuis quelques années. L’Inde est évidemment le pays dont la production a le plus été remis sous les projecteurs, mais on peut aussi citer le cinéma Thaïlandais, l’Indonésien, ou encore le Malaisien. C’est ce dernier qui nous intéresse aujourd’hui, et un cinéaste en particulier : Dain Iskandar Said.
Interchange est le troisième film de ce réalisateur entouré d’une aura à l’odeur de souffre. Il faut dire que son premier film, Dukun, un polar horrifique du genre poil-à-gratter abordant la mort mystérieuse, et véridique, d’un homme politique malaisien, est toujours invisible aujourd’hui car totalement interdit par les autorités en place. Une entrée en matière fracassante donc, suivi d’un film d’action bien violent mais plus politiquement correct : Bunohan. C’est donc avec un certain entrain que l’on découvre son troisième effort, dont le pitch nous fait penser à un thriller surréaliste aux limites, voire plus, du fantastique. Sur ce point précis, on n’est pas déçu et c’est même tout le contraire : on découvre une réalisation très maîtrisée, qui met en place les personnages par le biais de situations convaincantes. La partie polar d’Interchange fonctionne sans aucun doute, son imagerie plutôt sombre nous paraît équilibrée et il règne une ambiance naturellement mystique grâce à l’intervention de ce que l’on attendait au tournant : l’élément fantastique.
Pendant un temps, Interchange est un thriller classique et efficace : on suit une enquête rondement menée, les morts ont ce côté bizarroïde (les victime sont vidées de leur sang, les veines séchées pendent du corps) qui nous interpelle. C’est alors que Dain Iskandar Said instille une dose de fantastique quasi mythologique qui, malheureusement, peut perdre le spectateur dans des dédales de détails que l’on devine purement en accord avec certaines croyances Malaisiennes. Du coup, on s’accroche tout de même car impossible de lâcher pour des raisons culturelles (on s’y refuse), et finalement… la magie opère. Pour faire simple, des oiseaux étrangement disparus refont surface, accompagnés d’un incroyable secret : ils sont capables de se muter en humain. La sorcellerie s’invite dans la danse (une constante dans le cinéma malaisien), ainsi que le thème du voyeurisme par le biais d’un personnage photographe. Sans doute qu’Interchange devient un peu trop dense pour garder une certaine fluidité, mais on ne peut que saluer l’effort en partie réussi de faire tenir le tout dans un certain équilibre.
Interchange n’est jamais plus un film fantastique, qu’un thriller ou un polar. On pourrait penser que cela lui donne une structure le cul entre trois chaises, mais ce n’est pas le cas, du moins globalement. Le film s’essouffle un peu juste avant la montée vers son point culminant, on perd un peu de vue les motivations de certains personnages au profit d’une action directe peut-être trop pressante. Mais même avec ces retenues, Interchange captive de par son énergie , son foisonnement d’idées et ses quelques références qui font plaisir (dont une immanquable à Blade Runner). Du coup, on a très envie de découvrir les travaux antérieurs de Dain Inskandar Said…