Caractéristiques
- Titre : Le secret de la chambre noire
- Réalisateur(s) : Kiyoshi Kurosawa
- Avec : Tahar Rahim, Olivier Gourmet, Constance Rousseau, Mathieu Amalric, Malik Zidi, Valérie Sibilia
- Distributeur : Condor Distribution
- Genre : Drame, Fantastique
- Pays : France, Belgique, Japon
- Durée : 131 minutes
- Date de sortie : 8 mars 2017
- Note du critique : 3/10 par 1 critique
Voilà une critique bien difficile à écrire. On ne peut pas vous le cacher, chez Culturellement Vôtre on aime beaucoup la filmographie de Kiyoshi Kurosawa. Celle-ci contient parmi les films les plus intéressants du cinéma japonais moderne, de Cure à Loft, en passant par Kaïro ou l’injustement méconnu Sweet Home (qui fut adapté en jeu, ce dernier servant de base à un certain Resident Evil), l’auteur est une pointure, non seulement pour le cinéma de genre mais aussi dans des genres plus mainstreams (le drame, avec Tokyo Sonata). C’est assez passionné que l’on a donc découvert le dernier effort en date du cinéaste, qui a l’immense particularité d’avoir été produit et tourné en France. Seulement, Le secret de la chambre noire s’avère surtout un ratage assez embarrassant.
Le secret de la chambre noire raconte l’histoire de Jean (Tahar Rahim), jeune homme qui vient d’être embauché au poste d’assistant photographe. Stéphane (Olivier Gourmet), son patron, est un photographe qui habite dans une maison imposante non loin de Paris. Alors qu’il commence sa découverte des lieux, Jean fait connaissance avec Marie (Constance Rousseau), la fille de Stéphane, dont l’apparition en longue robe bleue détonne. La jeune femme sert de modèle à son père, alors que ce dernier tente d’oublier la mort de sa femme. Alors que des événements étranges ont lieu, alors que des entrepreneurs immobiliers souhaitent ardemment racheter le terrain de la maison.
On ne va pas y aller par quatre chemins : Le secret de la chambre noire est une déception sur toute la ligne. Celles et ceux qui sont habitués à l’univers de Kiyoshi Kurosawa savent parfaitement que son cinéma sait habilement se fait lent, étire le temps comme pour mieux le modeler, et n’hésite pas à lui donner une contenance éloignée de la légèreté qui, il faut bien se l’avouer, porte atteinte à une bonne partie du cinéma de genre. Ce rythme particulier est au rendez-vous, seulement il sert une histoire bordélique, des enjeux totalement opaques et des thèmes assez médiocres, comparé à ce que le cinéaste nous a habitué.
Kiyoshi dans la colle
Pourtant, Le secret de la chambre noire débute pourtant bien, notamment avec un Kiyoshi Kurosawa qui n’a pas son pareil pour sortir de ses décors une imagerie étrange, comme marquée par le temps. La grande maison dans laquelle le film prend place offre une atmosphère pourrissante, à laquelle il ne suffit que d’une pichenette pour que la tension rapplique le bout de son nez. Et certaines séquences profitent idéalement de ce cadre, notamment dans la serre où quelques frissons se font sentir. Ce sont là les seuls effets qui nous tiennent éveillés, alors que le récit s’emmêle les pinceaux entre histoire d’amour à tendance étrange (très) vite éventé, le mystère lié au photographe veuf, et une intrigue immobilière qui confine à l’incompréhensible (ou au simplisme désarçonnant, c’est selon). Avec tout cela, le récit peut bien faire dans le mélodrame, grande spécialité du réalisateur, tout est pourtant déjà terminé.
Alors qu’on s’enfonce dans un ennui poli, car tout de même intéressé par les qualité esthétiques de la vision de Kiyoshi Kurosawa, intervient ce qui fait basculer l’œuvre dans le carrément insupportable. Nous ne nous aventurerons pas à tirer une quelconque conclusion sur les différents acteurs composant le casting de Le secret de la chambre noire, on sait à quel point la direction des comédiens peut être compliquée quand la barrière de la langue fait son effet, et ce même si la traduction était évidemment assurée sur le tournage. On ne va pas chercher à pointer du doigt l’un, ou essayer de sauver l’autre, car ils participent tous à une sensation qui traverse le film du début à la fin. Celle qui fait surement le plus de peine : Le secret de la chambre noire n’a pas la flamme habituelle des films de Kiyoshi Kurosawa. On assiste à une sorte de téléfilm même pas de luxe, un récit faussement profond mais vraiment gonflant, aux personnages aussi creux que la prestation générale. Une expérience à oublier au plus vite pour le metteur en scène japonais, et on ne s’en réjouit pas. Vous pouvez nous croire…